GUILLOUX Louis / Salido suivi de Ok Joe!
Salido suivi de
O.K Joe !
Louis GUILLOUX.
Note : 4 /5.
En temps de guerre...
J’ai depuis très longtemps envie de lire ce livre qui comprend deux récits : « Salido » et « O.K Joe ! ».
Ces deux textes, chacun à leur manière, dénoncent les absurdités des périodes de guerre sur le comportement de gens ordinaires.
« Salido » est un réfugié espagnol, un combattant communiste, « un rouge ». Nous sommes au début de cette histoire le 11 septembre 1939. Lieutenant dans les armées républicaines. Salido et quelques autres sont pris en charge par la cellule de Saint-Brieuc, du « Secours rouge ». Le narrateur de ces deux récits, Louis Guilloux lui-même, lui sert de guide dans cette ville qui lui est inconnue.
Salido est hébergé par un jeune couple communiste, la famille Tircot, Marcelle et Pierre, malgré les risques que cela suppose.
La mère Gauthier profite bien un peu de la situation, mais elle élève seule sa fille, Pépète. Mais qu’est-il advenu pour que, quand on lui parle de Salido, sa réponse est la suivante :
- Salido ! S’écrie-elle… Un salaud ! Un beau salaud.
Que s’est-il passé à Paris ? La mère Gauthier, sous prétexte de connaître Paris, s’est proposée d’accompagner Salido dans la
capitale d’où il voulait rejoindre la Russie.
Mais ce voyage fût un fiasco, et ils sont rentrés tous les deux en Bretagne ! Le prétexte de Madame Gautier, la ville avait beaucoup changé, elle n’a pas trouvé le lieu de rendez-vous et les camarades qui devaient prendre Salido en charge...
« O.K Joe ! ».
Nous sommes à la fin de la guerre, en Bretagne. Les Allemands
résistent encore, mais les troupes américaines progressent, parmi elles, de nombreux soldats de couleur. Louis Guilloux est embauché par l'armée américaine comme traducteur. Il doit en particulier traiter des affaires plutôt sordides de crimes ou de viols concernant des soldats américains. Il remarque bien vite que beaucoup, pour ne pas dire toutes ces affaires, concernent des soldats noirs et que la peine est toujours la même : la pendaison ! La hiérarchie, qui semble de braves gens, considère que les troupes noires sont indisciplinées. Et que vis à vis des femmes blanches, ils n'ont aucune retenue, les femmes françaises sont des « filles faciles »...
Mais le jour où le tueur est blanc, Louis Guilloux n'est pas convié au procès… et l'assassin est acquitté !
Un texte d'une actualité brûlante. Un livre qui n'a pas vieilli, surtout OK Joe, qui traite du racisme dans l'armée américaine.
Extraits :
- Malgré ses cheveux grisonnants-elle avait encore parfois des airs de jeunesse et une sorte de gaieté dans l'esprit.
- C'est le premier convoi de troupes anglaises qui traversent la ville. Les jeunes anglais cherchent un endroit où ils pourraient boire–mais le buffet est fermé.
- Les miliciens aux portières agitaient leurs mouchoirs ou leurs écharpes rouges, leurs bonnets, aux cris de « vive l'Espagne rouge ! ».
- Bon. Faut voir. Le tirer de l'hôpital, c'est pas dur. Mais où le planquer ? Troisièmement, question Moscou, ça regarde les copains « là-haut ».
- Salido était un homme de caractère soit–il n'en restait pas moins un paysan catalan pour la première fois de sa vie à l'étranger. En plus il fallait songer aux interdictions.
- Plus rien que la chaise le long du mur et par terre aux pieds de la chaise les mèches brunes comme des plumes d'oiseaux que le petit vent du soir commence à disperser.
- À ses yeux, comme aux miens, une vie est une vie, même la vie d'un de ses petits noirs de Harlem.
- Mais, pourquoi rien que des Noirs ? Ce n'est pas un tribunal spécial pour des Noirs ?
Éditions : Gallimard (1976).
Autre titre de cet auteur sur ce blog :
La maison du peuple & Compagnons.