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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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19 juillet 2023

PROUTEAU Marie-Hélène / La petite plage.

 

Prouteau-La-petite-plage

La petite plage.
Marie-Hélène PROUTEAU.

Note :  5/5.
Des fantômes sur la plage.

Cet ouvrage de Marie-Hélène Prouteau est une suite de courts textes dont la taille varie entre deux et six pages.
Com
me le titre l’indique, il est beaucoup question de plages bretonnes pour la plupart et qui dit plages bretonnes dit aussi, souvent, mais pas toujours, le vent !
Dans cette chronique sur ce livre, je ne pourrai évidemment pas parler de tous les textes figurant dans cet ouvrage.
Dans « Finistère portatif », l’auteur nous décrit une vieille carte du duché de Bretagne qu’elle qualifie de très belle.
« Deux ouvrières de la mer ». 
Elle nous parle d’un tableau de Gauguin, « Pêcheuses de goémon » et de la dureté de ce métier.
« Je suis une mangeuse de vent ». 
Sur la petite plage c’est la fin de la saison, un unique promeneur, la plage enfin libre.
« Paradis dans la tempête » 
concerne ici du film de Jean Grémillon, Remorques, et signale que dans la musique de ce film, figure un air breton le cantique du paradis.
« La gisante mystérieuse ». 
On retrouve les personnages de ce qui sera un autre roman de Marie-Hélène Prouteau «Marie Bernard. La songeuse de l’invisible ».
« La mer qu’on assassine » 
dont j’extrais ces quelques lignes :
- La vie sans la mer, La vie sans les vagues. La petite plage de sable blanc n’existe plus.
Quelle tristesse !
On quitte la Bretagne pour Lampedusa mais on y revient vite.
« Le dialogue des morts », très beau texte, où une femme parle de son fils Paul qui a trouvé la mort à Mulhouse en novembre 1944.
Terminons par une note joyeuse Le « rire de la mer » où il est question de Matisse avec ces quelques lignes :
- À force de voir les choses, nous ne les regardons plus.

Qui sont ces fantômes croisés sur les plages ? Souvent ceux de personnages connus, des peintres par exemple, ceux de l’école de Pont-Aven, Gauguin, Bernard, Sérusier. Et également Turner.
Des écrivains : Victor Segalen, William Faulkner ou François Cheng.
Les artistes de cinéma : Michèle Morgan, un peintre He Yifu. Un sculpteur, Roland Doré.
Parmi les anonymes, un très beau portrait de Tonton Jo, ce grand-oncle revenu de la guerre 14-18, les pieds gelés. Et la question : un enfant ne peut pas comprendre pourquoi un homme ne peut plus marcher. Harmut Weinert un capitaine de bateau allemand et ses démêlées judiciaires.

C’est, comme d’habitude dans les livres de Marie-Hélène Prouteau, très bien écrit.
J’aime beaucoup ce genre d’ouvrage avec des textes très courts, disant 
plein de choses en peu de mots.
Extraits :
- C’est mon pays de marées. Avec ses vagues au bord de l’hystérie, cette petite mer me fait dans le cœur un tatouage d’écume.
- La petite plage est la gardienne, c’est son pacte avec les oiseaux de mer et les rochers.
- Seulement la mer et ces deux femmes.
- Quand je me rends au cimetière où repose ma grand-mère, je m’arrête devant la cour de cette ferme que mes grands-parents tenaient en fermage. Je crois entendre des pleurs.
- Il me semble voir Segalen griffonner nerveusement quelque chose sur son carnet. Déchiffre-t-il l’invisible calligraphie du temps sur le granit ?
- Les poèmes sont des points de résistance. Il faut les porter haut et fort.
- Les fantômes ne s’invitent pas n’importe où, c’est bien connu.
- Née dans ce finistère, je ne peux en parler comme une visiteuse. Je le ressens vivement : c’est un pays que j’ai quitté mais qui ne me quitte pas.
- Comme ils croient en Yves Hélori de Kermartin. Un noble pas comme les autres, qui savaient le latin et le français mais parlait en breton.
- Entre l’ombre des ombres, nous sommes nés de multiples morts. C’est le don des morts.
- La petite plage, c’est la clairière des métamorphoses.
Éditions : La Part Commune (2015).
Autres titres de cet auteur sur ce blog :
Les blessures fossiles.
L’enfant des vagues.
Le cœur est une place forte.
Marie Bernard. La songeuse de l’invisible.
La Ville aux maisons qui penchent.

 

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