ALBECKER Marie-Fleur / Ni seuls, ni ensemble.
Ni seuls, ni ensemble.
Marie-Fleur ALBECKER.
Note : 4,5 / 5.
Après la passion...
Autrice que je découvre avec ce roman très actuel. La vie moderne avec ses travers, ses bassesses et ses compromissions !
Louise qui se sent seule aimerait rencontrer l’âme sœur. Sa meilleure amie, plus politisée, l’emmène à un meeting du « Parti centraliste ».
Karim est un militant de ce parti ; ambitieux, il rêve de devenir, pourquoi pas, ministre. Pour lui descendant d’une famille marocaine, ce serait une belle revanche.
Ils vont se rencontrer et s’aimer. Comme pratiquement tous les couples, ils vont devoir franchir pas mal d’étapes. Sauf que pour eux les obstacles sont plus nombreux. La famille de Louise est très riche et vieille France, mais pas raciste pour un sou.
La famille de Karim, qui est né en France, habite en banlieue, son père était maçon. Il n’est pas religieux, mais sa sœur porte le voile. Il essaye de faire oublier ses origines tout en ne les reniant pas. Grand écart, pas toujours facile.
Un autre sujet de désaccord entre les gens jeunes. La place prise par la politique dans la vie de Karim. Pour les élections européennes, il est envoyé dans le Grand Est. Arabe et Parisien, il tente de s‘implanter...travaille au détriment de sa vie amoureuse. Pour se retrouver en position de non éligible.
Louise fait contre mauvaise fortune bon cœur, le couple va cahin-caha. Chacun fait faire la connaissance de l’autre à sa propre famille. Temps des compromissions et des regards en coin. Les préparatifs du mariage sont longs, surtout que Karim, comme beaucoup d’autres, vient de tomber sous le charme de Sauveur Génial, qui vient de créer un nouveau parti politique « Modernité » et qui débauche tous azimuts et annonce qu’il va se présenter à l’élection présidentielle !
Qu’il va gagner… et Karim sera, non pas ministre, mais secrétaire d’état !
Et il va découvrir les dessous peu reluisants du monde politique… et la pauvre Louise va elle aussi avoir son lot de drames !
Deux personnages, Louise et Karim, et une multitudes d’autres voix, la société qui détruit pas mal de choses et la politique qui achève ce qui reste !
Karim apprendra plusieurs choses à ses dépends : "Les promesses n'engagent que ceux qui y croient" et il est assez naïf pour croire aux promesses de Sauveur Génial.
Il apprendra également à avaler des couleuvres. Mais dans une interview un peu ancienne, le " Garde des Sots ", faute d’orthographe volontaire, parle lui de manger des chapeaux !
Sauveur Génial dont nous devinons vite qui il est, le nom d’emprunt est très bien trouvé. Il est, je le reconnais volontiers tout ce que je déteste, prétentieux, arrogant et arriviste.
C’est gentiment féroce, politiquement incorrect (ce qui n’est pas pour me déplaire), lucide et très bien observé. Malgré toute la bonne volonté des deux jeunes amoureux, les différences culturelles et l’environnement auront-ils finalement raison de leur passion ?
Un bon moment de lecture.
Je repense à une phrase que l’on trouvait avant au début d’un certain nombre de romans :
- Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé ne serait que fortuite.
Ce n’est pas vraiment le cas ici, bien au contraire !
Un peu d’humour avec une citation du grand Oscar Wilde sur le mariage :
- « Quelque grief qu'on ait contre le mariage, on ne saurait lui refuser d'être une expérience. ».
Oscar Wilde.
Extraits :
- Après, d'un point de vue social, on n'a pas la même origine (c'est le cas de le dire), et Karim est un exemple remarquable de réussite de l'École Républicaine…
- La fin du trajet se fit en silence ; la famille avait envahi leur dialogue.
- On serine toujours que Rimbaud vient d'ici : gnagnagna, Rimbaud vient d'ici, ouais, et on comprend vite pourquoi il n'a eu de cesse d'en partir.
- Il faut réfléchir, il faut réfléchir à tout en politique. Quoi qu'il arrive, je serai toujours meilleur que Bernard Tapie.
- Cependant, certains impondérables reviennent toujours vous frapper en pleine face : et l'argent ? Il faudra bien payer un jour.
- C'est alors que Karim est vraiment entré en campagne.
- … elle découvrait son mépris de classe sur des vidéos où il parle de « fainéants », « d’illettrés », de « gens de peu ».
- Karim, tais-toi. Je vais te buter.
- Il y avait plein de bruits sur des « visiteurs du soir » du genre banquiers, mais aussi metteurs en scène ou rappeurs.
Éditions : Aux Forges de Vulcain (2021).