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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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22 juin 2011

BELLEC Hervé / Si c'est ma femme, je suis pas là.

Si c'est ma femme 
Si c'est ma femme, je suis pas là.
Hervé BELLEC .

Note : 4 /5.
Pluie et chaleur !
Un recueil de nouvelles d'Hervé Bellec est toujours une découverte, « Un bon Dieu pour les ivrognes » me revient obligatoirement en mémoire ! Ici, sept nouvelles, sept femmes, sept destins amoureux parfois, tragiques souvent. Elle n'est pas souvent belle la vie !
La pluie comme stimulant érotique pourquoi pas ? Est-ce pour cela que, nous bretons, aimons bien revenir au pays, la première jeunesse passée ? Le soutien gorge est plus classique comme objet de fantasme, surtout dans les pays très secs. Par contre il semble que le mélange des deux soit détonnant …..cela libère les pulsions et les seins...... Dire qu'en Bretagne il ne pleut que sur les cons, dans ce cas précis me rappelle cette chanson de Brassens « Le blason », vibrant hommage aux femmes.
« Une journée classée rouge » un jour qui semble ordinaire, un homme, une femme plus jeune, des départs en vacances, la route, circulation et embouteillages, la nuit tombe, une envie pressante, arrêt sur une aire d'autoroute, un chaton abandonné.... la raison de l'homme bascule.
Chaud devant mais aussi tout autour, la canicule rend toute vie difficile sauf pour les mouches qui prolifèrent. Un homme et une femme, ex-couple venu vivre à la campagne après un drame familial, tente de survivre, en tant qu'êtres humains et également avec un semblant de civilisation dans un monde étouffant où l'eau est une denrée devenue très précieuse. Revivre un peu....comme avant l'espace d'un moment..
Tout le monde court après quelque chose....mais courir pour perdre des kilos c'est comme perdre son temps et son âme. Pour quel résultat?.. pour rêver d'une bière fraiche, d'une cigarette et d'un livre. La vie est courte alors s'il faut la poursuivre, parfois l'envie n'est plus là.
Marie-Vieille taupe m'a fait penser à une vieille chanson d'Edith Piaf.... "Ils sont arrivés se tenant par la main", ils marchent sur la plage, elle devant, lui ensuite, la patronne du bistrot les regarde, les observent,  vers quels drames vont-ils ? Elle se remémore sa vie, enfant de l'occupant dans le microcosme d'une île bretonne. Le monde est là, la femme qui a débarqué et qui est restée, les joueurs de dominos, le Capitaine, la sale gosse prétentieuse et mal élevée, et ce couple avec dans la bouche de la femme cette phrase couperet :
-« Écoute on en a déjà parlé mille fois ».

Pour qui sonne le glas...Un très beau texte, sûrement un des plus réussis à mon goût de ce livre.
Une soirée au camping, un coin tranquille, une épouse enceinte lisant des haïkus mots qui riment avec cactus. Plus tard l'histoire ne manquera pas de piquant! Quel est le nom qui correspont aux numéros....22, 29, 35, 44, 56, et le 37 ? C'est où?
Un écrivain aux prises avec des tasseaux, du lambris, des murs et qui essuie les plâtres...et en plus une nouvelle à écrire...et le bricolage, la maison. C'est dur la littérature. Mais les nouvelles, comme les hirondelles et les contractuelles vont par deux, et ensuite tout va mieux.
Des femmes, des jeunes ou des plus vieilles, objets de désir ou de rejet, aimées ou détestées, parfois détestables, des Claire qui ne sont pas obscures, des Cécilia qui attendent au camping, des Solange fausses cariatides de bistrot, une Babette qui ne pensait pas partir en guerre et toutes les autres.....
Des hommes bien sûr qui n'ont pas toujours le beau rôle, joggeur contraint et forcé ou fugitif rentrant au bercail faute de mieux, Capitaine qui a remplacé la ligne de flottaison de la mer par celles des verres de rouge... les vieux îliens pas toujours raffinés, l'homme mené par le bout du nez ou par un autre organe...Des Baptiste qui ne sont pas des saints, des écrivains qui n'en sont pas non plus...
Une galerie, non pas d'art, mais pas de monstres non plus, portraits de personnages vivants et ordinaires que l'on croise à chaque coin de rue.
C'est comme d'habitude chez Hervé Bellec bien écrit ; en supplément les thèmes sont variés de l'amour à la mort, du présent au futur avec par exemple « Par une longue nuit de canicule » qui décrit un monde peu réjouissant. On trouve au hasard de ces récits des similitudes, un dessinateur dans deux histoires, un meurtre commis dont on trouve mention aux informations dans une autre histoire, cela donne une unité à ce recueil de nouvelles.
Une phrase parmi tant d'autres résume bien une certaine philosophie de la vie :
- Ce n'est pas tous les jours qu'on leur sert au menu des cuisses aussi appétissantes que le jarret de leur kig-ha-farz dominical.

Heureux hommes...du kig-ha-fars tous les dimanches..avec l'âge les plaisirs changent !
Extraits :
- La bonneterie était un art en soi, un art majeur.
- Le baroque me semblait d'une limpidité évidente qui m'imprégnait d'une paisible mélancolie et quoi qu'on en dise, je suis maintenant à peu près certain que la mélancolie est le début du renoncement. Donc d'une paix relative.
- C'était quoi une chatte ? Un estuaire où une source ?
- Cupidon avait sans doute la tête ailleurs au moment où il distribuait les cartes.
- C'est de Brest, bien évidemment dont elle parlait. Elle détestait cette ville. Rien de surprenant, je connaissais un tas de gens qui ne pouvaient pas blairer Brest. Mais j'en connaissais également un paquet qui ne l'aurait pas quitté pour tout l'or du monde.
- Qu'importe, ça serait l'Irlande, que Dieu bénisse la pluie qu'il la mouille et les écrivains nés sur son sol. Oui, j'avais envie d'Irlande, de violon et de bière brune.
- Elle m'avait donné son numéro comme elle m'avait donné le reste, sa jeunesse, son ventre, sa joie de vivre tout le bataclan. Et je m'étais servi.
- Les trous du cul du monde, en quelque sorte. Or, ici, au sud de nulle part, il fait plus de 40° à l'ombre.
- Plus que la cruauté des mots, c'est la nonchalance avec laquelle elle les avaient prononcés qui m'avait scié sur place.
- Elle le tient. Par les couilles ou par le cou. Instinctivement, on lui chercherait une laisse. Et cette salope qui continue à l'appeler mon chéri.
- Mon père était comme eux, la même posture, le même pinard.
Éditions : Dialogues (2011).
Le magazine de la librairie "Dialogues" avec un interview d'Hervé Bellec.
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Commentaires
F
J'ai moi aussi envie d'Irlande de violons et de bières brunes... Encore que la Bretagne sous le soleil dans l'odeur du gazon tondu et des saucisses grillées me va aussi.<br /> Il fut un temps où j'achetais tout ce qu'écrivait Hervé Bellec, avec l'âge je deviens plus circonspecte.
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E
Bonsoir Niki.<br /> Je ne doute pas de ton sens de l'humour.....les locataires habituels de ce blog, dont tu fais partie ne s'offusquent pas d'une certaine ironie...ou ils ne reviennent plus...<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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N
rassures-toi, yvon, il me reste encore un certain sens de l'humour ;)
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E
Bonjour Gwenaëlle<br /> Amusé oui car malgré des situations parfois dramatiques, la dérision n'est jamais très loin...<br /> Ah....le titre....<br /> Bises et à bientôt.<br /> Yvon.
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E
Bonjour Nikki.<br /> J'ai mis un lien pour la revue mensuelle des éditions « Dialogues » où Hervé explique ce titre...<br /> Qui n'est guère à l'honneur de certains piliers de bistrot !<br /> Ne prend pas un coup de sang pour si peu....<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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