LEROUX Alain / La chute de Toulon.
La chute de Toulon.
Alain LEROUX.
Note : 4, 5 / 5.
Plongée dans les dessous de la rade !
Je ne connais absolument pas cet auteur, mais pour moi le mot Toulon m’interpelle toujours. Dans cette ville j’ai passé les plus beaux et les pires jours de ma vie. Autre époque, mais mêmes lieux.
Sur le bord de la Rade tout va bien, un triumvirat veille sur la ville, pas de bonne mère ici, mais des pas trop bons pères , plutôt Filous & Compagnie.
Le président de l’Université, le proxénète et le président du club de rugby, la culture, les bordels et les jeux du cirque ! Un gros gâteau même coupé en trois laisse des parts plus que satisfaisantes.
La ville a changé, le milieu aussi, les milieux plutôt, mais ne trouble pas la quiétude du trio et de la ville.
Sauf que Stampa, maquereau érudit, découvre dans un livre qu’il a volé, une prophétie de Nostradamus. Un texte qui n’annonce rien de bon ! Donc voici en bon français la teneur :
Les putains à la fac
Les minots à Mayol
Les supporters au bordel
Les ennuis vont commencer à pleuvoir sur la ville de « Chicago » aux travées du stade Mayol.
Le président de l’Université est retrouvé mort. Le sexe à l’air avec comme couronne mortuaire quelques cheveux blonds.
C’est la panique en hauts lieux, de la mairie à l’Amirauté ! Le branle-bas de combat chez les proxénètes et dans les bas-fonds de la ville ! Les escorteurs d’escadres ou d’ex-cadres demandent à être escortés, les dragueurs de mines préféreraient draguer les minettes, les avisos voudraient être avisés de ce qui se trame en ville. Car les élections approchent et un nouveau parti fait son entrée dans le grand cirque électoral « Le Front National ».
Avec, et là je n’apprendrais rien au commun des mortels, le résultat que l’on sait dans cette ville !
Beaucoup de personnages dans ce roman, Les antis, figures locales pas forcément très reluisantes, Stampa règne sur « Le petit Chicago » pittoresque quartier du bas Toulon, le flux et le reflux des marins apportent du passage et des devises !
Pirelli lui domine de sa petite taille l’Université, s’il est entouré de belles assistantes, ce n’est pas pour faire comme le calendrier du même nom de la figuration. Il préfère les exercices pratiques ! Le flux et le reflux des étudiants étrangers lui assurent la main mise sur cette ex-vénérable institution. Guerrero (qui lui ressemble à un vrai personnage ex-idole du RC Toulon) tient le club en main et le club, ce sont des votants, donc il a droit à la parole. Le flux et le reflux des fans dans les travées conditionnent ses directives de votes, en sous-main bien sûr. On croise aussi sur la rade un rugbyman africain doué, mais sans plus, qui est bizarrement étudiant, une belle jeune fille dont la mère était prostituée, un curé qui revient d’Afrique, etc… bref du beau et du moins beau monde.
Sous des dessous et une écriture très humoristique, un constat social assez amer sur le monde politico-sportif. Ses petits ou grands compromis, avec la légalité et le monde de la prostitution.
Toulon, si l’on en croit Alain Leroux, mêle le tout avec un certain brio.
Panier à crabes assuré, circulez, il n'y a plus rien à voir, nous nous sommes arrangé entre nous. Votez, nous ferons le reste… sauf qu’un jour les diplômes bidons, les jeux du cirque et le sexe ne suffisent plus !
Extraits :
- Mis à part les plus jeunes, les matelots à leur premier tour du monde qui confondent encore maman et putains, tous les marins avaient de sérieux problèmes. Mais ce n'était rien à côté des sédentaires, les ploucs de la rade, les pochards comme son beau-père, les mordus des Rouge et Noir. Il fallait vraiment que les femmes n'aient rien dans la tête pour parier leur vie sur des rosses pareilles.
- Car le professeur était un admirateur infatigable de son propre personnage.
- La conversation entre le flic en chef et le bandit suprême fut brève et courtoise.
- Lui-même se l'avouait sans honte et toute sa carrière prouvait qu'un voyou contrarié peut faire un excellent flic.
- Les Toulonnais jouaient à la démocratie comme ils jouaient au loto : je gagne ou je perds et, au revoir Madame, au prochain tirage.
- Chicago parlait anglais. Stampa devait rester à la barre de son navire prostitutionnel pour le maintenir au cape et encaisser au mieux les déferlantes yankees.
Éditions du Delirium (2014).