Collectif / Boston noir (Présenté par Denis LEHANE)
Boston noir.
Collectif / (Présenté par Denis LEHANE).
Note : 4 / 5.
Sur la rivière Mystic.
Je continue mon exploration des villes du monde grâce à des recueils de nouvelles noires. Ce qui est à mon avis une manière qui en vaut une autre et d'un point de vue littéraire permet de ratisser large en matière de découverte d'auteurs. Ici, le plus connu est bien entendu Denis Lehane, que j'ai lu il y a plusieurs années. Celui-ci dans une courte introduction cite Ted Lewis et son roman « Le retour de Jack » comme exemple de l'imprégnation que peut donner un lieu à la teneur d'un texte.
« Entretien de sortie » contrairement à son titre commence ce livre. Deux protagonistes et interlocuteurs, une femme Sloan, un homme Jimmy. Situation classique me direz-vous, et bien non ! L'une est l'instigatrice d'une prise d'otage où elle a tué un de ses collègues de travail, l'autre est un inspecteur de police chargé des négociations par les autorités. Les questions sont toujours les mêmes, pourquoi et comment ? La nuit passe, et au fil des conversations une certaine connivence s'installe entre ces deux personnes, le policier cherchant à la sauver, elle semble avoir dépassé ses propres limites. Elle parle de ses frustrations et de son grand soutien moral Rowan....Un très beau texte sur le monde de la finance et des relations professionnelles entre hommes et femmes. Une réussite, avec des personnages très attachants.
« Eaux noires » se déroule dans le noir, panne d’électricité, une femme noire vivant seule soigne et héberge un fugitif blanc blessé par la police, est-ce bien raisonnable, madame ?
« Femme sole » à la particularité de se dérouler en....1745 ; le titre veut dire une femme possédant ses propres affaires, ici une taverne et bien sûr cela attise les convoitises, celle de son époux en premier lieu (unité de mesure de l'époque!) Les temps n'ont guère changé hélas, mais certaines femmes de l'époque avaient un fort caractère et étaient prêtes à tout . Anna était de celles-là.
Toutes les îles ne sont pas paradisiaques, dans la baie de Boston comme ailleurs, alors une balade nocturne à la recherche d'une boîte à chaussures, pour un privé ce n'est pas forcément tout cuit ! Surtout quand la jeune femme est très mignonne et que le nom de l'île est Gallops, il vaut mieux fuir à bride abattue...Une histoire très noire se déroulant un peu après la fin de la guerre.
« L'ours bigleux » ne se passe pas dans un zoo mais au sein de l'église catholique aux prises avec les problèmes de pédophilie de certains curés. Un texte un peu brouillon à mon goût, dommage l'idée était bonne.
« Virages dangereux » confirme une chose pour certains : le tabac tue, pour d'autres il rapporte ! Parfois il tue ceux à qui il a rapporté!
Un paumé même pas moyen, mais plutôt enveloppé trouve un chiot martyrisé dans une poubelle, sans le savoir sa vie va changer, mais rien ne sera facile pour lui et elle car une femme s'invite dans l'histoire. Un musicien dont la carrière est dans le creux de la vague est obligé d'habiter Boston, ville qu'il déteste, qu'il trouve froide et peu accueillante. Et surtout personne ne semble le reconnaître, chose très vexante, vous en conviendrez. Une femme chauffeur de taxi recueille un chien blessé, quel drame cela cache t-il ? Un détective asiatique aux prises avec deux poétesses, et c'est pas très poétique ! Pas grand chose ne rime entre les deux !
Une biographie des auteurs, mais contrairement aux recueils édités par les éditions « Asphalte » pas de playlist musicale, peut-être que la ville de Boston n'a pas inspiré beaucoup de chansons !
Extraits :
- Si la ville est beaucoup moins violente qu'elle ne l'a été, elle est également plus terne. (Extrait de la préface de Denise Lehane).
- Les lumières des pistes d'envol ont l'air de bracelets de pierreries posées sur un coussin de velours noir.
- Un homme qui réussit a la possibilité de cacher son passé ; un perdant s'enferre dedans.
- On ne maîtrise jamais rien.
- Les gens étaient méprisants et prétentieux. La courtoisie la plus élémentaire n'existait pas ici. Personne ne disait bonjour ou merci, personne ne vous tenait la porte.
- Au-dehors, la nuit était impénétrable et les arbres oscillaient comme des ivrognes, tandis que la pluie argentée tombait à l'oblique contre la vitre givrée.
- Elle portait une longue chemise de nuit rose transparente, qui, les premiers temps, excitait beaucoup son mari. Mais ça, c'était une autre histoire.
- Plutôt que de se contenter de survivre avec la taverne, elle pouvait négocier pour obtenir plus.
- Une unique fenêtre, pas nettoyée depuis l'époque où Hoover était président, donnait sur les néons clignotants de la place.
- Que si quelqu'un pouvait me conduire jusqu'aux îles et me ramener, c'était cet Irlandais cabochard de Billy Sullivan.
- La transformation s'était opérée quelque part entre deux villes et deux amants. Vancouver et Boston. L'économiste et Isaac, l'ingénieur chimiste.
- Puis il ajouta que les mecs qui parlent aux flics se répartissent en deux catégories : ceux qui sont vraiment cons et ceux qui se croient plus malins que les autres.
Éditions : Rivages : Thriller. (2011) .
Titre original : Boston noir (2009).