2 mars 2023
CADOU René-Guy / La maison d'été.
La maison d’été. *
René-Guy CADOU.
Note : 4, 5 / 5.
Faubourg ou campagne ? Folie ou sagesse ?
Seul roman de ce très grand poète malheureusement disparu beaucoup trop tôt à 31 ans !
J’ai connu ses textes il y a très longtemps à l’écoute d’un disque « Hommage à René Guy Cadou » que Gilles Servat lui a consacré,
(si quelqu’un de passage pouvait m’en faire une copie, il aurait toute ma reconnaissance car ce 33 tours est introuvable).
Gilles, orphelin, vit dans la banlieue d’une grande ville et est de retour dans sa campagne natale. Il y retrouve Amélie qu’il a connu quand il était enfant. Elle l’accueille à bras ouverts.
Gilles décide de travailler dans une ferme avoisinante, et découvre la vie des paysans. Son employeur, Frangeul, est un homme qui porte les séquelles de la guerre, il a fait Verdun, vu et vécu les horreurs de cette bataille. Il boit pour chasser sa peur.
Un jour de repas dans la ferme, Frangeul a cette phrase énigmatique pour Gilles :
- Tu sais, tu ne seras pas le premier !
Cette phrase concerne Bertine, la fille unique de la ferme qui a une réputation de femme volage.
La vie continue, Gilles tente de ne plus penser à Bertine, il retourne voir Amélie, fait son travail à la ferme, prépare les vendanges et l’ouverture de la chasse.
Il revoit Bertine, ils ont rendez-vous un dimanche au bal…
Malgré les avertissements de Frangeul, et qui malgré tout, semble le pousser dans les bras de Bertine, Gille entame une relation avec elle. Il éprouve des sentiments contradictoires, désir charnel quasiment bestial et profonde répulsion pour sa faiblesse vis-à-vis de cette femme.
Alors, la seule solution pour lui… le retour à Paris ! Où il rencontrera Agna, une jeune fille sage et rangée !
Le personnage principal, Gilles mène une vie misérable en banlieue parisienne, à la campagne il ne se sent plus chez lui, et il y a Bertine et ses sentiments à son égard. Alors, sa décision : la fuite.
Bertine découvre le sentiment d’être amoureuse avec Gilles après avoir fait l’amour physique avec de nombreux hommes de son voisinage. Son destin est hélas pour elle, déjà tracé.
Une très belle écriture, poétique très agréable, pour un récit que la quatrième de couverture dit qu’il a des accents autobiographiques.
Une découverte qui m’incite à poursuivre la lecture de l’œuvre de René Guy Cadou.
Extraits :
- Parce que celui qui vient après les autres n’est jamais le premier.
- Veux-tu que je te dise le Gilles : cette fille-là, elle me fait peur. Moi je suis pour le petit feu, la braise, tu vois ça, hein, la braise, mais cette fille-là c’est l’enfer.
- Et par moments aussi, contre mon gré, c’est à Bertine que je pense.
- J’ai su parler des bêtes, des récoltes et des femmes de façon à intéresser chacun. J’ai pu regarder Bertine sans avoir envie de passer une nuit avec elle.
- Je mesure sa bouche, je la mords, je m’attache à ses dents, ma langue poursuit la sienne, sa salive coule sur mon menton. D’ici, on entend la musique du bal musette.
- Parce que tu ne m’aimeras jamais Bertine, et parce que si je restais plus longtemps, je n’aurais pas la force de ne plus t’aimer.
Si l’on établissait une véritable hiérarchie humaine, je ne parle pas de celles que la naissance et l’argent se sont reconnues le droit d’autoriser, notre place serait en bas des marches.
- Et puis surtout, Gilles, tu avais besoin de croire qu’elle ne t’aimait pas.
René-Guy CADOU.
Note : 4, 5 / 5.
Faubourg ou campagne ? Folie ou sagesse ?
Seul roman de ce très grand poète malheureusement disparu beaucoup trop tôt à 31 ans !
J’ai connu ses textes il y a très longtemps à l’écoute d’un disque « Hommage à René Guy Cadou » que Gilles Servat lui a consacré,
(si quelqu’un de passage pouvait m’en faire une copie, il aurait toute ma reconnaissance car ce 33 tours est introuvable).
Gilles, orphelin, vit dans la banlieue d’une grande ville et est de retour dans sa campagne natale. Il y retrouve Amélie qu’il a connu quand il était enfant. Elle l’accueille à bras ouverts.
Gilles décide de travailler dans une ferme avoisinante, et découvre la vie des paysans. Son employeur, Frangeul, est un homme qui porte les séquelles de la guerre, il a fait Verdun, vu et vécu les horreurs de cette bataille. Il boit pour chasser sa peur.
Un jour de repas dans la ferme, Frangeul a cette phrase énigmatique pour Gilles :
- Tu sais, tu ne seras pas le premier !
Cette phrase concerne Bertine, la fille unique de la ferme qui a une réputation de femme volage.
La vie continue, Gilles tente de ne plus penser à Bertine, il retourne voir Amélie, fait son travail à la ferme, prépare les vendanges et l’ouverture de la chasse.
Il revoit Bertine, ils ont rendez-vous un dimanche au bal…
Malgré les avertissements de Frangeul, et qui malgré tout, semble le pousser dans les bras de Bertine, Gille entame une relation avec elle. Il éprouve des sentiments contradictoires, désir charnel quasiment bestial et profonde répulsion pour sa faiblesse vis-à-vis de cette femme.
Alors, la seule solution pour lui… le retour à Paris ! Où il rencontrera Agna, une jeune fille sage et rangée !
Le personnage principal, Gilles mène une vie misérable en banlieue parisienne, à la campagne il ne se sent plus chez lui, et il y a Bertine et ses sentiments à son égard. Alors, sa décision : la fuite.
Bertine découvre le sentiment d’être amoureuse avec Gilles après avoir fait l’amour physique avec de nombreux hommes de son voisinage. Son destin est hélas pour elle, déjà tracé.
Une très belle écriture, poétique très agréable, pour un récit que la quatrième de couverture dit qu’il a des accents autobiographiques.
Une découverte qui m’incite à poursuivre la lecture de l’œuvre de René Guy Cadou.
Extraits :
- Parce que celui qui vient après les autres n’est jamais le premier.
- Veux-tu que je te dise le Gilles : cette fille-là, elle me fait peur. Moi je suis pour le petit feu, la braise, tu vois ça, hein, la braise, mais cette fille-là c’est l’enfer.
- Et par moments aussi, contre mon gré, c’est à Bertine que je pense.
- J’ai su parler des bêtes, des récoltes et des femmes de façon à intéresser chacun. J’ai pu regarder Bertine sans avoir envie de passer une nuit avec elle.
- Je mesure sa bouche, je la mords, je m’attache à ses dents, ma langue poursuit la sienne, sa salive coule sur mon menton. D’ici, on entend la musique du bal musette.
- Parce que tu ne m’aimeras jamais Bertine, et parce que si je restais plus longtemps, je n’aurais pas la force de ne plus t’aimer.
Si l’on établissait une véritable hiérarchie humaine, je ne parle pas de celles que la naissance et l’argent se sont reconnues le droit d’autoriser, notre place serait en bas des marches.
- Et puis surtout, Gilles, tu avais besoin de croire qu’elle ne t’aimait pas.
Éditions : Le Castor Astral (2020).
*. Préface de Philippe Delerm. Postface de Michel Manoll. Repères biographiques par Christian Moncelet.
*. Préface de Philippe Delerm. Postface de Michel Manoll. Repères biographiques par Christian Moncelet.
AUTOMNE
Odeur des pluies de mon enfance
Derniers soleils de la saison !
A sept ans comme il faisait bon
Après d’ennuyeuses vacances,
Se retrouver dans sa maison !
La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées,
Sentait l’encre, le bois, la craie
Et ces merveilleuses poussières
Amassées par tout un été.
O temps charmant des brumes douces,
Des gibiers, des longs vols d’oiseaux,
Le vent souffle sous le préau,
Mais je tiens entre paume et pouce
Une rouge pomme à couteau.
René-Guy CADOU.
Liberté couleur des feuilles
Liberté la belle joue
Jeune fille qui dénoue
Tes cheveux blonds sur le seuil.
Flamme neige épaule nue
Arc-en-ciel de la rosée
Haut visage pavoisé
De cent regards inconnus
Oiseau la plume légère
Seins jaillis odeur de pain
Blanche vague de la main
A tâtons dans la lumière
La plus pauvre du village
La plus belle sous les coups
Toi qui fais chanter les fous
Et qui fais pleurer les sages
Liberté je t’ai nommée
Pour que nous vivions ensemble
Tu me vêts et tu ressembles
Au portrait de mon amie.
René-Guy CADOU.
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