PAVEL Ota / Comment j'ai rencontré les poissons.
Comment j’ai rencontré les poissons.
Ota PAVEL.
Note : 4 / 5.
Comme un poisson dans l’eau.
Auteur que je découvre avec ce roman. Je dois, d’entrée, préciser que je ne suis pas pêcheur. J’aime beaucoup la dédicace :
- Á maman, qui avait mon papa pour mari.
Dans ce livre, l’auteur Juif Tchécoslovaque nous narre sa jeunesse et rend hommage à son père. Il est également journaliste sportif.
Il nous raconte aussi une partie de l’histoire de la Tchécoslovaquie, en particulier la période de l’occupation allemande et de la déportation de certains membres de sa famille.
Mariuz Szczygiel, auteur de la préface de cet ouvrage, le qualifie de « Le livre le plus antidépressif du monde » !
Nous faisons connaissance de la famille Popper, Leo le père, Herma la mère, les garçons Hugo, Jiri et le narrateur. Et de nombreux oncles, tantes et autres neveux !
Ouvrage en vingt-six chapitres avec une préface et un épilogue.
Chaque chapitre porte un nom, dont voici quelques exemples qui, bien entendu, se rattachent à la pêche :
- Le brochet noir. Mon premier poisson. Duel pour les brochets. Des carpes pour la Wehrmacht. Une bien petite truite. Les anguilles d’or.
Nous suivons donc l’histoire de cette famille au cours d’aventures parfois comiques, tragi-comiques ou vraiment tragiques.
Une enfance malgré tout très heureuse, un père vendeur hors-pair, la vie est belle pendant quelque temps.
Mais les idées farfelues du père, puis la guerre, l’invasion allemande, la déportation entraîneront vite la famille dans une existence précaire !
La prise de pouvoir du parti communiste ne sera qu’une péripétie peu réjouissante.
S’il est beaucoup question de pêche, le narrateur était à bonne école avec son père, personnage hâbleur, un beau parleur capable de vendre un frigidaire dans un pays où il n’y avait pas l’électricité, un peu dragueur aussi, porté sur les belles femmes, mais minable homme d’affaires. Tous ce qu’il tentait se terminait mal. Mais c’est malgré tout le personnage central de ce livre. Les autres membres de la famille sont peu évoqués, saufs un de ses oncles, Prosek, grand pêcheur également. On croise également un docteur nommé Vaclavik qui vend un étang au père de famille… mais qui se révèle être vide.
La vengeance étant un plat qui se mange froid, Monsieur Popper se vengera !
Son patron chez Electrolux est Monsieur Koralek dont l’épouse Irma ne laisse pas le père de famille de marbre.
Beaucoup trop de personnages pour pouvoir tous les énumérer.
Un bon roman très autobiographique, une belle écriture, la vie d’un enfant en Tchécoslovaquie et les retombées que peut avoir l’histoire de ce pays sur son éducation.
Extraits :
- Car il était persuadé qu’il s’y connaissait mieux en commerce que maman et toute sa parentèle de chrétiens.
- J’ignorais ce qu’était un pactole, mais ce devait être quelque chose de magnifique et de grand, parce que papa avait un sourire béat en caressant les mains de maman.
- Car mon papa en pinçait énormément pour Madame Irma.
- L’alcool inexistant nous avait rapprochés.
- Mais les visiteurs les plus fréquents avaient la gueule de bois.
- Je tambourine à la porte. Personne ne vient m’ouvrir.-Tu arrives trop tard. Ton enfance s’est envolée.-
- Après la guerre, lorsque le parti communiste devint l’une des puissances dirigeantes du pays, mon père se hâta d’y entrer.
- Près de ce portail, il avait cessé d’être un communiste pour redevenir un Juif.
- La pêche m’avait appris la patience et les souvenirs m’aidaient à survivre.
Éditions : Do (2016).
Titre original: Smrt krásných srnců (1971).
Traduit du tchéque par Barbora Faure.
Préface de Mariuz Szczygiel traduite du polonais par Margot Carlier.