Le CLEAC'H Jean-Luc / L'hiver, saison de l'esprit.
L’hiver, saison de l’esprit.
Jean-Luc Le CLEAC’H.
Note : 4,5 / 5.
Plaidoyer pour les mois noirs.
Avant de commencer cette chronique, je tiens à remercier les éditions de « La Part Commune », maison d’éditions basée à Rennes que je croisais très souvent dans les nombreux salons littéraires de Bretagne. J’aime aussi beaucoup la présentation de leurs ouvrages.
Les mois noirs sont les noms de certains mois de l’hiver en breton :
Du (noir) et Kerzu (très noir).
Je découvre Jean-Luc Le Cleac’h avec ce récit. Grand voyageur, l’essentiel de son œuvre est paru aux éditions de la Part Commune.
L’auteur nous parle ainsi du titre de ce livre :
- « L’hiver, la saison de l’esprit », c’est chez Xavier Grall que j’ai trouvé cette formule me semble-t-il. Malgré mes recherches je ne suis pas parvenu à retrouver la citation exacte ni l’œuvre dont elle est tirée. Je suis persuadé qu’un lecteur me le dira tôt ou tard…
Désolé, j’ai beaucoup lu Xavier Grall, mais je ne serai pas ce lecteur qui trouvera d’où cette citation est tirée !
Quelques titres de chapitres :
- L’hiver : du temps pour soi… et pour les autres. Lumières d’hiver. Lectures d’hiver. L’imaginaire du thé : l’éternité du présent. La neige, fantasme de l’hiver au breton.
Certains de ces titres de chapitres sont très explicites, il est aussi question des nourritures de l’hiver, et aussi ce qui est beaucoup moins évident de l’érotisme de l’hiver !
Ce récit tente, avec beaucoup de succès, de réhabiliter cette saison qui est souvent la plus mal aimée du calendrier.
Et pourtant, par exemple comme le dit l’auteur, se promener dans la ville close de Concarneau et être pratiquement le seul et prendre le temps de regarder l’architecture. Marcher le long d’une plage bretonne vide de touristes, ou dans certaines villes de Pologne dans le froid. Il y a évidemment peu de personnages entre ces lignes. C’est une sorte de monologue intérieur, d’un homme parlant d’une saison à qui il trouve malgré tout certaines qualités.
Il est énormément question d’art dans cet ouvrage, beaucoup d’écrivains, quelques peintres, des musiciens classiques entre autres.
Une très belle écriture pour décrire des petits détails de la vie ordinaire d’un hiver en Bretagne, mais qui pourrait se situer ailleurs. Les plaisirs dont parle l’auteur ici, sont des petits moments de plaisir que chacun peut aisément se procurer.
Une bonne tasse de thé, un bon livre, un bon disque en fond sonore ! Que demander de plus.
Extraits :
- … J’aime une large marge à ma vie, comme le dit dans une formule qu’on lui envie secrètement, Henry David Thoreau, dans Walden ou la vie dans les bois.
- L’hiver, ce n’est pas le retrait du monde dans le sens d’un repli sur soi.
- Il est des parfums calmes dont les senteurs nous apaisent ; l’odeur du feu de bois est de cela.
- C’est l’hiver et c’est la nuit. Sur le port il fait froid ; une sensation accentuée par le vent et l’humidité.
- Bien que je lise autant en été qu’en hiver, dans mon esprit la lecture est associée à la période hivernale.
- Je monte dans la bibliothèque comme d’autres descendent dans la cave, en prévision de passer une bonne soirée.
- Alors que le café est associé à la précipitation, le thé, lui, relève d’un registre opposé.
- … La voix d’Alfred Deller dans le célèbre Ô Solitude de Purcell, évoque sans désemparer la fine buée qui monte de la tasse en volupté légère et rejoint le ciel.
- … me dis-je, dans une sorte de pensée réflexe, un peu dédaigneuse, comme les Bretons de bord de mer peuvent en avoir vis-à-vis des pêcheurs du dimanche.
Éditions : La Part Commune (2021).