O'FLAHERTY Liam / Le Martyr

Le Martyr.
Liam O’FLAHERTY.
Note : 4 / 5
Frères ennemis.
Livre écrit en 1933 (le mien date de 1935), il fait partie de ces romans où O’Flaherty, comme dans «L’âme Noire» prend des éléments de sa propre vie pour créer un personnage. Le sous titre du livre est «Roman de la guerre civile». Nous sommes en septembre 1922 à Sallytown dans le Kerry.
Les derniers républicains attendent une attaque des forces de l’Etat Libre. Le moral ou l’inconscience est au beau fixe, Crosbie leur chef est un catholique fervent, mais pas du tout un militaire. Son second Tracy est son opposé, il est socialiste et partisan de la violence, devant le manque de décision et de fermeté de son supérieur, petit à petit Tracy impose son charisme et sa puissance. Dans le village, le désarroi est grand, les gens se déchirent, se dénoncent, se reprochent tel acte ou telle parole pendant la guerre d’indépendance, là aussi la guerre civile s’est installée. Malgré les plans de Tracy, les républicains sont vaincus. Crosbie est aux mains de Tyson, chef de la brigade de répression, entre le mystique et le bourreau, le huis-clos s’engage, alors que Tracy, blessé tente de s’enfuir.
Crosbie mystique et pacifiste, il doit sa notoriété à une grève de la faim. La force et le sang le révulsent ; fait prisonnier, il se sacrifie et devient un martyr de l’église et de l’Irlande.
Tracy, homme d’action, athée et communiste, il combat pour le prolétariat, pas pour l’Irlande. Traqué dans les montagnes, il acceptera l’aide d’un ancien compagnon d’armes.
Une période on ne peut plus trouble de l’histoire irlandaise que cette guerre civile qui nous est racontée dans ce livre.

Toutes les incompréhensions et toutes les rancœurs apparaissent au grand jour. Les trahisons et les reniements, un peu de grandeur, mais surtout beaucoup de bassesse sont les composantes de ce bon roman qui, et ce n’est pas toujours le cas, n’a pas vieilli.
Une écriture «exaltée» comme la plupart des personnages. Les dialogues par la ferveur de leurs engagements d’un côté ou de l’autre, donnent de l’authenticité aux protagonistes, dans cette lutte fratricide, que Liam O’Flaherty a vécu de l’intérieur.
Signe des temps, la traduction du nom du régiment des «Blacks and Tans» en «Noirs et Bruns», alors que maintenant le nom d’origine reste.
Extraits :
- Employant généralement le gaélique des îles occidentales, il parlait l’anglais avec beaucoup de précision, mais avec un accent étranger bien marqué.
- Je suis socialiste et vous, vous combattez pour la république gaélique et catholique.
- Des blagues ! coupa Tobin. Les catholiques de L’Ulster sont sous la protection britannique, ce qui ne les empêche pas de se faire égorger dans leurs lits.
- Il n’a jamais été Sinn Feiners. C’est un mystique, un rêveur.
- En temps de guerre les nouvelles vont vite, gonflant et déformant la vérité à plaisir.
- Les meilleurs d’entre nous ne sont que des hommes.
- « Ce n’est qu’un sale papiste », pensait-il avec l’amertume de l’Orangiste.
- Il avait été prêtre parce que ses parents petits épiciers, jugeaient l’Eglise un bon métier auquel ils pouvaient pousser leurs fils.
- Sheenan comprenait ces regards : ils reflétaient la haine ancestrale du paysan irlandais pour le maître étranger.
Titre original :The Martyr.
Editions : Editions de la nouvelle revue critique.

Comments

[Eireann yvon]

Bienvenue et merci de ta visite. Pour Denis Lehane, si ma mémoire est bonne je n'ai lu que "Mystic River" et j'ai dans ma bibliothèque "Prière pour la pluie", donc je tâcherais de pallier son absence prochainement.
Yvon

[nicolas]

hello,

je rentre de dublin où j'ai passé un w.e très sympa à visiter des lieux magiques ( la bibliothèque de Trinity collège est magnifique) et à cotoyer des autochtones au grand coeur.
Etant un inconditionnel de Denis LEHANE, je m'étonne qu'il ne figure pas pami les auteurs référenciers ci-contre....sûrement un oubli

à bientôt

nicolas