Collectif/ Brooklyn noir. (Présenté par Tim McLOUGLIN)
Brooklyn Noir .
Tim McLOUGHLIN (présenté par).
Note : 3,5 / 5.
Il suffit de passer le pont....
C'est reparti pour un guide non touristique des grandes métropoles mondiales, même si ici il n'est question que d'un quartier de New-York.
Un court texte de Tim McLoughlin nous présente les lieux et ses nombreuses particularités car Brooklyn est un sorte de creuset racial très américain, mais avec un supplément d'âmes et le sentiment d'appartenir à une communauté bien spécifique. Recueil en quatre parties avec une première et étrange constatation ; le seul auteur que je connaisse est....Ken Bruen de Galway sur Brooklyn.
Je reconnais que la nouvelle « Williamsboug, Hassidique Noir » m'a parue très hermétique car trop ciblée sur une catégorie de religieux trop opposés à mon style de vie et de pensée. Avec en plus trop d'expressions, obligeant à de fréquentes lectures en bas de page. Désolé pour l'auteur !
Dans « Downtown Brooklyn , Pas de temps mort chez Senior's » on peut dire que la moutarde monte au nez de certains protagonistes ! Nouvelle où l'auteur nous parle de base-ball et de poésie, citant Marianne Moore et Walt Whitman.
« Sunset Park. Quand tout était cela était encore Bay Ridge ». Un homme qui, après les obsèques de son père, découvre une photo de celui-ci avec une femme qu'il ne connait pas. Il retourne au bar que son père fréquentait lorsqu'il travaillait dans la police, et découvre une autre facette du personnage. Une histoire sur le temps qui passe et les quartiers qui changent au grand dam de certains anciens.
« Carnasie. L'entraînement » est un des plus beaux textes du livre, un père et sa fille dans le milieu des ouvriers spécialisés dans la construction des ponts. Plus dure pour certains sera la chute.
« La grande traque » c'est internet addiction....se méfier des chats sado-maso et ne pas se retrouver enchainé par une mystérieuse « Attrapemoisitupeu » et devenir esclave de l'écran (et plus si affinités!) Privé de mails....subtile punition. Mais les relations reprennent et la traque peut commencer. Qui est le chasseur et qui est la proie ? Un texte très noir !
« Red Hook. Bouffer italien ». Deux flics, pas meilleurs ni pires que les autres, surveillent les quais la nuit, car pour la pègre les tentations sont grandes, mais ils sont tranquilles, sauf qu'une nuit il découvre un cadavre coupé en morceaux, façon puzzle et du coup la vie peinarde est finie...et bien finie ! Grandeur et décadence.
Un petit mot sur la nouvelle de Ken Bruen, « Galway, Irlande. Fade to...Brookyn » deux hommes, le narrateur rêve de Brooklyn, pour Sean son comparse et complice, natif du nord, militant républicain pur et dur c'est une pure aberration, quasiment une désertion d'abandonner ainsi le combat.
« Fort Greene. Largué » est un des plus beaux textes du recueil, histoire assez terrifiante sur les relations entre hommes et femmes poussées à leur paroxysme.
Un écrivain très connu, homme riche vivant en Californie, revient sur les lieux de son enfance pour une séance de dédicace, sorte de retour. Il retrouve des souvenirs et aussi des fantômes de son passé qui ne lui veulent pas que du bien. Un rasta blanc qui sera bien berné dans une histoire d'herbe, un flic noir qui se fond dans le décor et qui de ce fait est encore plus dangereux, mais les femmes parlent de trop, un vieil homme et son manège, la roue tourne le soir sur la plage de Coney Island. Pas toujours dans le bon sens ! Le monde de la musique rap, où les femmes prennent leur revanche sur certains chanteurs peu respectueux de la gente féminine. La musique n'adoucit par réellement les mœurs. Quelques flics, italiens entre autre pour faire régner la loi, mais aussi parfois pour passer outre. Les irlandais ne sont pas mieux ! Et parfois les autres encore pire ! Un fille qui s’appelle Miel et pas mal d'hommes qui lui feraient bien des douceurs...
Est-ce parce que je ne connais pas ce quartier de New-York (contrairement à Londres) mais je n'ai pas eu la sensation d'être partie prenante dans plusieurs des nouvelles de ce recueil que j'ai trouvé plus inégales que celui consacré à la capitale britannique.
Une courte biographie des auteurs et l'habituelle playlist musicale complète ce volume.
Une phrase explique le sentiment des habitants de Brooklyn :
- Vingt trois ans et elle souffre déjà de la pire maladie qui soit, la « myopie du quartier », qui l’empêche de voir au-delà des blocs où elle est née.
Extraits :
- Ce n'était pas un de ces quartiers de New York ruinés par le temps, les incendies volontaires et l'insalubrité.
- La corruption des institutions religieuses, que ce soit celle des prêtres ou des rabbins, passionne un large public en Amérique.
- Il n'avait pas dit quand c'était encore blanc, ou quand c'était encore irlandais, ou même le diplomatique quand c'était encore un quartier sûr.
- Tous les enfants de New York ont grandi à l'ombre de pont. Une petite minorité a grandi ou a péri dans la pénombre funèbre d'un pont.
- Se rencontrer par l'esprit, c'est beaucoup plus intime que se rencontrer charnellement.
- J'ai avalé ma salive. Soixante quatre ans, est toujours aussi couillon.
- La musique, comme le sexe, était un business dégueulasse, vraiment dégueulasse.
- « Gamin, il n'y a pas de mal. Il n'y a pas de bien. Il y a juste ce qui est. »
- Toute ma vie, je m'étais occupé de quelque chose, de chats, de chiens errants et de femmes cinglées.
- Franchement, quand t'es réveillé à quatre heures du matin par des soldats Brits qui défoncent ta porte en te traitant d'enculé de l'IRA, tu grandis vite et tu deviens sauvage.
- Les vrais gens me manquaient. Les gens qui savent que la vie est souvent injuste. Que parfois, même si ce n'est pas de votre faute, les choses foirent.
Éditions : Asphalte (2011).
Titre original : Brooklyn Noir (2004).