CLARO / Tous les diamants du ciel.
Tous les diamants du ciel.
CLARO.
Note : 4,5/5.
Une vie, des vies ?
Je découvre cet auteur, traducteur et autres fonctions dans le monde littéraire avec ce roman qui date déjà de quelques années.
Roman en six parties, elles-mêmes divisées en plusieurs chapitres, se situant en différentes dates et endroits :
I. Dans tous les esprits (Pont-Saint-Esprit, 1951).
II. Un singe sur l’épaule (New York, 1951).
III. Les vues de l’esprit (Paris, 1969).
IV. Révolutions sidérales (La Lune, Copenhague, 1969).
V. L’injuste retour des choses (Ailleurs, 1952–1969).
VI. Entre deux feux. (Paris, Pont-Saint-Esprit, 1970).
À Pont-Saint-Esprit (Gard) en 1951, des événements dramatiques se sont produits connus sous l’appellation « L’affaire du pain maudit ».
Antoine travaille à la boulangerie Roch Briand, il prépare la pâte pour la prochaine fournée, que Roch enfournera bientôt. Un travail habituel pour ce qui semble une journée ordinaire.
Mais rien ne se passera comme prévu, le bilan sera terrible, entre cinq et sept morts, cinquante personnes seront internées en hôpital psychiatrique et environ deux cents cinquante autres auront des séquelles plus ou moins graves !
Le pain semble responsable… mais ?
Puis nous rencontrerons Lucy Diamond qui mène une vie plutôt dissolue à New York, drogue et prostitution dans le chapitre deux nommé « Un singe sur l’épaule » qui a pour préface une phrase de William S. Burroughs :
- Il me semble que les drogues sont un des éléments du pouvoir par excellence.
Un jour Lucie assiste à la mort d’un homme, mort violente, dont elle recueille les dernières paroles. Un homme mystérieux Wen Kroy, qui apparaîtra ensuite plusieurs fois dans ce roman, lui conseille de quitter les États-Unis. Direction l’Europe.
Elle croisera Antoine à Paris, où Lucie gère un des premiers sex-shops de la capitale « Les sept délices ».
Leurs aventures mutuelles ou solitaires ne sont pas finies…
Ce roman tourne autour de trois personnages principaux :
Antoine Rossignol, Lucy Diamond et Wenceslas (Wen) Kroy.
Il est aussi souvent question d’un objet inerte, une poupée gonflable !
Un livre singulier, sorte de puzzle littéraire avec un épilogue inattendu et dramatique.
Un très bon roman mais d’une lecture ardue.
Extraits :
- Trois mois plutôt, à la mi-mai 51, en fin de journée, un orage déformait tout.
- Et Lucy de devenir par le plus dépouillé des enchantements : Lucy Diamond, la fée du protest, des fleurs fanées dans ses cheveux.
- Il aimait parler, sachant que sa parole était à ses actes ce que les préliminaires se doivent d’être au coït.
- Et à chaque fois, Wen Kroy avait été là, disert, soucieux, insupportable, indispensable. À chaque fois il avait trouvé les mots, les moyens, les solutions.
- Quant à l’artifice à cent cinquante balles oublié par Antoine sur un banc du square ou dans un café tapageur, il resta, telle l’humanité en temps de guerre, introuvable.
- Les Doors s’étaient tus, et quelqu’un chantait Everybody Knows This is Nowhere, Neil Young ? Oui, c’était Neil….
- Il erre dans la rade. Découvre l’arsenal. Toulon. Pas Toulon.
- Ça s’agite pas mal à Belfast, en ce moment, il y a la scission dans l’air, le Sinn Féin est jugé trop mou, mais vous vous en fichez.
- Le feu de Pont-Saint-Esprit l’appelle, l’habite, l’aime. Feu femme, feu esprit, feu déchu, feu effroi, feu sans fin.
Éditions : Actes Sud (2012).