DELERM Philippe / Ma grand-mère avait les mêmes.
Ma grand-mère avait les mêmes *.
Philippe DELERM.
Note : 4,5 / 5.
Le sens caché de certaines expressions.
Je reconnais bien volontiers que j’aime beaucoup ce genre de littérature, faite de courts textes entre une page et deux pages et demie. Et Philippe Delerm manie très bien ce genre d’écriture.
Prenons quelques phrases usuelles souvent entendues durant notre vie.
Par exemple : « Il a refait sa vie », on ne refait pas sa vie, on la change simplement d’orientation, de partenaires ou d’habitudes.
Chez un commerçant quelconque, au moment de la pesée, « Y en a un peu plus, je laisse ? » Après mûre réflexion, on s’aperçoit que l’on dit toujours oui, laissez !
Un peu d’optimisme avec « Y a pas d’souci », le mot souci est-il dans ce cas précis le plus approprié ?.
Un peu de « C’était mieux avant » dans « Ça devrait toujours rester comme cela », à quoi cette phrase se rapporte t’elle ? La vie avant, nos enfants qui grandissent ?
« Chez nous, c’est comme ça ! », c’est le genre de phrase qui coupe court à toutes tentatives de discussions.
«Ça a été ? » demande une serveuse de restaurant à la fin du repas ! C’est à la bonne franquette !
« C’est maintenant qu’il faut en profiter », alors profitons, nous ne savons pas de quoi demain sera fait !
Quelques références littéraires dans « Qui lit encore Duhamel » ?
Il n’est pas le seul dont l’œuvre s’estompe petit à petit. Un auteur dont je ne citerai pas le nom a dit « Qui lit encore Xavier Grall ? » !
Moi Monsieur et je ne suis pas le seul !
« Quel est votre plus grand défaut ? ». Joker !
Un de mes textes favoris est « D’abord, merci de prendre ma question ». Cette phrase, nous l’entendons très souvent à la radio, quand une auditrice ou un auditeur semble connaître son quart d’heure de gloire en posant une question. En général, ça cafouille, ça bégaye, ça s’éloigne du sujet et souvent la question n’a aucun intérêt et est hors sujet.
Plein de personnages éphémères dans des situations de la vie de tous les jours ! Une mention pour une brave dame qui ne rentrera pas dans l’histoire, air revêche mais un sens de la justice sans faille.
J’aime beaucoup l’écriture très précise de Philippe Delerm, l’art de dire beaucoup de choses en très peu de mots !
Extraits :
- On peut tromper une femme, un homme. Mais qu’en est-il d’être infidèle à sa propre vie ?
- Les motivations sont différentes, cela va de soi. Mais la formule–je voulais voir ce que c’était–reste la même.
- C’est une de ces émissions radiophoniques où les auditeurs, savamment filtrés, sont censés exprimer la liberté de la voix du peuple.
- Elle est presque donnée, la phrase parfaite, mais les auteurs n’en savent rien. Ils doivent travailler sans savoir qu’ils s’approchent. C’est la note bleue des mots.
- Y a pas d’souci ! Tout baigne. Ça roule. Que de formules optimistes !
- Car les personnes qui disent ces mots ont toujours dépassé l’âge d’être de jeunes parents.
- Comment faut-il aimer en lui le temps qui passe ?
- Le tennisman est sincère quand il enfile les clichés comme des perles, il n’y a pas de tableau facile, tous les joueurs sont dangereux dans une phase finale de Roland-Garros, etc.
- Mais de toute évidence, il s’agit d’un prétexte pour éviter un rendez-vous précis.
Éditions : Points (2018).
* Les dessous affriolants des petites phrases.
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L'extase du selfie.
La vie en relief.
La tranchée d'Arenberg et autres voluptés sportives.