FANTE John / Mon chien Stupide.

5 novembre 2020

Mon chien Stupide.
John FANTE.
Note : 4 / 5.
Non, Stupide n’est pas bête !
Découverte ou redécouverte de John Fante, je pencherai pour la deuxième hypothèse.
Le personnage principal, celui qui est sensé être le chef de famille, est Henry J. Mollis. Chef de famille, c’est beaucoup dire, il est marié à Harriet, prototype de la WASP (White Anglo Saxon Protestant) alors que lui est d’origine italienne et catholique. Il travaille comme scénariste à Hollywood et habite au bord de la mer.
Une existence idéale, semble-t-il, sauf qu’il a quatre enfants et on ne peut pas dire qu’ils lui rendent la vie facile, bien au contraire.
Harriet n’est pas non plus une épouse facile. Lui a un rêve, aller à Rome et vivre là-bas.
Un soir dans son jardin, il découvre un chien, non pas un chien, le chien.
Espèce de monstre, de poids et de poils, il ressemble à un akita japonais ! Surtout il n’est pas décidé à bouger, il a adopté la maison en attendant d’être adopté, si affinité par la famille. Cette espèce de croisement entre un éléphant et un mammouth a, entre autre particularité, une forte tendance à être en érection.
Alors la vie de cette famille, déjà compliquée, va devenir un cirque pas possible, le monstre a ses admirateurs mais aussi ses (nombreux) détracteurs. Et pas seulement dans la famille. En effet quand Stupide sort, les autres chiens du quartier ont intérêt à faire profil bas.
Pas forcément un couple bien assorti ; lui scénariste, pas réellement une pointure, il aimerait faire mieux mais surtout il rêve d’Italie. Il est catholique.
Elle est plutôt pas marrante, limite pas vivable, d’ailleurs elle est partie plusieurs fois. Ses enfants ne sont bons que pour être critiqués.
Et ce chien est un sujet de désaccord supplémentaire.
Dominic est amoureux de toutes les femmes de couleur qu’il croise, au grand dam d’Harriet, sa mère, qui n’est pas raciste, mais...
Tina est fiancée à un ancien soldat qui pratique le surf… en espérant trouver du travail ! En espérant seulement.
Jamie qui aime les animaux veut garder ce chien venu d’on ne sait où. Ce qui n’est pas l’avis de sa mère. Mais il a l’appui de son père.
Denny aimerait faire du théâtre… mais c’est sa mère qui lui fait sa dissertation sur l’œuvre de l’auteur irlandais, dramaturge prix Nobel de littérature, George Bernard Shaw !
C’est bien écrit, percutant, critique sociale de la Middle-Classe américaine.
La quatrième de couverture dit « Si vous avez des idées noires, plongez-vous dans ce livre », pas certain que cette histoire, drôle par quelques côtés, soit le bon remède. Je trouve que le père de famille est plutôt à plaindre, si son seul bonheur est la présence pour le moins envahissante de ce chien !
Extraits :
- L'ensemble ressemblait exactement à ce qu'il n'était pas-le domicile d'un écrivain à succès.
- Sans le lent va-et-vient de sa vaste poitrine, on l'aurait facilement cru mort, car ses yeux obliques étaient clos.
- La formule de base était toujours la même : de la bagarre et du cul. Quand c'était terminé vous donniez ça à d'autres gens qui bousillaient votre travail pour essayer d'en faire un film.
- Plus je tirais des plans sur la comète, moins Hariet y figurait. Tout bien pesé, je ne pensais pas que Rome lui plairait.
- « Dépense donc pas ta salive. La seule chose qui lui importe, c'est cet affreux clebs. »
- Qui était cette femme ? Mon épouse, naturellement, mais que savais-je vraiment d'elle après vingt-cinq ans de mariage ? Quelle part d'elle et quelle part de moi avait donc hérité nos enfants ingrats ?
- L'énorme plat de lasagnes ressemblait à un gâteau effondré, triste souvenir d'une soirée gâchée. Je l'ai porté dans la cour derrière la maison et j'ai appelé Stupide.
Éditions : Christian Bourgois (1987). 10/18 pour la version poche.
Titre original : West of Rome. (1985).
Traduit de l’américain par Brice Matthieussent.