SEPÚLVEDA Luis & MORDZINSKI Daniel / Dernières nouvelles du Sud.
Dernières nouvelles du Sud.
Luis SEPÚLVEDA *
Daniel MORDZINSKI**
Note : 4,5 / 5.
Quand un auteur, mondialement connu, et un photographe de ses connaissances, décident de partir ensemble à la découverte du sud de la Patagonie. Voyage hors des sentiers battus, partir pour le plaisir et rencontrer les gens, qui continuent malgré tout d’habiter ces terres par certains côtés oubliés des dieux, mais hélas pas de l’argent roi !
Titres des chapitres :
À propos de ce livre. Sur la route. Anaya Enea. Le cœur de ma mémoire. El Tano. Histoires de poivrots. La dame aux miracles. Le Shérif. Le dernier voyage du Patagonia Express. El Duende. Le cinéma du bout du monde.
« À propos de ce livre » nous explique le pourquoi du comment de cet ouvrage.
« Sur la route », titre à la Kerouac, mais pour commencer un voyage, il y a obligatoirement un départ.
« Histoires de poivrots » nous parle d’un Apolinaro J. Lucero, un parfait crétin d’après l’auteur qui fut chargé par le gouvernement de distribuer, les terres volées aux Mapuches.
« Le Shérif ». Qui est le dénommé Martín Sheffields dit « Le Shérif », une sale bête diront certains ? Mais beaucoup de légendes courent sur lui ! Alors où est la vérité ?
« El Duende ». (Le lutin). Il est petit, porté sur la boisson et parle une langue que personne ne comprend. Certains pensent que c’est du gaélique irlandais. Mais que ferait ici un lutin irlandais alcoolique ?
« Le cinéma du bout du monde ». Un Allemand et un Croate ont créé le cinéma du bout du monde et ont tourné, malgré les difficultés, quelques films, documentaires ou fictions.
Il est aussi question de littérature, en particulier d’un dénommé Osvaldo Soriano.
Sepúlveda rend hommage aux peuples dit « autochtones » en voie de disparition.
Des personnages venant d’horizons différents mais tous installés pour plus ou moins longtemps dans cette région. Parmi les plus connus, fuyant la loi américaine, Butch Cassidy et Sundance Kid. Venant également des USA un descendant de Davy Crockett, qui raconte volontiers l’histoire des ses ancêtres.
Un Italien comme son nom l’indique « El Tano » qui cherche un violon dans ces contrées désertiques.
Une institutrice allemande qui a compris un jour qu’elle avait entre les jambes de quoi gagner très bien sa vie. Et qui finit propriétaire terrienne.
Une galerie de gens âgés, plein de sagesse mais aussi de méfiance. Une grand-mère dont les ancêtres venaient du pays basque, une autre vivant seule dans une maison perdue, mais qu’elle refuse de vendre.
Un mot sur les magnifiques photos de ce livre, toutes en noir et blanc, mais d’une force rare. Les portraits de ces hommes et femmes sont tout simplement grandioses, et les paysages, même sans la photo, le sont tout autant.
Que dire des textes, ils sont beaux et justes. Le tout est un hommage à des lieux et des personnages, hors normes, criant de vérité. La vie est dure, mais c’est la leur et elle mérite d’être vécue tout autant que la nôtre, dans notre société de consommation effrénée. Mais combien d’entre nous seraient capables de vivre parmi eux ?
Extraits :
- Sa langue basque, jamais oubliée, était pleine de mots magiques comme anaya enea, « le lieu où se réunissent les frères ». C'est ce que Buenos Aires représente pour moi.
- On aime Buenos Aires ou on la déteste, il n'y a pas de moyen terme.
- Avec ou sans nuages, le ciel patagon semble toujours bas, il cesse d'être l'immense voûte céleste des autres latitudes écrase le voyageur.
- Il fallait tuer cent chulengos*** pour permettre à une vieille richarde de se mettre sur le dos ces fines peaux patagones .
- L'intérieur de la maison avait la sobriété qui est l'apanage de la vie solitaire.
- Les morts, ça complique les choses. Même l'homme le plus inoffensif du monde, dès qu'il est mort, peut compliquer la vie à plus d'un.
- Il existe un avant et un après quand on a mangé un asado****au milieu des gauchos les plus authentiques, de ceux qui considèrent le travail non pas comme une malédiction biblique mais comme la façon la plus digne d'être sur terre.
- La Patagonie et la Terre de Feu ont toujours été considérées comme des territoires susceptibles d'être spoliés impunément.
Éditions : Métailié (2012). Points Aventures pour l’édition de poche.
Titre original : Última Noticia del Sur (2011).
Traduit de l’espagnol (Chili) par Bertille Hausberg.
* Textes.
** Photos.
*** Bébés guanacos.
**** Sorte de barbecue géant.