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19 mai 2023

TULLY Jim / Belles de nuit & Sur l'Amérique.

bellesdenuitsite

Belles de nuit.
Jim TULLY.

Note : 4/5.
Elle n’est pas toujours belle la vie !
Avant de commencer la lecture de ce livre, j’ai également lu « Sur l’Amérique, observations d’un ex-hobo », court essai dans je parlerai brièvement à la fin de cette chronique.
Ce roman qui est inédit en français a fait scandale à sa sortie, ce qui est très bien expliqué dans la remarquable préface de Thierry Beauchamp.
En prélude à ce texte se trouve une citation d’Ernest Renan, de « Prière sur l’Acropole » du livre « Souvenirs d’enfance et de jeunesse ». Que j’ai lu, me semble-t-il, il y a très longtemps.
Leora Blair est l’aînée de neuf frères et sœurs dans cette maison située au bord d’une rivière de l’Ohio. Ce n’est pas la misère complète, mais s’en est pas loin. Leora est belle, très belle, mais elle a aussi un caractère bien affirmé. Elle aime beaucoup sa cousine, Alice Stracey, un peu plus vieille qu’elle, qui habite maintenant à Chicago. La sœur de son père qui habite la même ville est connue sous le surnom de Moll La Rouge, qui tient ce que l’on nomme pudiquement « une maison close ».
Leora entretient une liaison avec le docteur Farway, puis avec un de ses confrères, le docteur Haley. Mais à la mort de sa mère, ayant obtenu de l’argent en faisant chanter ses amants et leurs femmes, elle décide de rejoindre Alice à Chicago.
Début d’une nouvelle vie, mais laquelle ?
Celle de pensionnaire de maison où passent des Messieurs plutôt fortunés ayant envie de corps plus jeunes que ceux de leurs épouses.
Mère Rosenbloom, mère maquerelle à l’ancienne, règne sur ce petit monde, l’ambiance est feutrée, les filles sont triées sur le volet, très peu de violences, sauf lors de passage de quelques maffieux.
Leora devient rapidement une de ses favorites, les pensionnaires changent souvent, car dans ce genre d’endroit, il faut renouveler le « cheptel ».
L’héroïne de ce roman est Leora Blair, qui deviendra pour des raisons professionnelles, Leora La Rue, car d’après ses collègues de travail, cela sonne français et ça fait chic.
Arrivant de la campagne, elle s’acclimate rapidement aux us et coutumes de son nouveau métier. Elle y retrouvera Alice, sa cousine.
L’autre personnage principal est Mère Rosenbloom, figure de tenancière de maisons closes à l’ancienne, très proche de ses pensionnaires, mais elle peut être aussi parfois très autoritaire.
Le juge Brandon Slaterry, un homme de pouvoir, un dénommé « Le Professeur » et le médecin de service sont les seuls personnages masculins récurrents de cette histoire.
J’ai moins aimé ce roman que les autres ouvrages de cet auteur chroniqués sur ce blog. C’est bien écrit, d’une lecture agréable, mais il manque le coté documentaire, les voyages et la vie de bohème de ses autres titres.
Un bon roman sur la condition des filles dites de « joie » dans un univers clos, mais malgré tout très feutré d’une maison réservée à une clientèle aisée.
Extraits :
- Et par pitié, Sally, ne laisse aucun homme de cette ville te changer en poulinière.
- La grosse femme fit le tour de Leora comme un acheteur avisé l’aurait fait avec un cheval.
- Même un pasteur ne prierait pas pendant cette nuit de noce.
- Fais ce que tu veux quand tu seras plus âgée, Leora, mais ne tiens jamais une maison de plaisir. On n’y trouve que des raisons de s’attrister.
- Mère Rosenbloom avait beau diriger un établissement sélect, elle appartenait à la vieille école des tenancières de bordel.
- Mère Rosenbloom était plus changeante qu’un mois d’avril.
- Elle avait la plus grande tolérance pour les aberrations sexuelles, ce qui se ressentait dans toute la maison. Aucune prostituée n’était autorisée à révéler ce qui se passait dans sa chambre.
- Ils sont capables de tout en Angleterre, commenta Doris.
Sauf de foutre la paix aux Irlandais, hoqueta Blaidor.
- J’ai l’intelligence des bars, Jack, et c’est la plus utile.
Éditions : Éditions du Sonneur (2023).
Titre original : Ladies in the Parlor (1935).
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Thierry Beauchamp qui signe également la préface.
Autres titres de cet auteur sur ce blog :
Les assoiffés.
Le boxeur.
Vagabonds de la vie.

CouvAmerique

Sur l’Amérique*
Jim TULLY.
Note : 5 / 5.
Moi seul suis resté le même. **
Après une préface signée Thierry Beauchamp, nous découvrons ce très court texte de Jim Tully d’à peine cinquante pages
Dans cet essai, il fait part de ses observations sur la société américaine de son époque, que semble-t-il, il n’apprécie pas trop.
Auteur autodidacte, ancien hobo (sorte de vagabond à la sauce américaine), ex boxeur devenu, à force de travail et de volonté, journaliste, scénariste, écrivain et romancier.
Il nous narre son existence, maintenant qu’il est devenu quelqu’un de fréquentable, et qui est encore regardé comme une bête curieuse.
Il nous raconte l’accueil qu’il reçoit quand il donne des conférences pour certaines ligues féministes…
Thierry Beauchamp termine sa préface par ces quelques lignes :
- En ce sens, on peut voir en lui un authentique précurseur de la Beat Generation, mais il fut surtout, pour citer ses propres mots, « un réaliste cynique en lutte contre le sentimentalisme » hérité de ses ancêtres irlandais.
Le moins que l’on puisse dire est que Jim Tully n’y va pas par quatre chemins, son propos est dur, et ses réflexions brutes de décoffrage !
Il nous parle d’un procès qui s’est tenu à Los Angeles où comparaissaient des travailleurs affiliés à l’IWW (Industrial Workers of The World), il y qualifie le juge de sénile.
Il nous parle aussi de littérature en citant quelques écrivains, Josiah Flynt Willard, neveu de Frances E. Willard, Walt Whitman, Jack London, Gorki, Nietzsche, Edgar Lee Masters et même Anatole France.
Une phrase en particulier qui figure sur la quatrième de couverture résume son aversion pour les classes supérieures américaines :
- « L’Amérique, contrôlée par le banquier, le juriste, le marchand et le voleur, est la nation la plus réactionnaire de la terre. »
Extraits :
- Un gamin de la route est peut-être le rejeton le plus brutal des bas-fonds de l’Amérique.
- Un homme est ce que les vents et les marées font de lui. Passé un an sur la route dans sa jeunesse marque pour toujours.
- Très tôt j’avais découvert son fameux : « ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort », qui me fut d’un secours précieux pendant mes années de formation.
- Mon goût pour la lecture me permit d’échapper à la plupart des vices meurtriers de mon milieu.
- L’ampleur du rêve démocratique de Whitman y passait au-dessus de la tête.
- L’atmosphère de l’Amérique est saturée d’auto-satisfaction.
- Je suis par nature un compteur et un poète irlandais qu’une vie difficile a transformé en hobo, en boxeur et en écrivain réaliste.
Éditions : Éditions du Sonneur (2020). La petite collection des éditions du Sonneur.
Titre original : An Ex-Hobo Looks at América. (1927)
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Thierry Beauchamp qui signe également la préface.
* Observations d’un ex-hobo.
** Phrase du livre.
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