CASSO Rodolphe / Le dernier jour du Tourbillon.
Le dernier jour du Tourbillon.
Rodolphe CASSO.
Note : 5 / 5.
La nuit a été chaude.
Auteur que je découvre avec ce superbe roman, plein de vie et d’humour et de chaleur !
Nous sommes dans un bistrot parisien « Le Tourbillon », endroit qui ne paye pas de mine et qui détonne plutôt dans ce quartier.
Gus, lui, détonne dans la clientèle, il vient de quitter sa compagne Nathalie, et se fait copieusement engueuler par Bertram, style colosse qui le ferait décoller s’il lui filait une baffe. Chose dont il le menace s’il le retrouve dans le quartier. Gus lui fait gentiment remarquer qu’il habite ce quartier, donc tôt ou tard cette rencontre aura lieu.
Pour ne pas passer la soirée seul, Gus décide de rester dans ce troquet.
Il est prévu un concert de jazz animé par l’ensemble « Quartet à l’Envers ».
Il fait rapidement la connaissance de Get (27) qui doit son nom à ce qu’il ne consomme que cette boisson, et toujours la même quantité, ni plus ni moins que 27.
Gus va petit à petit découvrir les clients fidèles de l’endroit, et ils ne sont pas tristes.
Car plus l’après-midi avance plus les habitués arrivent. La soirée va donc être animée et alcoolisée.
« Bolide » est en fauteuil roulant. Il a un rencard, mais il n’a pas prévenu la jeune femme de son handicap. Arrive un auteur Frédéric Van Hoff qui pense pouvoir regarder une émission littéraire dans laquelle il doit défendre sa dernière œuvre. Un peu trop de bruit à son goût dans le troquet.
Un petit dealer Sam qui a des ennuis avec Djibril, son fournisseur, le patron du bar Hocine est obligé d’intervenir avec sa batte de base-ball.
Gus essaye plusieurs fois de prendre la poudre d’escampette, mais il est chaque fois rattrapé. Il obtient un petit succès personnel en chantant avec l’orchestre de jazz.
Plusieurs agents immobiliers, qui sont pour le moins mal accueillis, tentent de négocier le rachat de cet estaminet qui dénote un peu dans l’environnement du Paris moderne.
Pendant les pauses là-bas sur le trottoir, ils ont des soucis avec l’irascible voisin du dessus, crachats, insultes et objets divers pleuvent comme à Gravelotte.
Puis arrive Bijou, belle de nuit un peu fanée qui pratique le plus vieux métier du monde.
À deux heures du matin, Hocine annonce la fermeture, Gus pense enfin pouvoir regagner son domicile.
Il ignore que les choses sérieuses commencent.
Une galerie de personnages détonants. A tout seigneur tout honneur, Gus, qui est ainsi décrit par un autre personnage Bertram qui visiblement ne le porte pas dans son cœur :
- T’es chiant, t’es pas beau, t’es prétentieux et tu donnes des leçons de vie à tout le monde alors que tu n’as jamais rien foutu de la tienne.
Et pourtant !
Des hommes et des femmes clients habituels des bars à l’ancienne, qui trompent leur solitude, entourés de copains de passage.
Des portraits sans complaisance, mais malgré tout avec beaucoup de tendresse.
C’est bien écrit, beaucoup d’humour, j’ai pris beaucoup de plaisir à cette découverte.
Extraits :
- L’intermède tabagique terminé, nos protagonistes retournent à leur place, selon un mystérieux automatisme.
- Et ce n’est pas les charlatans de la déco d’intérieur qui vont m’apprendre à servir un demi.
- À moins d’être malvoyant ou de lui tourner le dos, au moyen d’échapper à cette poitrine qui déborde par-dessus les froufrous d’un corset bleu satiné.
- Elle, avec sa jupe trapèze et son perfecto à clous, évoque une blogueuse mode revenant de la fashion week, mais pas celle de Milan, plutôt celle de Melun.
- D’abord, je ne suis pas ton frère, OK ? Moi je suis berbère, toi, t’es arabe. Historiquement, on n’a jamais pu se blairer, alors c’est pas aujourd’hui que ça va commencer.
- Ce soir, apprêté ou négligé, élégant ou décadent, juvénile ou sénile, tout le monde est fin bourré.
- Et dire que je pensais avoir affaire à Hemingway alors qu’en fait, j’ai passé la nuit avec Pinocchio !
Éditions : Aux Forges de Vulcain. (2023).