McKEON Darragh / Le Dimanche du Souvenir.
Le Dimanche du Souvenir.
Darragh McKEON.
Note : 4 / 5.
Histoires parallèles.
Auteur irlandais que je découvre avec ce titre, son second traduit en français.
Un homme, Simon Hanlon, fait une crise d’épilepsie dans une rue new-yorkaise. C’est sa première depuis trente ans. Il est le fils d’une protestante et d’un catholique.
Il faut chercher la cause de ce malaise à une date très précise. Le 8 novembre 1987, un attentat de l’IRA fait onze morts et soixante-treize blessés à Enniskillen au cours d’une cérémonie en hommage aux soldats britanniques décédés. Avec son père, ils étaient dans la foule.
Par hasard, il rencontre Esther, une jeune hollandaise, hébergée par ses voisins, qui était venue accoucher en Irlande en toute discrétion.
Une nuit, ils avaient campé dans une île retirée sur le fleuve. Vers le matin, Simon avait été réveillé, un homme lui avait alors conseillé de ne pas faire de bruit et d’aller se recoucher.
Nous rencontrons un autre homme, Brendan McGovern, catholique, une famille de fermiers, qui, comme beaucoup d’autres, traficotent à la frontière. Son frère, Joe, s’est engagé dans l’armée anglaise. Ils sont victimes d’exactions de la part de l’armée britannique. Lui et son père sont arrêtés, soupçonnés de trafics d’explosifs. Des analyses trouvent traces de produits agricoles uniquement, ils sont donc relâchés.
Les années passent, Brendan quitte sa famille, travaille dans un abattoir, fait la connaissance de Sarah, se marie, ils ont un garçon Malachy. Pour eux, tout semble aller bien dans une Irlande déchirée, c’est la période des grèves de la faim et des morts qui en résultent.
Joe fait sa réapparition, il explique à Brendan, que, comme ancien soldat britannique, il a, semble-t-il, été contraint de s’engager dans l’IRA pour ne pas mettre sa famille en danger.
Brendan le rejoint, et la lutte s’intensifie, la liste des morts
innocents s’allongent, Brendan monte en grade.
Son mariage bat de l’aile.
À New York, Simon explique à Esther, ce qui s’est passé la nuit où ils ont été campés, il est persuadé qu’il a, cette nuit-là, croisé les poseurs de bombes. Les remords le rongent, il regrette de ne pas avoir été à la police.
Il avait douze ans à l’époque…
Deux garçons, deux familles, deux destins opposés dans une Irlande qui vivait une période troublée.
Je dois reconnaître que j’ai eu quelques difficultés à rentrer dans ce livre, mais qu’ensuite il devient très intéressant.
Des gens ordinaires pris dans la violence d’une Histoire qui les dépasse.
Un bon moment de lecture.
Extraits :
- Nous considérons les souvenirs comme de pâles versions d’un moment particulier.
- Ainsi, en ces temps polarisés, tribaux, je me retrouvais à cheval entre les deux camps, ce qui signifiait bien sûr que je n’appartenais à aucun.
- Le musicien Neil Young décrit les choses ainsi : « Avant de glisser dans l’autre monde, on se sent tout bizarre et plein d’échos. »
- Les hérons sur le rivage étaient nos sentinelles. Quand l’un d’eux s’envolait, c’était toujours un élément important.
- À l’époque, pour nous, le sexe n’existait pas. Ni les ordinateurs.
- Quand j’essaye de deviner le visage du poseur de bombes, je vois ces hommes. Lui, visiblement, me connaissait, ou du moins voyait qui j’étais.
- On a tiré lors d’une manifestation pour la paix à Derry. L’armée a fait feu sur la foule.
- Un nom protestant. Son respect pour elle augmente d’un coup. Il n’y a pas beaucoup de protestantes qui oseraient se rendre dans un pub à Ardoyne.
- Cet endroit, son endroit, a réaffirmé son sentiment d’appartenir aux lieux, sa fidélité à son pays. À la terre de son peuple.
- Quel genre de catholique se rend dans une caserne de la R.U.C ?
Éditions : Belfond (2023).
Titre original : Remembrance Sunday (2023).
Traduit de l’anglais (Irlande) par Carine Chichereau.