CURTIS Rye / Kingdomtide.
Kingdomtide.
Rye CURTIS.
Note : 4,5 / 5.
Promenons-nous dans les bois…
Premier roman de cet auteur américain que nous découvrons donc. Reste à comprendre le mystère du titre !
Nous somme vingt ans après… Cloris Waldrip raconte.
Elle avait soixante-douze ans, elle était la seule rescapée d’un accident d’avion qui a coûté la vie à son époux et au pilote de l’appareil. Le couple partait en vacances. Elle est donc maintenant seule dans les montagnes de Bitterroot, au fin fond du Montana, ses chances de survie sont quasiment nulles.
Debra Lewis est ranger, elle participe aux recherches, mais il y a aussi la disparition d’une petite fille et la probable présence du mystérieux « Embrasseur de l’Arizona ». Elle reçoit du renfort en la personne de Bloor qui arrive accompagné de sa fille Jill.
Cloris de son côté doit assumer seule sa survie… enfin pas tout à fait seule. Elle trouve parfois un feu et de la nourriture qui semble avoir été préparée pour elle. Elle finit par croiser cet homme qui porte un masque pour cacher son visage et lui indique le chemin à suivre et lui laisse quelques provisions.
Debra Lewis qui est divorcée se débat aussi avec ses problèmes d’alcoolisme et sa consommation excessive de vin. Les autorités ont retrouvé l’avion, mais seulement deux corps, les deux hommes, qu’est devenue la femme ? Lewis est persuadée qu’elle est encore vivante et n’abandonne pas les recherches.
Cloris marche et repense à sa vie, elle se souvient de son époux, homme adorable mais qu’elle a trompé naguère. Elle songe au suicide et affronte une nature hostile. Elle recueille un chevreau orphelin qu’elle baptise Erasme.
Lecteurs, nous passons d’une femme à l’autre, chacune avec ses soucis, l’une luttant pour la vie, l’autre se battant contre son alcoolisme et ses problèmes sentimentaux.
Les principaux personnages de ce roman sont féminins, Cloris Waldrip qui narre sa propre épopée bien longtemps après les faits.
La ranger Debra Lewis, accro au merlot qu’elle dissimule dans une bouteille thermos, qui part à la recherche de Cloris. Elle est quasiment la seule à la croire en vie.
Beaucoup d’autres personnages, Jill une jeune fille un peu rebelle comme le sont tous les jeunes de son âge. Les personnages masculins sont plus effacés, les autres rangers font leur boulot, l’homme masqué cache pour un temps son secret, mais il finit par monter son visage et sans son aide, Cloris n’aurait pas survécu.
Une très belle couverture, pleine de couleurs.
Un roman baroque, étrange mais plein d’humour en particulier dans les descriptions que fait l’héroïne de certaines des autres membres de son église ! Hymne à la nature, au courage et aux femmes !
Une découverte.
Extraits :
- Et je pense que c'est grâce à la femme, que l'Homme évita l’extinction.
- Les hommes ne chassent pas poussés par la faim, mais par l'ennui. Ceci dit, j'imagine que les hommes font beaucoup de choses que la nature a cessé d'exiger d'eux.
- La plupart du temps, je n'ai pas la moindre idée de ce que je fabrique.
- La plupart des femmes se servent d'un homme juste pour se sentir bien vis-à-vis du fait qu'elles vieillissent.
- Avez-vous déjà remarqué, vous, qu'on ne peut pas être intime avec soi-même, dit Lewis, et encore moins avec quelqu'un d'autre ?
- Boire du gin à la bouteille est un exercice auquel je crois qu'il faut être beaucoup entraîné avant que l'on puisse y voir une quelconque grâce.
- Dans la vie du choix n'est jamais fait sans qu'il entraîne une fin irrévocable.
- Avec le temps, je crois qu'elle a aussi cessé de faire la différence entre une eau de toilette et de l'urine de chat.
Éditions : Gallmeister/ Fiction.
Titre original : Kingdomtide (2020).
Traduit de l’américain par Jacques Mailhos.