SIÉBERT Christophe / Valentina.

Valentina.
Christophe SIÉBERT.
Note : 4,5 / 5.
Le club des cinq enquêtes à Mertvecgorod.
Auteur que je découvre avec ce roman (qui n’est pas son coup d’essai) complètement « déjanté » comme on dit maintenant !
Roman en deux parties, un prologue et un épilogue se déroulant entre le 18 janvier 2000, quelques retours en arrière remontant le temps jusqu’au 3 janvier 2000 pour le terminer le 18 janvier 2000.
Nous somme en l’an de peu de grâce 2000 à Mertvecgorod, qui semble être une peu charmante bourgade de la République indépendante de Mertvecgorod (et sa seule grande ville, en réalité).
Plantons donc le décor, une ville de misère de plus de 7 millions d’habitants, divisée en deux parties par ce que l’on nomme la Zona, qui est, et je cite l’auteur :
- …un immense territoire de douze milles hectares constitué de décharges légales ou sauvages, de bidonvilles et d’usines de traitement des déchets.
Voyons maintenant du côté des personnages :
Klara Bogdanova Dobrynine « Meksi », Nil Maximovitch Fokine « Laska », Anzor Doudaïev « Sbord », Stepan Ivanovitch Alpakov « General » et Daria Federovna Emki « Kreditka ». Ils sont tous nés entre 1983 et 1986. Sbord est un sans papier d’origine tchétchène.
Cette jeunesse n’a pas grand avenir, la misère est omniprésente, alors l’alcool et la drogue tentent de masquer un mal être profond. La musique pour rêver et l’école parce que c’est obligatoire. Pour le reste, ce sont les amis, les flirts et parfois des relations sexuelles.
Un jour, un évènement va changer le cours de leurs vies, surtout celle de Klara, le trépas de Valentina, le vieux travesti qui fut leur voisin. Surtout que ce ne fût pas une mort naturelle, mais un crime.
Et ce meurtre ne va pas les laisser indifférents, surtout Klara qui va en profiter pour visiter l’appartement du défunt et découvrir un mode qui lui était inconnu et impensable !
Un décor de rêve, un grand lit, des draps de satin, des objets sexuels, des robes de prix, bref tout ce qui transforme un appartement en lupanar !
Elle trouve aussi des albums de photos et dans ceux-ci des clichés montrant Valentina jeune et elle se souvient que celle-ci lui donnait des bonbons quand elle était enfant…
Tomas, un policier dont elle fut un court moment la maîtresse et qui veut renouer avec elle, la harcèle et lui dit que l’on a trouvé ses empreintes chez Valentina.
Il lui dit également que l’on connaît l’identité de son assassin.
Que va faire Klara ?
Une sorte d’Orange mécanique à la limite du pays soviet, la musique ici n’est pas de Ludwig Van, mais des airs de pop et de punk russe des années 1980-90 !
Un livre original, parfois dérangeant, mais très prenant et intéressant.
De longs poèmes viennent parfois se mêler à la narration.
On trouve en fin d’ouvrage un glossaire qui permet de comprendre certains des mots trouvés aux fils des mots :
- Bereg, Kvartal, Narkoman ou Rajon.
Une Play-liste musicale clôt ce livre !
Extraits :
- Face à ces enfants sauvages, ces hooligans de moins de quinze ans prêts à leur ouvrir à la gorge pour une parole de travers, ce sont les adultes qui regardent leurs chaussures, changent de trottoir, filent doux.
- Rien à foutre. Ils sont vivants, c’est tout ce qui compte. Ils sont vivants, samedi prochain il y aura sans doute une teuf quelque part, rien d’autre n’a d’importance.
- Les radiateurs sont poussés à fond, même selon les critères actuels. Ça encourage les clients à picoler.
- L’autre pute, elle m’a pas montré sa chatte.
- Sur le brancard, protégée par un drap jaune pisse déjà taché de sang, une forme humaine. Le spectacle se termine, tout le monde remonte à bord des véhicules, démarre, s’éloigne.
- Les larmes coulent sur ses joues, elle ne les essuie pas, les laisse couler, elle lui rappelle que les morts ne pleurent pas les vivants, que les morts ne pleurent pas du tout.
- Le reste des albums offre une balade unique à travers l’homosexualité underground en URSS.
Éditions : Au Diable Vauvert (2023).
Illustrations de Clo Porte.