KUNDERA Milan / La lenteur.
La lenteur.
Milan KUNDERA.
Note : 3,5 / 5.
Prendre son temps…
Ayant vu, sur une chaîne franco-allemande, un reportage sur la ville de Prague où il était question de l’écrivain tchèque Milan Kundera, j’ai eu envie de découvrir son œuvre. Débuter par « L’insoutenable légèreté de l’être » m’a paru un peu prétentieux. Alors je vais commencer lentement avec ce livre qui, me semble-t-il, a été écrit en français.
Un homme en voiture remarque que l’automobiliste qui le suit n’aspire qu’à une chose : le doubler !
Un séjour avec son épouse, Véra dans un château transformé en hôtel de luxe.
Il pense à un ancien texte galant de Vivant Denon, texte que nous retrouverons également plus tard.
L’auteur parle aussi du célèbre roman « Les liaisons dangereuses » de Choderlos de Laclos.
Nous rencontrons également plusieurs membres d’un groupe de soi-disant amis qui se sont nommés « Les danseurs » que visiblement Kundera ne porte pas dans son cœur. Parmi eux, un intellectuel nommé Berck qui est prêt à tout pour que l’on parle de lui, se couvrant souvent de ridicule, un député Duberques, Poitevin, chef spirituel et Vincent toujours aux ordres.
Berck retrouve une de ses anciennes amies de classe dénommée Immaculata qui est folle amoureuse de lui…
Après de nombreuses péripéties, nous retrouvons tout ce beau monde sur les bords d’une piscine intérieure… situation qui donnera lieu à des scènes aussi étranges que baroques, copulation réussie ou non, fausse noyade, et réconciliation sur l’oreiller.
Puis surgissant du néant, nous retrouvons le chevalier qui a toujours l’odeur de sa nuit d’amour avec Madame T…
Et Vincent, lui, quitte la scène Grosjean comme devant…
Beaucoup de personnages secondaires dans ce récit baroque ! En particulier un savant tchèque qui a été radié de l’université suite au Printemps de Prague et qui, de ce fait, a travaillé vingt ans dans le bâtiment ! Ses muscles lui serviront dans le bain final !
Son membre sexuel a droit à la parole, expliquant sa petitesse !
C’est bien écrit, mais pas vraiment facile à lire. Est-ce un roman, une fiction, un essai ? Kundera mélange, à mon goût, beaucoup de choses et de personnages fictifs ou réels ?
Une œuvre qui laisse un sentiment mitigé, sorte de puzzle littéraire où différentes situations et idées se croisent et s’entrecroisent !
Il est difficile pour un auteur Tchécoslovaque de ne pas évoquer le Printemps de Prague et l’invasion russe du 20 et 21 août 1968.
Extraits :
- Le chauffeur attend l’occasion pour me doubler ; il guette ce moment comme un rapace guette un moineau.
- Pourquoi le plaisir de la lenteur a-t-il disparu ? Ah, où sont-ils, les flâneurs d’antan ?
- C’est la raison pour laquelle je tiens Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos pour l’un des plus grands romans de tous les temps.
- Pour occuper la scène il faut repousser les autres.
- La conversation n’est pas un remplissage du temps, au contraire c’est elle qui organise le temps, qui le gouverne et qui impose ses lois qu’il faut respecter.
- Nous sommes prêts à tout trahir. Mais pour ces signes, nous nous battrons jusqu’à la dernière goutte de notre sang.
- Non, la fierté n’abandonnera jamais la mélancolie du savant tchèque.
- Dommage pour lui, car elle est charmante, très charmante, Julie.
- Le dialogue qui suit fera enfin comprendre au chevalier à quoi il doit son aventure : il fallait détourner l’attention du mari vers un faux amant et c’est à lui qu’a incombé ce rôle. Pas un beau rôle, un rôle plutôt ridicule, concède le Marquis en riant.
Éditions : Gallimard (1995). Folio pour l’édition de poche.
Autre titre sur ce blog :
Risibles amours.
La plaisanterie.
L'ignorance.