CÉLINE Louis-Ferdinand / Casse-pipe*
Casse-pipe *
Louis-Ferdinand CÉLINE.
Note : 4 / 5.
Les gaietés de l’escadron.
Livre très court, idéal, je pense, pour tenter de reprendre l’œuvre de Louis-Ferdinand Céline. Vaste question.
Il est beaucoup question dans l’actualité de Louis Ferdinand Céline. avec la parution de quelques textes non édités, ont remis cet auteur au goût du jour. ?Avec l’éternelle question doit-on lire (ou dans mon cas relire) Céline ? Doit-on également séparer l’homme de l’œuvre ?
Je laisse la réponse à des gens plus érudits que moi.
J’ai de vagues souvenirs de la lecture de Louis Ferdinand Céline, il y a très, très, longtemps, je pense en effet avoir lu « Mort à crédit » et certainement « Voyage au bout de la nuit ».
Je suis personnellement un grand amateur des écrivains de la « Beat generation » et très souvent ceux-ci portent Céline aux nus, comme Jack Kerouac par exemple.
L’engagé Rancotte qui sera le narrateur de cette histoire se présente sur le lieu de son affectation ! Il est accueilli, on ne peut pas dire chaleureusement, par le brigadier Le Meheu, et ces mots :
- Qu’il entre ce con-là !
Bienvenue dans l’enfer de la guerre et dans une tranchée, pas forcément meilleure mais peut-être pas pire que les autres !
Une des premières choses qui saute, non pas aux yeux, mais au nez, c’est l’odeur de tous ces corps à l’hygiène douteuse entassés les uns sur les autres !
Puis vient le constat terrifiant de la stupidité de la guerre et des ordres ou contres ordres donnés qui coûte des vies humaines.
Un mot de passe dont personne ne semble se souvenir, les sentinelles et autres hommes de garde que l’on oublie de relever, les embuscades, le mauvais vin dont s’abreuvent certains !
Beaucoup de personnages, dont énormément sont Bretons ! Tous de pauvres hommes jetés dans cette guerre absurde, qui se transforme en une vaste boucherie en plein air. Les officiers dont certains ont des noms à rallonge n’apparaissent qu’à la fin.
« Carnet du cuirassier Destouches » est une suite de notes prises sur le vif !
Une écriture déroutante, très loin du classicisme de l’époque. Un réalisme qui peut parfois être choquant, la guerre dans toute son horreur.
Une lecture qui fut loin d’être facile, et je me pose la question : vais-je continuer de lire Louis Ferdinand Céline ?
Extraits :
- … des hommes, humanité pâteuse aux noms bretons, aux grosses moustaches, dont les sabres résonnent contre les pavés : les Bretons sont petits et les sabres sont grands. (Extrait de la préface).
- Ça vous tournait les poumons à ne pas terminer son souffle.
- Les hommes tout autour ils reniflent… ils sont là, en tas, comme des bêtes… ils attendent l’orage…
- Vous avez compris ? Fixe ! Repos ! Garde-à-vous ! Talons joints ! Talons joints ! La tête dégagée des épaules ! Là ! Fixe !
- Ils se renfonçaient dans leurs manteaux, arqués sur leurs carabines. Comme une troupe de bêtes au piquet, sous la cataracte, les bourrasques…
- Avec mon raglan, je me tenais mince, dissimulé entre deux autres, des Bretons, Le Keromer et Bonzellec, des colosses…
- On n’osait pas encore bouger, enfouis dans le pétrin, figés par les crampes, entravés dans les panoplies, repliés en quatre, en huit dans le fond de la mouscaille…
- Ce qui frappait le plus dans cette carrée, c’était l’odeur forte, à pas croire, à défaillir, le rat crevé, l’œuf pourri, la vieille urine.
- J’étais le seul de Paris, les autres ils venaient du Finistère, peut-être deux, trois des Côtes-du-Nord.
Éditions : Gallimard (1952). Puis 1970 pour l’édition augmentée du « Carnet du cuirassier Destouche ».
Folio pour l'édition de poche.
* Suivi du Carnet du cuirassier Destouches.