PRILLEUX Frédéric / Y'a pas de sots métiers !
Y'a
pas de sots métiers !
Frédéric
PRILLEUX (coordonné par)
Cent
fois sur le métier...
Note
: 3,5 / 5.
Neuf
fois sur mon clavier je me suis penché.... pour chroniquer ce
recueil annuel. Déjà diront certains, il est vrai que pendant
quelques années comme j'ai pris le train en marche, j'en ai lu
plusieurs, donc cela semble être passé plus vite.
Dix années, dix auteurs, Cyrille Aubry, Michel Chevron, Philippe
Delaoutre, Annick Demouzon, Pascale Fonteneau, Joseph Incardona*,
Francis Mizio*, Jérôme Picot, Dom Roy et Emmanuel Urien*.
Il
n'y a pas de sots métiers, c'est ce que l'on dit, mais parfois on
peut avoir des doutes, ici ce ne sont plus des doutes, mais des
certitudes ! Ou alors c'est que les gens les font sans conscience
professionnelle ou alors avec une certaine inconscience
professionnelle.
« L'odeur du cuir » débute ce
recueil, je me dis : tiens cela commence bien, une bonne vieille
odeur de cuir, j'ai donné plus que ma part, mais pas dans les gants
de boxe. L'histoire d'un jeune garçon dans le milieu du « noble
art », autour du ring et sa faune pour le moins étrange.
Un
autre jeune garçon un peu limité, Rodolphe Dendron ; grouillot,
c'est son titre et sa gloire. Le bâtiment mène à tout, c'est bien
connu. Alors quand Rodolphe découvre par hasard une lettre, il mène
son enquête! Mais malgré l'aide de Pythagore et de son théorème,
notre jeune garçon va faire quelques nœuds dans sa théorie....
« Boomerang »comme
son nom ne l'indique pas se passe en Louisiane, en 1964, il y a
longtemps. On espère que les choses ont changé depuis, mais est-ce
bien sûr?
« Comment
parvenir au dernier niveau », c'est l'histoire de Mario, de son
frère Luigi et de Peach, la femme de ses rêves. Le problème est
que le monde du travail est devenu un cauchemar (ne l'est-il pas
déjà? Je me pose la question, souvent). Une des nouvelles les plus
réussies de ce livre.
Dans
« Claque quarante », il est question d'un voiturier de
nuit, croisement de deux crises : celle du stationnement et celle de
la bourse. Et quand la bourse chute, certains boursicoteurs aussi, le
problème est qu'il y a des victimes innocentes, qui sont au mauvais
endroit au mauvais moment.....
Monsieur
Dairain cultive à l'insu de tous son jardin secret : devenir célèbre
adulé. Bref adepte d'Andy Warhol avant la date, il veut son quart
d'heure de gloire. Alors il remplit de notes son carnet, il s'isole,
et écrit. Quitte son travail pour noircir des pages et des pages, la
reconnaissance n'est pas au rendez-vous. Et
lorsque enfin il touche du doigt le but de sa vie, un malotru qui a
revisité le concept de la femme au foyer lui vole la vedette ! Pour
tous les métiers du monde, aussi rare soit-il, il faut des hommes et
des femmes pour les exercer. Un « Sommetier » en fauteuil
qui guette, scrute, observe, épie, est attentif à tout et à tous.
Les jumelles rivées à ses yeux, mais la pensée vagabonde, il se
souvient et ressasse, sa vie ou se qui aurait dû être sa vie...Et
sur la paroi un homme monte, monte de plus en plus haut...Il
y a des prénoms lourds à porter « Marguerite » par
exemple, effeuillons un peu beaucoup etc....Elle y a cru un moment,
mais maintenant l'âge est là et ses anciens amis meurent tous les
uns après les autres de leur belle mort. Un
marcel, ce n'est pas forcément un maillot de corps à trous et sans
manches, cela peut être également un homme de 37 ans célibataire
et pourquoi pas policier municipal, bref un homme bien sous tout
rapport, on en connait tous un de ce genre de personnages, enfin on
croit le connaitre ! Mais l'orgeuil est un vilain défaut ! La
vie n'est-elle qu'une vaste équation sur plusieurs niveaux ? La
question reste posée. Mais pour celui qui maîtrise tous les
paramètres, alors il faut choisir, le bien ou le mal....
Une
nouvelle rubrique cette année « L'auteur par lui même »,
excellente initiative, car pour certains d'entre eux, c'est la
première publication. Pas
une excellente cuvée, certaines nouvelles m'ont semblé hors sujet
et de moins bonne qualité que les autres années.
Extraits
:
-
En fait, je les vois encore ses jambes, comme ses cheveux et ses
dents. C'est des choses qui ne s'oublient pas, même si on a des
raisons pour.
-
C'est que je suis astigmate, j'ai aussi un problème de strabisme. En
fait je ne vois pas droit, précisa le jeune homme.
-
Sommetier ça s'appelle. À cause de sommet. À cause de la folie des
sommets. À cause. À cause de moi.
-
Elle aurait pas dû s'appeler comme ça. Mais c'est trop tard pour
changer.
-
Autant dire que rien ne préparait Marcel au travail du policier
municipal.
-
Quelques blancs fréquentaient régulièrement le Black Angel,
le sexe étant moins discriminatoire que les droits civiques.
-
Il aurait fallu plusieurs vies pour mener à bien tout ça, dont une
au moins pour glander de temps en temps.
-
Enfin c'était, parce que maintenant, Paris pour les pauvres c'est un
luxe. Les indigents sont à la capitale ce que le ramasse-miettes est
à la nappe.
-
Elle n'avait jamais su cuisiner sans faire le plus grand bruit,
peut-être pour compenser l'inéluctable fadeur de ses plats.
-
Mais la femme de Félix Dairain, à tout prendre, tenait plus du
chameau que de la nymphette ; elle n'était discrète qu'en
dormant......
Éditions
: Granit noir (2010).
Auteurs
chroniqués sur ce blog :
Incardona
Joseph : Dans
le ciel des bars.
Mizio
Francis : La
santé par les plantes
Urien
Emmanuelle. : La
collecte des montres.