JAOUEN Hervé / Retour à ma nature.
Retour à ma nature.
Hervé JAOUEN.
Note : 4,5 / 5.
Récits d’une époque révolue.
Dans ce récit, Hervé Jaouen nous raconte sa vie et surtout sa passion pour la pêche et la chasse.
Et aussi ce qui nous réunit tous les deux : cette passion commune pour l’Irlande.
Trois longues parties dans ce livre :
- « Enfance quimpéroise d’un pêcheur à la ligne ».
- « Pêche à la mouche dans le Finistère ».
- « La gloire de mes chiens ».
En exergue de la deuxième partie de ce livre « Pêche à la mouche dans le Finistère », une phrase d’Henry David Thoreau tirée de son ouvrage « Walden ou la vie dans les bois » :
- A certaines époques de notre vie nous avons coutume de regarder tout endroit comme le site possible d’une maison.
Il nous raconte ses débuts de pêcheur sur le quai de Quimper, dans l’Odet, avec Jacot son compère de l’époque. Il nous narre ses premières prises, ou alors une truite monstrueuse, les ventes dans certains restaurants de Quimper.
Et puis, la passion entraîne un changement de matériel, et tout ça se paye.
Puis vient le temps de la pêche à la mouche, dans les rivières du Finistère, plaisir bucolique dans une nature encore assez sauvage.
Après différents genres de pêche, Hervé Jaouen se laisse convaincre par quelques amis de tenter sa chance à la chasse.
Comme dit le proverbe, semble-t-il un peu mensonger, « Tout bon chasseur doit savoir chasser sans son chien », un bon chien est un atout précieux pour un chasseur. Son choix est primordial, et très souvent une relation particulière s’installe entre l’homme et la bête.
Il nous explique aussi son goût pour la cuisine, quitte à avoir du bon poisson et une très bonne volaille, autant les cuisiner avec tout le respect que ces mets méritent ! En particulier « les truites à la Giono ». L’art et la manière de relier la gastronomie à la littérature.
Il nous parle également et brièvement de la difficile cohabitation actuelle entre les chasseurs et les promeneurs ou autres publics fréquentant les bois. Avec cette question toujours en suspens :
- A qui appartient « la nature » ?
Car je pense que, comme moi, le commun des mortels n’est guère au courant de toutes les lois qui régissent les bois et les forêts.
N’ayant jamais chassé, mais ayant il y a très longtemps aidé un de mes oncles marin-pêcheur, j’ai eu beaucoup de mal avec tous les détails techniques et aussi de faire la différence entre la pêche classique, la pêche à la mouche ou autre !
Je crois aussi et je sais qu’Hervé en fait partie, il y a des chasseurs respectueux des autres et de la nature.
Beaucoup de personnages et d’amis dans ce récit.
Il est bien aussi question de littérature, Vautrin, Thoreau, Wilde, Max Jacob, ou Georges Perec.
Il mentionne également quelques-uns de ses romans « Histoire d’ombre », qui est une histoire se déroulant dans le milieu de la pêche,
ou de « La mariée rouge » un de ses tous premiers romans.
Toujours une très belle écriture et encore et toujours, mots en breton pour des expressions de la vie ordinaire.
Extraits :
- Lui faire défection était impensable. D’une gentillesse impitoyable, il nous l’aurait reproché jusqu’à la fin du séjour.
- Magnanime à l’égard des défauts de son prochain, il démentait par un silence souverain l’aphorisme d’Oscar Wilde selon lequel il n’y a rien de plus ennuyeux que les gens qui ne disent jamais du mal des autres.
- Et comme les personnages du livre de Georges Perec, Les Choses, nous étions « fiers d’avoir payé quelque chose moins cher, de l’avoir eu pour rien, pour presque rien ».
- « La seule échappatoire, m’avait dit un jour Yves Boisset, assis à la même place que le jeune homme, c’est d’être plus cynique que les cyniques. »
- Ils sont déterminés à laisser aux perdreaux la chance de se reproduire. Sage décision, mais vaine précaution, car le machinisme et les pesticides les extermineront.
- Banquier à mi-temps et romancier à plein temps, je déjeunais en tête-à-tête avec moi-même trois jours par semaine et ma maman se demandait si je me nourrissais convenablement.
- Ce serait l’occasion d’une balade, en faisant étape au café librairie L’Autre Rive du Huelgoat.
Éditions : Les Presses de la Cité (Terres de France) (2022).