Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
Derniers commentaires
Archives
8 juin 2020

PROUTEAU Marie-Hélène / Le Coeur est une place forte.

 

Le coeur est une place forte
Le Cœur est une place forte.
Marie-Hélène PROUTEAU.

Note : 4,5 / 5.
Au nom du Grand-Père !
Il y a bien longtemps que je n’avais pas lu Marie-Hélène Prouteau, depuis mon départ de Bretagne.
Dans sa préface, Dominique Sampiero nous explique ce qu’il a ressenti à la lecture de ce livre, livre divisé en deux albums, le premier ayant pour titre « Revenance » et le second « Sous les pierres, la mémoire ». Ces albums qui sont eux-mêmes divisés en chapitres se situent à des époques différentes et dans des lieux également différents.
« Revenance ». La découverte, dans un grenier de la ville martyre belge de Maissin, de livrets militaires, permet à Marie-Hélène
Prouteau d’imaginer ce qu’a dû être la vie et la mort de ce grand-père, incorporé dans le 19° Régiment d’Infanterie de Brest (En hommage une rue du village porte ce nom et deux monuments en hommage aux soldats Bretons et Vendéens y ont été érigés). Comme les autres, il a dû partir la fleur au fusil, pensant revenir victorieux pour Noël.
Comme beaucoup d’autres, il a dû déchanter.
Alors l’auteur part à la recherche de documents sur le sort de cet homme et de cette ville, théâtre d’une terrible bataille le 22 août 1914. La violence des combats a été terrible, les civils ne furent malheureusement pas épargnés, le bilan de ces affrontements fût très lourd, 4782 tués, toutes origines confondues.
Le livret de cet homme, Guillaume, est étrangement vide, pas de mentions de blessures, ni de la Guerre des Frontières, ni des batailles des Ardennes, etc. Seules les lettres envoyées au pays permettent de retracer le parcours de cet homme qui sera hélas celui de milliers de Bretons entre autres. Une partie de ces courriers figurent en italique dans cet ouvrage.
Il était marié, père de famille, sûrement pas concerné par ces inutiles boucheries décidées par des généraux incompétents, qui pour la plupart mourront dans leurs lits !
« Sous les pierres, la mémoire ». Le second album traite d’un problème plus général mais tout aussi destructeur pour les survivants. Comment se reconstruire quand votre ville a été dévastée par les bombardements. Comment à Brest, ou ailleurs, lorsque la ville a été rasée, la ville se relève et les habitants aussi ?
Marie-Hélène Prouteau nous en donne une liste, malheureusement non exhaustive, citant Dresde du côté allemand, et l’antique ville d’Ur. Mais il y a eu Lorient où j’ai habité plusieurs années, Londres également qui fut durement touchée, ou plus proche de nous dans l’histoire, Sarajevo qui, elle aussi est citée par l’auteur qui nous parle aussi d’un poète Paul Celan, qui vint visiter Brest en 1961, poète à la vie tourmentée que je découvre à la lecture de ce livre.
Peu de personnages connus, mais beaucoup d’anonymes, victimes de la folie humaine, des guerres pour rien, victimes « collatérales » qui ne demandaient rien à personne, à part de vivre en paix. Luxe qui leur fut refusé.
Une belle écriture et un ouvrage qui a demandé, j’en suis sûr, beaucoup de recherches. Pour s’en convaincre, il suffit de lire les pages de remerciements en fin d’ouvrage.
Extraits :
- J'ai perdu mon livret militaire. On repart, en train, direction la Somme. Je m'endors dans les trépidations du wagon. Je fais un rêve. Plus de soldats dans les villages. C'est le jour avant tout ça, avant ce cauchemar.
- La guerre, c'est quand des gamins de quinze ans doivent enterrer vivants des soldats sur ordre de criminels.
- Cérémonie du don.
Cérémonie de la douleur. La douleur sublimée dans le don magnifique.
- Le calvaire est remonté
 pierre à pierre. À Maissin en son cadastre labouré de bâillonnettes.
- Paul et James, prières murmurées d'un même cœur. Si proche que l'enfant a fini par se dire qu'il est un peu de la famille.
- À force d'entasser les cadavres, c'est un mur de corps que l'on élève-le désastre engloutit tout pêle-mêle.
Le peuple gémit.

- En peu de mots. S'y décline doucement la fraternité plus forte que la mort. Plus forte que le cortège d'horreur qui la suit.
- Le coeur est une place forte, s’écrit Celan. Ces mots lèvent en nous l’idée de résistance.
Éditions : La
 Part Commune (2020).
Autres titres de cet auteur sur ce blog :
Les blessures fossiles .
L’enfant des vagues.

 

Publicité
Commentaires
Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
Publicité
Newsletter
Publicité
Publicité