McCULLERS Carson / La ballade du café triste.
La ballade du café triste.
Carson McCULLERS.
Note : 3 / 5.
C'est la vie !
Tentative peu concluante que la découverte de Carson McCullers. La préface de Jacques Tournier est très intéressante, et la vie et l’œuvre de cet auteur m’intriguait. Alors fidèle à mes bonne vieilles habitudes, j'ai choisi un recueil de nouvelles.
La très longue nouvelle (plus de 120 pages) qui donne son titre à l'ouvrage concerne les relations entre une femme et deux hommes. Pas très original, me direz-vous, eh bien si justement. La femme, maîtresse femme, devrais-je dire, Amélia Evans, personnage haut en couleurs, qui semble régner en maître sur son commerce et sur la plupart des représentants de la gente masculine de la ville, clients de son café. Les hommes sont Cousin Lymon, bossu débarqué un soir et qui s'installe comme s'il était chez lui, et qui se fait tout à la fois détester et craindre. L'autre homme dont Amelia ne parle jamais est Marvin Macy avec qui elle a été mariée, pour le pire pour lui. Il lui a tout offert sans rien en échange et est parti au bout de dix jours. Voyou il était, voyou il est redevenu, condamné à plusieurs années de pénitencier et le voilà de retour. La tranquillité de la ville est fortement compromise.
Un texte à la conclusion surprenante, qui se lit très bien malgré sa longueur.
Suivent trois nouvelles qui ne m'ont pas vraiment marqué. Elles parlent de professeurs de musique dont une un peu mythomane, qui prétend avoir rencontré le roi de Finlande !
Un autre récit raconte la triste histoire d'un jockey et d'un accident qu'il semble avoir causé un jour.
"Celui qui passe", c'est un homme, John Ferris, qui voyage ; durant un séjour à New-York, alors qu'il cherche quelqu'un pour lui tenir compagnie, il rencontre son ex-épouse. Qui l'invite à manger....Là dans cette famille il se rend compte qu'il n'est en toutes circonstances que celui qui passe. Ainsi va la vie.
Et elle n'est pas simple dans "Un problème familial". Encore une fois le mari découvre sa femme ivre en rentrant du travail. Ils ont quitté avec leurs enfants le Sud chaud, humide, joyeux et sa famille à elle pour New-York, le froid, la grisaille et sa solitude à elle.
Et pourtant le soir en la couchant, il éprouve une grande tendresse à son égard !
Un beau texte « Une pierre, un arbre, un nuage » clôt ce recueil. Un jeune garçon livreur de journaux entre dans un bar pour boire un café. Un vieil homme un peu alcoolisé lui explique les pièges de l'amour. La vie se chargera bien de lui apprendre.
À part Amelia, tous les autres personnages sont des êtres plutôt ordinaires et falots. Les gens insignifiants que nous pourrions rencontrer à tous les coins de rue. Des professeurs de musique et leurs élèves, une femme qui ment pour remplir le néant de sa vie, un mari confronté aux problèmes d'alcoolisme de sa femme, un jeune livreur de journaux face à un problème dont il ne comprend pas le pourquoi du comment.
Je ressors avec un sentiment étrange de ce livre. Seules deux ou trois nouvelles m'ont réellement intéressé, pour certaines autres, j'ai vraiment le sentiment d'être passé à côté de quelque chose que je n'ai pas compris.
Ces textes ont-ils vraiment vieilli ? Ce n'était peut-être pas le bon moment pour moi de les lire ? Cette lecture va-t-elle me donner envie de recommencer avec cet auteur ? Seul l'avenir nous le dira.
Extraits :
- Elle aurait eu pourtant une certaine beauté sans cette tendance à loucher.
- Les choses arrivées sans qu'on y prenne garde, des pensées enfouies dans l'obscurité de l'âme, deviennent soudain apparentes et lisibles.
- À minuit on acheva la naissance du café. Chacun dit au revoir aux autres avec amabilité.
- Celui qui est aimé a toutes les raisons de craindre et de haïr celui qui l'aime.
- La maison n'avait pas été repeinte depuis des années. En réalité, Dieu seul savait si elle avait jamais été peinte.
- En refermant son carnet d'adresses, il eut un élan un étrange sentiment de hasard d'éphémère, presque d'effroi.
- Mr Brook était un être en demi-teinte.
- Le crépuscule bleu lilas se fanait dans les rues humides et, à l'instant précis où l'autocar quittait le terminus, les lumières de la nuit brillaient sur la ville.
- Sa main tâtonna vers ce corps et le chagrin se doublait de désir dans la complexité infinie de l'amour.
- Derrière les vitres du bar, le petit jour était bleu pâle.
- Il commence à apprendre l'amour dans le mauvais sens. Il commence tout de suite par l'apogée. Comprends-tu pourquoi c'est si désolant ? Sais-tu comment l'homme devrait aimer ?
Éditions : Stock (Nouvelles) (2001).
Titre original : The balad of the Sad Café. (1951)