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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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19 juin 2014

GRANGIER Stéphane / Hollywood-Plomodiern

 

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Hollywood-Plomodiern.
Stéphane GRANGIER.
Note : 4 / 5.
Road-movie Breton*
De Stéphane Grangier vous pourrez lire sur ce blog une chronique pour un excellent recueil de nouvelles noires (très noires, encore plus que noires), bref des textes à se faire un sang d'encre !
Que peuvent avoir en commun Hollywood que tout le monde connaît et Plomodiern, charmant petit bourg du Finistère qui lui n'est connu que par quelques initiés...et encore !
Un footballeur très typé, mais de plusieurs types de typés différents, je m'explique : breton, nommé Yannick Le Ster, black, pas futé (mais pas de souci, ce genre de personnes se trouve chez les uns et chez les autres) tournant une publicité pour "Les produits laitiers...sont nos amis pour la vie". Montant dans sa Porche, rouge (et noir, il joue au Stade Rennais), il écrase un pékin nommé Robert Lopez !
Témoin puis acteur de ce drame, un SDF à la détente rapide (attention cela va aller vite), il embarque la barbaque du quidam dans le coffre de la voiture de luxe et hop c'est parti !
Un peu d’incompréhension entre eux, normal pas le même sens des valeurs, le joueur ne veut plus jouer avec son avenir qu'il a d'ailleurs derrière lui, le SDF, lui, espère peut-être en vain en avoir un peu, mais devant lui, résultat en avant toute, droit devant !
Pendant que se déroule ces faits et méfaits, une brave femme s'adresse à la gendarmerie de Rheu (banlieue de Rennes) pour signaler la disparition de son mari ! Retraité de son état et randonneur par passion ! Les Pandores font diligence et lancent les recherches en vain pour débuter ! Alors on lance la cavalerie !
Et au même moment, du moins quasi-simultanément ou approximativement dans le fuseau horaire, au café d'un bourg limitrophe ou pas trop éloigné, un homme, pilier de bar par ennui, refait le monde...en pire bien sûr !
Et on évoque entre deux gorgeons la disparition, un prof retraité, un fainéant trop payé, pas une grosse perte ! Et notre homme simple d'esprit se dit qu'il a fait une drôle de rencontre, pas plus tard qu'il n'y avait pas longtemps. Donc en bon français sûr de son bon droit et de son devoir, direction la Maréchaussée !
Tout cela pourrait très bien se terminer par une explosion au lieu dit Kerchopine par exemple ! A moins que ce ne soit ailleurs ! Ou à Kermarijanne ! Qui, contrairement à Kerchopine, n'existe pas !
Sonnez binious, résonnez bombardes, la fête peut commencer.
Clin d’œil à la quatrième de couverture, le fait d'éviter de prendre une valise n'empêche aucunement de ne pas prendre une gamelle ! Qu'on se le dise. 
Un footeux dont la cervelle bat de l'aile (ce qui pour un joueur est un comble), le ménage part en vrille et la carrière en guenille, écraser un vulgaire passant n'est en définitif qu'une péripétie. C'est ce qui va suivre qui va devenir cauchemardesque !
Pour un SDF, une balade en Porche sur les routes de Bretagne avec un mec plein aux as devrait être une vraie partie de plaisir ! La bouffe, la picole, l'air frais et les embruns....C'est plus vivifiant et plus valorisant que de vivre dans un abri bus de la banlieue rennaise ! Mais attention au retour de manivelle (Question : une Porche a-t-elle une manivelle ?) Un randonneur, cela randonne, sauf quand il tombe sur des empêcheurs de randonner en rond qui décident de lui faire visiter du pays, et même de l'arrière pays ! De l'Armor à l'Argoat ! Dommage qu'il soit si mal installé, le pauvre. Un Réré débarqué de Tahiti, un retraité anglais, quelques policiers (dans un roman il en faut), des personnages secondaires qui ne dépareillent pas dans le décor. Bref tout pour mettre de l'ambiance.
Un road-movie échevelé, mais pas très noir, enfin pas trop noir ! Quelques morts au final, mais rien de bien méchant ! Âmes sensibles vous n'êtes pas obligés de vous abstenir, bien au contraire.
Extraits : 
- J'aurais pu être amer, mais je me contentais d'être bourré le plus souvent possible.
- J'étais le portrait exact de ce que à quoi ma famille m'avait destiné. J'étais son incroyance en mes capacités et sa défaite avant l'heure.
- Tu veux du fric, hein, c'est ça ? Il a tout à coup viré raclure, les yeux brillants du mélange explosif cognac-imbécillité.
- Tu crois que le but de ma vie est de te regarder faire le Kakou à la discothèque dans ta caisse de merde ?
- J'ai senti monter le truc, entre envie de me tirer loin et de coller ce fils de pute à la baille. 
- J'étais son hippie du dimanche, son pounkounet du vendredi soir. Puis, de la colère ne m'est restée qu'une compassion à hauteur de mépris. C'était un con, fallait pas s'étonner, alors je suis resté calme j'ai même viré pédagogue.
- Trop de bougies, d'intimité. Une ambiance feutrée subtilement bricolée pour aller baiser à côté, j'ai pensé.
- Et qu'auraient donc bien pu faire un SDF, un musulman en Porsche, et un randonneur communiste sinon comploter ?
- J'allais crever. On allait tous crever. Personne ne sortirait vivant de ce merdier.
Éditions : Goater Noir (2014).
* En voiture....le départ est imminent ! 
Autre chronique de Stéphane Grangier :
Droit vers le soleil.

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