PROUTEAU Marie-Hélène /La Ville aux maisons qui penchent.
La ville aux maisons qui penchent. *
Marie-Hélène PROUTEAU.
Note : 4, 5 / 5.
Balade nantaise.
Court ouvrage concernant la ville de Nantes où Marie-Hélène Prouteau réside.
De courts textes pour parler de différents lieux de la ville où se trouve, et il faut s’en souvenir, le château d’Anne de Bretagne.
La découverte de Nantes dans le premier chapitre « Éveil » :
- Une ville ? Nous ignorons ce que c’est à notre arrivée à Nantes, nous, les trois enfants. C’est un monde absolument inconnu.
Voir la ville de haut du 32e étage de la Tour Bretagne, humains réduits à des points se déplaçant lentement.
Dans le chapitre nommé :
- Liste de l’étrange dans la ville.
Marie-Hélène Prouteau nous fait découvrir des lieux ou des personnages qu’elle qualifie à juste raison d’étranges.
Quelles sont ces maisons qui penchent ? Les hôtels négriers du Quai de la Fosse, qui penchent, mais ne tombent pas. On découvre la papeterie Radigois fondée en 1852, La Compagnie des Marionnettes de Nantes, qui reste en mémoire de tous les enfants nantais. Le village de pêcheurs de Trentemoult, etc…
Un livre rouge dans une vitrine « Passage » en est le titre, le nom de l’auteur Karel Pecka, écrivain tchèque, rencontré par Marie-Hélène Prouteau lors d’un voyage à Prague.
Un peu de poésie quand celle-ci descend dans la rue, durant la création collective d’une Maison de la poésie de Nantes, un square Elisa Mercœur, native de Nantes. Un autre écrivain, Michèle Chaillou, un peu oublié aujourd’hui.
Surtout ne pas oublier la Loire, ville d’eau sans être tout à fait maritime, il est aussi question d’un magnolia au Jardin des Plantes de la ville…
Des personnages ordinaires, méconnus comme cette dame :
Madame Keravec, quatre fils tués à la guerre de 1914-1918.
Souvenir de Maximilien Siffait, architecte amateur qui fit construire pour son épouse une construction énigmatique « Les Folies Siffait ».
Il est beaucoup question de littérature et des arts dans ce livre, avec les noms de quelques écrivains, Victor Hugo bien sûr, H.D Thoreau, Perros, Prévert avec une mention spéciale et personnelle pour le poète et éditeur malheureusement disparu. Yves Landrein rencontré dans plusieurs salons du livre dans différentes villes de Bretagne, Carhaix en particulier.
Elle nous parle aussi du très grand peintre britannique Turner qui a visité, dessiné et peint Nantes, ainsi que d’un autre peintre Alain Thomas dont une fresque Le Toucan est visible rue Fanny Peccot. Référence également au graveur Rodolphe Bresdin, artiste méconnu.
Ne pas oublier les machineries magiques de Royal de luxe, qui font, elles aussi, la renommée de la ville.
Une très belle écriture pour une ville où j’ai vécu un an, mais qui, semble-t-il, a beaucoup changé.
Tout le contraire d’un guide touristique, mais une lecture très intéressante.
Un très beau titre pour un des chapitres :
- Et les rêves prendront leurs revanches.
Extraits :
- On se croirait devant l’aquarelle de William Turner, Nantes Cathédrale et Château.
- Il vente comme au sommet d’un phare. Un de ces moments qui font une trouée dans le quotidien.
- On aperçoit de minuscules points, les habitants. Des lilliputiens dont les princes sont ces géants mus par de savantes machineries.
- Entre ciel et terre, Nantes respire à la bonne hauteur, elle a vocation de patience.
- Il y a du Henry Thoreau chez ce peintre ami des fleurs et des espèces menacées. Mais son Walden est un jardin des tropiques aux couleurs exubérantes.
- La musique est dans les rues, il faut la préserver, c’est le ferment qui permet à chacun de rester debout.
- Un regard à la salle du rez-de-chaussée et l’émotion est là, dans le souvenir de la rencontre avec Yves Landrein.
- Qu’y a-t-il dans le cœur d’un écrivain empêché de publier ? C’est comme un pianiste à qui on coupe les mains.
- Un décor de théâtre abandonné dont aurait disparu la pièce maîtresse, les ateliers fantômes.
Éditions : La chambre d’échos ( 2017).
* Suites nantaises.
Autres titres de cet auteur sur ce blog :
Les blessures fossiles.
L’enfant des vagues.
Le cœur est une place forte.
Marie Bernard. La songeuse de l’invisible.