SIMENON Georges / La chambre bleue.
La chambre bleue.
Georges SIMENON.
Note : 4, 5 / 5.
Histoire d’adultère.
Georges Simenon fut en son temps un écrivain prolifique, car en plus de la série du Commissaire Maigret, il a écrit avec beaucoup de succès d’autre titres dans des genres très différents.
Un homme et une femme font l'amour dans une chambre d'hôtel, une chambre bleue. Quoi de plus naturel, me direz-vous, mais ils sont mariés chacun de leur côté. Ils se connaissent depuis l'enfance, mais sont amants depuis peu de temps. Quelques paroles qui semblent anodines sont échangées, paroles qui seront lourdes de sens plus tard ! Pour elle c’est une passion dévorante, elle lui reproche de lui avoir fait perdre des années de sa vie en partant du village. Lui n’est pas à son premier coup de canif dans son contrat de mariage.
L'homme nu regarde par la fenêtre, et voit le mari de la femme s'installer à la terrasse du bar et commander une limonade. Que fait-il ici au lieu d’être dans son épicerie ?
Nous retrouvons l’homme, Antoine dit Tony, il est en prison, un psy
l’interroge, un commissaire mène l’enquête et le juge d’instruction Monsieur Diem tente de comprendre cette relation. Tony avait décidé de rompre d’avec Andrée, sa maîtresse. Pour cela il décide de partir en vacances avec Gisèle, son épouse, et sa fille.
Par de fréquents retours en arrière et de multiples conversations, en particulier avec le juge d’instruction, nous découvrons, petit à petit, la raison de l’emprisonnement de Tony. Nicolas, l’épicier du village, époux d’Andrée est mort. Il était malade depuis l’enfance, alors, son décès semble naturel.
Tony et Andrée pensaient que leur relation étaient restée secrète, à part Vincent, le frère de Tony, qui leur prêtait la chambre bleue, la serveuse du bar où se trouvait cette chambre.
Mais en réalité pratiquement tout le bourg était au courant.
Un jour une confrontation est organisée, Andrée et Tony se retrouvent dans le bureau du juge d’instruction.
Tony a revu Andrée, un jour à l’épicerie où il devait faire quelques courses pour son épouse, paquet qu’il a déposé chez lui avant de partir pour la journée.
Son emploi du temps est flou, peu convaincant, une séance de cinéma n’est pas un alibi assez solide !
Tony n’est pas à proprement parler un homme à femmes, mais parfois quand l’occasion se présente, il ne dit pas non. Et Andrée lui dit oui pour la première fois dans la nature sur le bord d’une route.
Elle est mal mariée, mariage arrangé par les deux familles ayant des intérêts communs, aristocratie sans le sou, et bourgeois un peu fortunés.
Une narration originale, beaucoup de dialogues dans une sorte de huis-clos entre l’accusé (de quoi d’ailleurs ?) et le juge d’instruction.
Extraits :
- Était-il heureux ? Si on le lui avait demandé, il aurait répondu oui sans hésiter.
- Il n'avait pas conscience d'enregistrer les mots. Pas plus que les images ou les odeurs.
- Ces mots-là aussi reviendraient, si légers aujourd'hui, si menaçants dans quelques mois
.- Il n'avait jamais associé à l'amour cette grande fille impassible qui lui faisait penser à une statue.
- Elle n'avait pas dit les nuits, mais les journées, comme si son intention était de passer tout leur temps au lit.
- Une fille hautaine et froide. Une statue.
- Par la peur de la mer. La peur de lui.
- Ils ne pouvaient même pas fuir en quittant Saint Justin avec sa famille. Il n'avait pas fini de payer leur maison, le hangar, l'outillage. Il commençait seulement à connaître une certaine prospérité et à donner aux siens une vie confortable.
- Comment expliquer au juge qu'à ce moment-là, dans son for intérieur, il se sentait en effet coupable ?
Éditions : Presses de la cité (1964).