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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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12 août 2013

HEURTEL Sylvette / Contes déraisonnables.

Les nouvelles de l'été.

couverture Sylvette
Contes déraisonnables.*
Sylvette HEURTEL.

Note : 4 / 5.
La lecture a des raisons que la raison ignore !
Quelques contes, en plus déraisonnables, cet adjectif est un des mes préférés de la langue française. Alors laissons la raison où elle est, je passerais peut-être la récupérer quand je serai encore plus vieux. Et qu'il sera enfin temps de savoir raison garder !
Dix neuf contes....le compte est-il bon ?
"Comme dit Maman" est un texte magnifique qui prouve que les sentiments ne sont pas atteints par le nombre des années. Elle s'émancipe, Lili, elle parle à un inconnu, que va en penser sa mère ? Elle fume avec lui ? Et il lui a promis du champagne demain, à boire sur son banc pour son anniversaire ! Troubles d'adolescente ?
"Sur la langue". Il est question de crêpes et de caramel au beurre salé, de Tante Rose et des souvenirs d'enfance. Tante Rose et sa langue bien pendue...mémoire locale et terreur des enfants ! Jeunesse envolée ! Un beau texte plein de mélancolie.
"L'ourse seule". Pour qui sonne le glas, version port breton. Un soir de cuite intense, un homme entend une cloche, signe de mort prochaine, vieille croyance semble dire la voix de la raison, mais la raison parfois !
" Avant moi" ce sont les joies et les peines du monde du travail ! Et quel monde pour la nouvelle venue il y a vraiment de quoi se poser des questions ! Un superbe texte qui fait froid dans le dos.
"La liste" des reproches qu'adresse une épouse à son mari, va-t-elle rester lettre morte ? Car elle en a à dire la dame ! La pauvre, elle a dû vivre dans le luxe !
"Chocolatine" un frère et une sœur en route pour Toulouse se remémorent leur enfance, ce père tyrannique "Le Méchant Nain", leur mère malheureuse et cet autre homme, Fernand ! Pain au chocolat ou Chocolatine ! Cela dépend du lieu et de l'endroit. Un très beau texte sur des vies en partie gâchées.
"Savoir Finir". Une jeune fille, un vieux libraire passionné et passionnant, mais les affaires périclitent, alors pour Solenn voir d'autres horizons semblent plus propice.
"Passé composé", passé et avenir, mort et naissance, pour qu'une vie ne soit pas un naufrage !
Des personnages à foison, une femme qui patiente et que l'on retrouve au gré des marées et des nouvelles, Clara qui attend son mari envers et contre tous, Laure vit sa vie en pensées, mari décédé, filles au loin, est-ce bien raisonnable d'inviter cette SDF ? Mathias, un enfant dans un port, attend sa mère qui, il en est sûr, va arriver dans un bateau. Téo sur un arbre perché, promesses et menaces ne le font pas descendre, là où une belle jeune fille échoue, une femme âgée réussit. Tout ce cinéma pour cela ! Deux marins sur un bateau et la tension qui s'installe...que d'eau, que d'eau ! Des textes courts et comme dans " Contes malpolis", une très belle écriture. Ici la déraison est souvent plus touchante qu'inquiétante, mais dans " Avant moi", c'est très angoissant.
On voyage beaucoup en particulier par bateaux, quelques références littéraires, un navire nommé "Le Bel Ami" ou musicales, un récit intitulé "Le Hollandais volant".
Une autre originalité de ce puzzle littéraire, c'est la présence de Clara qui sert de lien entre différents personnages et le bar de "L'Ourse seule"(tout un poème !) parfois lieu de retrouvailles.
Extraits :
- Pire que le FBI la Maryse, avec sa permanente et son air popote, pire que les soviétiques dans le temps.
- La phrase sonne comme une menace.
- Juliette, ici, c'est la fille du château qui a épousé le pêcheur. Son amour fou avec Frédéric a blessé la famille il y a vingt ans, le mariage a achevé l'outrage.
- À gauche la rue sombre qui mène à la gare, les marches luisantes, l'édifice sans style, les vitres obscures, les silhouettes furtives. Un train toutes les heures vers l'aéroport. Son passeport dans son sac. Des avions pour toutes les villes d'Europe.
- Mon enfance s'est déroulée de chat en chat, huit se sont croisés à mesure que je grandissais.
- Un calvaire, cette procession où les riches se pavanaient en famille dans leurs plus beaux atours.
- Sur l'île, petit village au milieu de l'immensité, le mutisme et l'évitement sont gages d'amitié.
- On n'a jamais connu personne de là-bas. Le Cap Fréhel, où les monts d'Arrée, d'accord, mais Toulouse.
- La littérature ne fait plus recette, même dans les gares. Ce n'est pas une raison pour en cesser le commerce....
- Soixante-dix ans, peut-être plus. Vieux, comme tous les plus de quarante ans, mais classieux.
Éditions : Henry des Abbayes (2011).
Autre chronique de cet auteur :

Contes Malpolis.
* Illustrations d' Alain Créac'h. Très réussies dans le style épuré, la plupart aux crayons noirs, seule la couverture est légèrement colorée.

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