GAIGNAULT Fabrice / Vies et mort de Vince Taylor.
Vies et mort de Vince Taylor.
Fabrice GAIGNAULT.
Note : 4,5 / 5.
Vince Taylor is dead !
Avant les disques, CD et tout cela, nous écoutions de bons vieux 45 tours sur des appareils ancestraux qui avaient pour noms électrophones ! Et cela marchait, avec le recul bien sûr, on se dit que nous n’étions pas difficiles sur la qualité du son !
Une de mes meilleures amies de ces années-là était une fan de Vince Taylor, moi de Johnny Hallyday ! Je n'en suis pas très fier aujourd'hui. Avec l'âge, je me dis que ce Vince Taylor était trop en avance sur son temps ! Honnêtement, à part se rouler par terre tout de cuir vêtu, je n'ai plus aucun souvenir de lui musicalement, à part peut-être une reprise d’un standard de Gene Vincent. Il faut dire que sa carrière fut aussi fulgurante qu’éphémère !
Contrairement à ce que beaucoup de gens pensaient à l’époque, et moi le premier, Vince Taylor n’était pas américain, mais anglais, de son vrai nom Brian Maurice Holden né le 14 juillet 1939 dans la banlieue nord de Londres !
Il fut à l’époque présenté comme le grand rival de Johnny Hallyday. Celui-ci venait de quitter «Vogue », sa maison de disques, pour « Phillips ».
Eddy Barclay croyant flairer la bonne affaire l’engage et lance la guerre
commerciale. Mais Vince Taylor ne chante qu’en anglais, son look « Ange noir du rock », sa tenue de scène tout en cuir noir, se roulant par terre, et surtout la violence de ses premiers concerts en France freinent beaucoup de municipalités qui refusent de l’accueillir. Il a à cette époque un fan club féminin, des jeunes filles prêtes à tout, à offrir leurs corps, mais ignorant qu’en contre partie la violence de l’homme se
retourne très souvent contre elles. Elles sont rouées de coups…
La carrière de Vince Taylor au sommet de la chanson ne durera pas très longtemps.
La drogue et l’alcool ont eu raison de son corps et de sa raison. Il maigrit, perd ses dents et se prend pour Dieu.
Toutes les tentatives pour relancer sa carrière se solderont par des échecs, passer de l’Olympia à une vulgaire salle de spectacle de Trifouillis-les-Oies, ou dans un quelconque bled du trou du cul de la campagnes française. Tenter d’interpréter des chansons dont il ne se rappelle plus les paroles, devant un public souvent aussi ou même plus ivre que lui. Se posant la question : « C’est le vrai Vince Taylor ? «
Les tentatives d’enregistrements de nouveaux disques sont pitoyables, sa carrière est finie.
Même l’histoire de la fin de la vie de cet homme sera sordide. Il s’est marié sur le tard avec une suissesse. Après le décès de Vince, elle fit appel à des fans pour ériger un monument funéraire. Les archives du chanteur contre le paiement du mausolée…
Mais le monument a disparu, revendu par la veuve à un marbrier du coin.
Grandeur et décadence.
Beaucoup de narrateurs ayant bien connu Vince Taylor racontent avec plein de pudeur les relations qu’ils ont eu avec le chanteur, mais aussi l’homme. Une kyrielle de chanteurs de rock de cette époque, certains mondialement connus, d’autres ayant hélas pour eux sombré dans un oubli abyssal ! Et ce n’est pas toujours uniquement une question de valeur.
Vince Taylor connut, malgré tout, très bien des artistes comme John Lennon ou David Bowie qui s’en inspira pour créer le personnage de Ziggy Stardust.
Un livre qui me replonge dans ma jeunesse très lointaine, qui me fait repenser (toute proportion gardée) à ma récente lecture de « Apathy for the Devil » de Nick Kent.
C’est bien écrit et très bien documenté !
À découvrir !
Extraits :
- Les Français découvrent Vince Taylor. Le chanteur, lui, a découvert qu'il pouvait être enfin « le démon du rock ». « L'Ange noir du rock ». « Le roi du rock. »
- Vince était devenu le Hun gominé que chaque commune redoutait d'accueillir, et refusait de plus en plus souvent de recevoir.
- Pirate à catogan illuminé, il voulait désormais prendre à l'abordage aucune salle de concert, aucune femme, aucune capitale.
- Peu à peu, il se sent libre, dans l'impossibilité de l'être. Un matin il est pris d'une crise épouvantable.
- La voix de Vince était extraordinaire. Lennon était comme un petit garçon admiratif.
- À cette époque, il ne buvait plus. Il était dans la merde, et vivait dans une chambre de bonne. Il avait parfois des éclairs de génie sur le rock 'n'roll .
- J'essayais de l'inciter à arrêter de boire, il suffisait qu'il y ait une bouteille et quelques filles et il devenait incontrôlable.
Éditions : Fayard (2014)