STERMAN Ludo / Dernier shoot pour l'enfer.

2 mai 2012

Dernier shoot pour l'enfer.
Ludo STERMAN.
Note : 4,5 / 5.
F.F.F * (Fric-Frac-Foot).
J'ai beaucoup aimé le football avant qu'il devienne une foire d'empoigne aux mercenaires et un marché brassant des sommes folles. Et ce n'est pas le quart d'heure passé le samedi 14 avril 2012 devant ma télévision pour Lyon-Marseille qui va me réconcilier avec ces jeux du cirque !
Ludo Sterman dans ce livre parle de choses qu'il connait extrêmement bien, le journalisme, il a travaillé à « L'Équipe » et il dénonce les dérives du sport business en parlant de celui qui est le plus représentatif de cet état de fait, le football.
Julian Milner est un jeune journaliste, un grand en devenir d'après la direction du journal « Le Sport ». Sa biographie d'Angel Novella, héros de la coupe du monde de 1998, est un succès. La mort de ce grand joueur est encore dans tous les esprits, alors quand un autre de ses coéquipiers, Sébastien Peyron, se suicide, l'affaire fait grand bruit. Julian dont le livre est retrouvé près du corps de la victime se lance dans une enquête pour essayer de comprendre le pourquoi de ces morts tragiques ? L'argent oui, mais pas suffisant comme motif....L’entraîneur de cette équipe, devenu ministre, chasse Julian de son bureau...Un des seconds couteaux, joueur plus obscur, désemparé, lui ouvre une autre piste....le dopage...mais un dopage généralisé comme une institution, c'était tu te dopes ou tu crèves.
Mais on ne touche pas impunément aux mythes....et encore moins à ceux qui sont l'opium du peuple....Julian va apprendre ce que le mot pression veut dire...Il faut sauver la France et l'image de son équipe de foot ! Enfin celle de 1998, car maintenant, sauver celle d'aujourd'hui est mission impossible !
Un monde pour le moins trouble, des footballeurs dont l’égo est devenu trop grand, le compte en banque trop lourd.....Entre les « Stars », caïds est le mot qui fut employé il y a peu, et les autres, le fossé financier s'est creusé...est-ce une raison pour se donner la mort ? Des personnages louches apparaissent au fil de l'enquête, un directeur financier Van Brick dont le seul travail consiste à toucher son salaire et pourquoi pas les primes, l'agent de plusieurs joueurs Grunenwald qui lui touche à tout et palpe un maximum, Ortéga, l'entraîneur récompensé par un ministère, quelques journalistes peu scrupuleux, un photographe monnayant ses photos compromettantes. Certains faits pour le moins étranges aussi éveillent l'attention de Julian, l'éviction de Renault comme sponsor au profit (pas perdu pour tout le monde) de Toyota pourquoi ? Grâce à qui et à quel prix !
Un problème récurrent du sport moderne, le dopage....qui s'il paraît être une évidence chez les autres....(bien sûr) dans d'autres disciplines (cyclisme ou athlétisme), le football semble bénéficier d'un mur d'opacité et d'une chose pas pensable ! Les footballeurs dopés....surtout les français, non pas possible. Et pourtant l'argent appelle la performance et le spectacle et tout cela peut être amélioré.....Je suis personnellement assez enclin à penser que le football ne soit pas plus « clean » que le reste du monde sportif, l'intelligence de jeu n'a plus beaucoup de raison d'être actuellement où tout est basé sur une condition physique maximum et sur la puissance. Il serait intéressant de voir le nombre de blessures dues non pas à des accidents de jeu, mais ce que l'on nomme des fractures de fatigue ! Plusieurs problèmes cardio-vasculaires : un joueur décédé en Italie jette une ombre sur les conditions d'entrainements actuelles.
Un peu d'humour (dans ce monde de brutes !) une célèbre équipe va changer de surnom
« Les Merengues » vont devenir « Les Seringués », je n'ai rien contre cette équipe qui n'est pas forcément toute blanche, mais le jeu de mots était facile. L'équipe de France vient de changer de sponsor pour les produits capillaires ; dorénavant les shampoings « Dop » seront leur fournisseur officiel !
Extraits :
- Ce livre doit être vendu aux fans qui gagnent en un an ce que Novella engrange en une demi-journée, c'est vrai.
- Désormais, on était marketing dans le choix des sujets.
- Leur vie c'est le fil du rasoir.
- Des centaines de pages à la gloire d'un escroc. Je devais être très pâle, d'un coup.
- Seul. Mort. Avec un livre à ses côtés, le mien, qui pour le coup n'avait pas dû l'aider à se sortir du monde. Ou trop, au contraire.
- Pour lui, « s'y remettre », ça voulait dire faire repartir la planche à billets.
- En 1998, pourtant ils ne l'étaient pas tous. Il y avait bien eu onze stars et onze seconds couteaux. Les poches plus ou moins pleines.
- Alors quand ils ont réussi à sortir entiers d'un centre de formation, les mecs acceptent tout. Jouer trois fois par semaine, être vendus comme du bétail, parler à la télé essoufflés, à la mi-temps du match.
- Et dire que ce type était ministre.
- La peur ?
De ne pas être retenus si les autres prenaient la même chose et que ça les rendait meilleurs que moi.
- Je pris une grande respiration, m'enfonçait dans mon siège et me mis Neil Young sur les oreilles. On the Beach . Je m'y serais bien vu, tiens, sur la plage..........
- Dans ce cas, je te donne rendez-vous à l'abattoir.
Éditions : Fayard noir (2012)
Véritable signification de ce sigle pour les non initiés : Fédération Française de Football.