PROUTEAU Marie-Hélène / Madeleine Bernard. La songeuse de l'invisible.
Madeleine Bernard.
La Songeuse de l’invisible.
Marie-Hélène PROUTEAU.
Note : 5/ 5.
Beauté éphémère !
Qui était Madeleine Bernard ? Elle naît à Lille 1871, déménagera plusieurs fois et décédera le 20 novembre 1895. Marie-Hélène Prouteau nous narre la courte mais intense vie de cette belle jeune fille qui fut le modèle de plusieurs grands noms d’ artistes de l’époque ! Elle était la sœur du peintre Émile Bernard et par le biais de celui-ci, elle a connu un grand nombre de ses amis.
Le frère et la sœur Bernard ont une vocation artistique qui se découvre très tôt, lui le dessin et la peinture, elle la musique et le piano. Ils sont également très complices.
Émile, allergique à toute forme d’autorité, est renvoyé de l’atelier où il suivait les cours de peinture. Il décide de quitter sa famille et Paris. Direction la Bretagne, Saint-Briac plus précisément.
La Bretagne qui marquera pour longtemps le destin de nombreux peintres.
Madeleine le rejoint plus tard, à Pont-Aven, haut-lieu de la peinture de l’époque avec ce qui deviendra l’École de Pont-Aven et la célèbre pension Gloanec fréquentée par des peintres venant de toute l’Europe. Madeleine servira de modèle à plusieurs d’entre eux, Gauguin en particulier. Portrait qui sert de (très belle) couverture à ce livre.
Hélas, l’aventure de Pont-Aven se termine, Madeleine rentre à Paris, Gauguin part à Arles retrouver Van Gogh que la folie guette.
Une époque se termine et Madeleine n’a plus que quelques années, qui seront bien remplies à vivre…
Beaucoup de personnages, la famille Bernard, famille plutôt modeste, Émile, le frère rebelle dans l’âme depuis son plus jeune âge, qui fera une belle carrière de peintre avant-gardiste. Les grands parents adorés, le père affolé par les décisions de ses enfants, la mère qui perdra la raison.
Parmi les personnages de ce roman, beaucoup sont célèbres pour ne pas dire très célèbres.
Des « rapins* » rencontrés en particulier à Pont Aven, qui ne le resteront pas, Gauguin qui sera amoureux d’elle. Elle rencontrera par l’intermédiaire de son frère qui était un de ses amis, Vincent Van Gogh. Et bien d’autres comme Odilon Redon.
Plus tard sa route croisera celle de l’aventurière d’origine russe Isabelle Eberhardt.
Un ouvrage très bien écrit qui a, je pense, nécessité beaucoup de recherches, d’ailleurs on trouve à la fin de ce livre une très importante bibliographie et une table des matières.
Chaque chapitre commence par des extraits de la correspondance entre Madeleine et Émile, de Paul Gauguin à Madeleine ou d’Émile à sa mère.
Extraits :
- Aux yeux de Madeleine, ce que fait Émile, c’est beau. Beau comme un ordre donné aux rêves.
- Voilà Émile plongé dans la bohème, se dit Madeleine, qui a eu le droit à quelques confidences. Plongée dans le tourbillon de la nuit de Montmartre.
- Il rapporte plein de toiles de Saint-Briac, de Pont-Aven.
- C’est l’atelier-royaume d’Émile. Pour Madeleine aussi, le centre de gravité des jours se déplace.
- Madeleine, Pont-Aven, c’est demain.
- Quelle fierté quand Gauguin a emporté ces Bretonnes à la prairie à Arles pour le montrer à Vincent !
- Avec Gauguin, c’est toujours compliqué. Madeleine, ayant appris qu’il était désespéré et seul au Pouldu, lui a adressé une lettre à l’auberge de Marie Henry.
- La mer ici ne vaut pas celle de Bretagne, écrit-elle.
- Incroyable, la boulimie de livres en tout genre d’Isabelle et de sa famille.
Éditions : Hermann éditions (2021).
Autres titres de cette autrice sur ce blog :
Les blessures fossiles.
L’enfant des vagues.
Le cœur est une place forte.
* Peintre bohème qui semble dénué de talent.