KUNDERA Milan / L'ignorance.

L’ignorance.
Milan KUNDERA.
Note : 4 / 5.
Retour d’exil.
Ai-je déjà lu Milan Kundera dans ma lointaine jeunesse ? La réponse reste en suspens.
La question que pose ce roman est celle d’un retour d’exil, dans un pays qui a énormément changé en l’espace de quelques décennies.
Quitter la Tchécoslovaquie communiste au moment du Printemps de Prague, suite à l’invasion russe, y revenir des années plus tard et retrouver un pays profondément changé, devenu capitaliste et libéral et s’étant séparé de la Slovaquie.
Irena est face à un dilemme. Tchécoslovaque, elle vit depuis très longtemps en France. Veuve de Martin son mari venant lui aussi de Tchécoslovaquie, son nouveau compagnon, Gustaf. Celui-ci lui annonce que sa société va ouvrir un bureau à Prague et qu’il va y travailler.
Pour Irena, c’est « Le Grand Retour ». Qui ne sera pas très facile. Le monde a changé…
Une jeune fille est amoureuse, premier chagrin, puis elle rencontre un autre garçon…
Irena rencontre un homme dans un aéroport, se connaissent-t’ils ?
Chacun revient dans son pays de naissance, leurs yeux se croisent et ils échangent leurs numéros de téléphone.
Se reverront-ils ?
Deux personnages principaux, une femme Irena, un homme Josef, une ville Prague et un pays la Tchéquie.
Irena et Josef ont tous les deux quitté la Tchécoslovaquie, après les événements d’août 1968. Irena s’est installée en France avec son mari Martin. Il est décédé et elle vit avec un suédois Gustaf.
Josef réside depuis lors au Danemark. Il est veuf et désire revoir ce qui lui reste de famille.
Pourquoi tous les deux décident de revenir en Tchécoslovaquie qui entre-temps est devenue la Tchéquie ?
L’auteur compare à plusieurs reprises ses deux personnages à Ulysse qui lui aussi revient dans son pays pour y retrouver ses racines.
Beaucoup de retours en arrière dans ce livre, écrit en français, mais édité pour la première fois en Espagne.
Milan Kundera pose la question du temps, le temps passé, les souvenirs souvent trompeurs. L’avenir, que nous réserve-t’il ? Le passé peut-il être dans notre avenir ?Une personne de notre jeunesse peut-elle resurgir dans notre vie présente ?
Un bon roman, mais qui malgré tout me laisse une impression de mitigée car d’une lecture pas très facile.
J’ai prévu malgré tout de relire Milan Kundera.
Extraits :

- Rien de comparable à la vie de la pauvre émigrée qu’avait été Irena pendant longtemps.
- En 1918, après plusieurs siècles, ils obtinrent leur État indépendant et, en 1938, le perdirent.
- Les dictateurs sont périssables, la Russie est éternelle.
- Martin, son mari, faisait les mêmes rêves. Tous les matins il se racontait l’horreur de leur retour au pays natal.
- Le rêve d’émigration : l’un des phénomènes les plus étranges de la seconde moitié du XXe siècle.
- Il s’était dit qu’il n’avait qu’une seule vie et qu’il voulait la vivre ailleurs.
- Et surtout, à l’étranger, Joseph est tombé amoureux et l’amour, c’est l’exaltation du temps présent.
- Son Grand Retour se révéla bien curieux : dans les rues, entourée de Tchèques, le souffle d’une familiarité d’antan la caressait et, un instant, la rendait heureuse ; puis, rentrer à la maison, elle devenait une étrangère qui se taisait.
- Jamais il n’avait ressenti pour elle une compassion aussi douloureuse, aussi torturante, que lorsqu’elle était morte.
- Les Tchèques aimaient leur patrie non parce qu’elle était glorieuse mais parce qu’elle était inconnue ; non parce qu’elle était grande mais parce qu’elle était petite et sans cesse en péril.
Éditions : Gallimard (2003).
Autre titre de cet auteur sur ce blog.
Risibles amours. 

Comments

[Niki]

Un beau sujet - je n’ai jamais lu Kundera, une de mes lacunes 😉