VAUTRIN Jean / Billy-ze-Kick.
Billy-ze-Kick.
Jean VAUTRIN.
Note : 4,5 / 5.
Voisins de palier *
Hommage est rendu ici à ce multicartes des lettres, auteur, scénariste et beaucoup d'autres choses (à revoir) dans le monde des lettres et des arts. J'ai lu ce livre il y a une bonne trentaine d'années et j'avais beaucoup aimé ; qu'en est-il maintenant ? Cela nous allons le savoir.
Les premières pages dont une partie se passe dans l’ascenseur de l’immeuble où nous faisons connaissance avec les habitants.
Le commissaire Béllanger lui est dans le Lot, en vacances.
Hippo, ado schizophrène, désespère sa mère et terrorise certains locataires !
Avant nous avions fait la connaissance de Julie-Berthe.
Hippo s'est sauvé de la clinique. Crainte de sa mère qui connait ses penchants. Il rencontre Madame Acher, la concierge, qui en tremble. Puis vient dans cet ascenseur la belle Juliette Chapeau, la maman de Julie-Berthe qui fait un effet bœuf à Hippo.
Dans cette ville HLM, un meurtre est commis, celui d'une jeune mariée abattue sur le perron de la mairie ! Le policier, Clovis Chapeau, qui remplace le commissaire parti en vacances prend l’enquête en main. Il doit vaincre sa timidité due à sa petite taille. Cordier, nouveau promu, souffre-douleur de Clovis Chapeau qui tient des discours racistes, puis anti-jeunes. Bélanger, son patron, est absent. Son épouse s’ennuie, mais s’occupe comme elle peut. Mais nous rencontrons aussi et surtout Julie-Berthe. Et Édouard, petit garçon dont Hippo est leader et qu'il nomme chef. Hippo est recherché par la police. Pour aujourd'hui il joue Brahms au violoncelle dans l'ascenseur avec Julie-Berthe comme unique spectatrice. Puis vient l’arrestation et l’évasion d’ Hippo. Les Bleuets, jeunes du quartier, vont au football. Eugène Macareux, père d'Édouard, grande gueule plutôt sympa, sert de chauffeur pour le bus !
Chacun dans l'immeuble vaque à ses occupations. Juliette part faire le tapin. Et Eugène qui a un peu de temps devant lui tombe sur Madame Chapeau en plein travail. Comme relation de bon voisinage, la passe est gratuite.
Nous faisons la connaissance d'Alcide Prébois. Vieux bonhomme en mauvaise santé qui pense avoir un cancer. Alcide est également un amoureux de la campagne et il déteste les HLM. Et le béton. Il refuse de quitter son petit pavillon. La dernière amie d'Alcide est Julie-Berthe. Il prépare une réception pour les démolisseurs.
On retrouve maintenant Perry Spring. Elle travaille dans une boîte de nuit où elle imite Marlène Dietrich. Nouvelle arrivée, Claudine dite Clo, belle et excitante qui travaille au Photomaton du coin. Clovis Chapeau prend une baffe des mains de Perry Spring quand il essaie de l'embrasser sous le regard de Julie-Berthe. Pedro, ouvrier galicien, attaque la démolition de la maison d'Alcide.
Et les morts se ramassent à la pelle…
Dans la paix et le Lot, Bellanger retrouve Gabrielle Montauzin, veuve elle aussi dont il est amoureux.
Sortons de notre HLM, et allons batifoler dans les bois pendant que Chapeau n’y est pas et c’est le 14 juillet, en place pour le feu d’artifice qui sera funeste à certains !
Bouquet que l’on pense final !
Des personnages plus frapadingues les uns que les autres, même Julie-Berthe qui pourtant n’a que 7 ans est un peu foldingue ! Les autres peu plus âgés, ce n’est pas mieux.
Les adultes, n’en parlons pas, il y a le petit flic Clovis, Virgile, Désiré Chapeau. Son chef en vacances, à lui la gloire…, mais il faut la mériter. Il devrait pourtant avoir ce que l’on nomme vulgairement une veine de cocu, son épouse par désœuvrement et par hasard vend son corps (qu’elle a très beau) aux camionneurs de passage, mais l’offre à son voisin Eugène, l’Apollon de l’immeuble.
Bref une galerie de cas mais qu’on finit par aimer !
C’est encore plus dément que dans mon souvenir et ce n’est pas peu dire.
Une redécouverte.
Extraits :
- Il semblait branché sur la même longueur d’ondes qu’eux. Principalement les plus jeunes. Ceux qui ne sont pas encore trahis par l’âge de raison et les conseils des adultes.
- Maintenant, avec tous ces gens de Paris, tous ces Angliches qui achetaient le Quercy et le néo-colonisaient, il en était à la pendule, au marmitou de cuivre, à l’homme debout, au lit-bateau et à la commode Louis-Philipparde.
- C’est plus fort que moi, les zézettes, les zizis, faut qu’z’les zyeute. Faut qu’z’les voie. Ceux de la maison et même les zautres. Ceux des voisins, ceux des copains.
- Après, ç’avait été facile. Le Prestige. Perros-Guirec, un crochet par Saint-Malo et Juliette. La belle Julie. Et après Juju, le F4 et dès le F4, la naissance de Julie-Berthe. Ensuite, maintenant en somme, la Famille, les Congés payés, la 504, la télé couleurs, l’Ordre. L’Ordre à cent pour cent. Huit ans déjà ! Huit années qu’il n’avait pas vu passer. Il en sourit aux anges qui lui ouvraient la route de toutes leurs sirènes.
- Un personnage était né. Un être qu’il avait fabriqué de toutes pièces. Il venait de lui lâcher la main, de lui faire faire ses premiers pas. Oui, Billy-ze-Kick venait de débuter dans le monde.
- Si tu es Billy-ze-Kick, dit-elle, sois gentil. Tue quelqu’un pour moi, veux-tu ?
- Tchi ! Tu l’auras pas, Billy-ze-Kick ! Y t’essappe touzours…
- Tapé à la machine, il lut : MERDE À LA SOCIÉTÉ. MERDE À CELUI QUI LE LIRA. MORT AUX CONS. PLUSIEURS MERDES DE TOUTES LES COULEURS. CREVEZ SOUS LES ÉTRONS. À BAS LE PROGRÈS. ET MAINTENANT, DÉMERDEZ-VOUS, MERDEUX.
Et c’était signé BILLY-ZE-KICK.
- C’est pas tout. Ze vais aussi me faire offrir un crime. Ze suis zune assassine. Billy-ze-Kick, tu connais ? C’est mon ami. Y fait ce que ze lui demande.
- Pendant ce temps la voix de Chapeau (il la reconnaissait) lui parvint déformée par un
mégaphone :
- Billy-ze-Kick. Rendez-vous ! Rendez-vous ! Vous êtes cerné. C’est fini ! Levez-vous sur place ! Levez-vous sur place !
Éditions : Gallimard (1974)
* et pourtant fou à lier !