NICOLAS Laurent / Le sourire du singe.
Le sourire du singe.
Laurent NICOLAS.
Note : 3, 5 / 5.
Métro « Bonnes nouvelles* » !
Vingt stations du métropolitain parisien, vingt nouvelles portant chacune le nom d’une gare de métro. En voiture pour un périple littéraire dans les entrailles de la capitale.
Liste des arrêts souterrains ou pas d’ailleurs : Porte des Lilas, Bolivar, Chevaleret, Mabillon, Pré Saint Gervais, Saint Paul, Peirère, Chemin vert, Pont Marie, Rue Montmartre, Porte d’Orléans, Sablons, Louis Blanc, Grands Boulevards, Botzaris, La Fourche, Jourdain, Reuilly Diderot, Montsouris, Père Lachaise.
N’oubliez-pas de faire oblitérer votre ticket. Vous vous souvenez :
« Des petits trous, des petits trous, je fais des petits trous ».
D’un cimetière à la Porte des Lilas au plus connu des cimetières parisiens du Père Lachaise, balade dans Paris avec quelques témoins de cet enterrement !
« Bolivar », un homme enterre un de ses amis. En sortant du cimetière, il marche dans Paris avec une jeune fille, il parle du défunt, d’un verre à l’autre, elle l’accompagne chez lui. Il parle de Fred, sa vie son œuvre… Paula, une amie de Fred, vient le voir au matin…
Paula tente de reconstituer les derniers jours de Fred, un doute subsiste sur les circonstances de sa mort ; comme Socrate, s’est-il suicidé ? A-t-il été assassiné ? Paris et Fred se dévoilent au fil des chapitres et des rencontres. Paula entend parler de choses mystérieuses, de boîtes rapportées d’Afrique dont il est aussi question dans une organisation, « La Fondation Africaine des Prospecteurs ».
Un puzzle qui nouvelle après nouvelle se met petit à petit en place. Des personnages multiples, mais certains sont en quelque sorte « récurrents », Paula, Bethy, le narrateur, et omniprésent Fred le défunt ! Qui était-il vraiment ? Peu à peu une autre facette du personnage se dessine, un côté plus sombre… D’autres protagonistes, eux, ne font que passer, comme cet homme qui s’invite dans les enterrements avec des fortunes diverses, comme celle de coucher avec la veuve. Un jour il est rejoint par un de ses voisins… début d’une possible amitié ? Une bonne bouteille de Bordeaux rapproche les hommes. Une doctoresse, Lynn Thomston, qui cache bien son nom, un chauffeur de taxi descendant d’un russe blanc exilé, Angie et Antoine, jumeaux aux comportements ambigus, et beaucoup d’autres…
On trouve dans ce livre beaucoup de vrais Parisiens, des gens nés à Paris et qui ne quitteront la capitale pour rien au monde, même dans la mort ! Ils ont tous hérité d’appartements légués par leurs parents !
Un livre original dans son histoire et dans sa narration, Paris le jour à travers son métro. Malgré tout un sentiment mitigé, même si j’ai bien aimé le dénouement !
Quelques moments de poésie dans certaines descriptions sont très agréables.
Extraits :
- Elle le séquestra plusieurs jours. Sans doute pour se récompenser elle-même de ce que son époux l'avait bien mieux couché sur son testament que durant des années d'étreintes conjugales.
- Tout se mélange dans ma tête Socrate voulant mourir dans l'incendie avec Bowie. La nuit évapore l'alcool.
- Mais tel le syndrome de Stockholm il est des épanchements tout aussi inexplicables que l'affection du chien pour sa laisse.
- Nous avons vécu, ai-je songé, comme de simples prolos des médias, chichement, voyant nos statuts de salariés de la télévision se précariser, se libéraliser et finir par ne plus nous amuser.
- L’air est chaud sur la capitale, la brume de chaleur et de pollution dessine un léger flou dans le ciel, ratures grises sur fond bleu.
- Elle est toujours la petite fille qui écoute ses histoires. Elle écoute trop d'ailleurs. Dès qu'un homme lui parle, elle tombe amoureuse.
- Il s'installe en face d'elle et la dévisage. Elle serait une meringue en vitrine dans une Favela qu'il ne la regarderait pas autrement.
- Le jour se levait, un de ces moments fragiles durant lesquels les dernières lumières s'éteignent.
Éditions : Lilo (2014).
* Au pluriel car elles sont plusieurs. Le nom de la station de métro, est en réalité
« Bonne nouvelle »