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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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2 novembre 2010

GAC Danielle / Derrière les rideaux jaunes.

Derri_re_les_rideaux
Derrière les rideaux jaunes.
Danielle GAC.

Note : 4 / 5.
Autant en emporte.......la vie !
Romancière de Mellac dans le Finistère , donc pas loin de Lorient, qu'il me semble avoir croisé plusieurs fois, mais que je n'ai pas encore lu. Ce livre est son troisième, mais aussi son premier roman, je pense.
Un jour d'avril, sous une chaleur suffocante inhabituelle pour Plouhéran, Pauline H. apprend le décès de sa fille Annabelle qui, sans crier gare, était partie il y a onze ans. C'est la première fois qu'elle a des nouvelles et c'est aussi la dernière! Que s'est-il passé dans la vie de sa fille durant tout ce temps? Et de quoi Annabelle est-elle morte? Mort naturelle ou suicide ?
Et lorsque Clément, qui vivait avec sa fille, lui donne un morceau de papier avec les dernières volontés de sa fille, Pauline ne comprend pas réellement ! Annabelle veut être incinérée, et que ses cendres soient dispersées en mer et pour les participants une ultime recommandation :
« Manger tous ensemble sur la grève de Penfoulic ».
Mais la grève en question n'est pas si facile d'accès, et la mer a beau être d'huile, les incidents arrivent relativement vite...aucun ne sera dramatique, mais semblent bien incongrus dans ce pique nique maritime, préparé par un traiteur et où le vin coule à flot....
La vie ensuite pour Pauline reprend son cours, le travail, les amies, mais pas la routine, car petit à petit au détour d'une confidence, elle va découvrir une Annabelle insoupçonnée, loin de ce qu'elle imaginait. Elle va aussi apprendre qu'elle est revenue à Plouhéran à l'occasion d'un festival, non pas comme participante, mais plutôt comme marginale, et Pauline s’interroge sur elle même, sur l'éducation qu'elle a donné à sa fille, sur le fait qu'il n'y avait pas d'homme dans son entourage proche, pas de père, de frère....
D'interrogations et de sentiments de culpabilité, Pauline pense que pour comprendre, il lui faut vivre la même expérience : le départ, l'abandon d'un mode de vie du confort d'un chez-soi, de ses amies, de son travail pour un lieu inconnu....
Alors, un jour, un train, une destination, une ville « Virnoble ». Tout le monde ne descend pas du train, mais Pauline oui.....   
Pauline H., la mère, est un personnage très attachant, elle avait toujours un peu espoir qu'Annabelle revienne, elle vit dans sa tête la scène, elle est Annabelle, elle marche, elle approche, elle va entrer, revenir chez elle, mais un doute....D'un seul coup, cet espoir est brisé, et elle doit se plier aux rituels imposés par sa fille, et tenter, par bribes, de savoir comment se sont passées les onze dernières années de la vie d'Annabelle.
Annabelle, la fille fugitive, ne fait que passer, enfin ses cendres, en réalité. Car  son souvenir et, surtout  son absence, pèse d'un poids énorme sur la conscience de Pauline.
J'aime beaucoup les personnages secondaires de ce livre et les descriptions que l'auteur en donnent. Les amis d' Annabelle, Clément, (Clem) le compagnon, style brodequins et bières en packs de douze ou Tania, beauté reniée sous des tenues informes et des piercings provocants. Les trois marins (les trois glandeurs) n'ont rien de spécial en soi, mais point de vue commères non apprivoisées, ils se posent là ! On dit pourtant que les gens de mer sont des taiseux.... Madame Lagadec, vieille fille et ancienne institutrice bavarde comme une pie, Marguerite, la soeur de Pauline, bourgeoise pipelette ne reculant devant aucun sacrifice et ayant prénommé ses fils Jean-Eudes (le bêcheur) et Jacques-Edouard (le bouffon), Siméon marin accordéoniste qui ne loupe jamais une occasion de jouer une petite chanson! J'en passe et des meilleurs..... Sans oublier Mérule, le caniche de Madame Lagadec, qui, malgré son amour pour les pieds de chaises, n'a pas le pied marin...
Beaucoup de mélancolie, de chagrin et de retenue, mais un certain sens de l'humour et de la dérision dans le choix des personnages, ou dans la narration de certaines scènes qui pourtant ne devraient pas spécialement prêter à sourire. Par exemple lorsque tout le monde attend le bateau qui doit amener les personnes en mer pour la dispersion des cendres et le pique nique qui suit, reprenant une coutume encore vivace en Bretagne d'un repas en commun après les obsèques.
Durant la lecture de ce roman, l'auteur était invitée à la médiathèque de Lorient pour parler de ce livre qui est en partie autobiographique. Avec la question lancinante que pose pour elle la dispersion des cendres en mer, l'absence de lieu de recueillement et la disparition définitive de traces visibles laissées par sa fille décédée.
Ce livre est une plaque mortuaire, un hommage et l'expression du chagrin d'une mère.
Extraits :
- C'est pour vivre avec cet homme qu'elle avait disparu sans laisser d'adresse ? Pour ce rustaud aviné ?
- Non, ça ne me plaisait pas. Rien ne me plaisait. Ni l'idée de répandre ses cendres dans la mer, ni le repas d'adieu sur la grève de Penfoulic.
- Et j'ai su que j'avais perdu ma fille. Il ne me suffirait pas de regarder les Pierres Blanches à l'horizon pour la voir. Dispersée par les flots, elle ne serait, elle n'était déjà plus là.
- Comment ce marin barbu dans sa grossière vareuse défraîchie osait-il lui parler ainsi ?
- Pour une née native d'ici, Marguerite nous fatiguait, à la fin, à faire sa parisienne.
- Mais, qui  manipulait la réalité ? Annabelle pour se faire mousser auprès de Tania ou Tania par fidélité à Annabelle ?
- Un été particulièrement breton nous est tombé dessus.
- ….et rire avec toute la mauvaise foi dont je suis capable de ses marins d'eau douce qui ventousent les pontons.
- Excuse-moi, Hugues, mais, vu de chez nous, vos façons de vivre nous font plutôt rigoler.....
- Le paysage qui défilait de l'autre côté des vitres me disait que nous étions quelque part en France, mais plus en Bretagne.
Éditions : Danielle GAC / Mellac (2010).
Le site de Danielle Gac,
ici.

 

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Commentaires
E
Bonjour Cuné.<br /> D'accord je me couche plus tard, mais tu te lèves plus tôt, alors cela compense!<br /> Bises et à bientôt.<br /> Yvon
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C
Arrête avec ça, tu n'es pas vieux, Yvon, la preuve, je me couche plus tôt que toi ;o))
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E
Aux deux Sylvie<br /> Désolé, les vieux ne sont pas très rapides pour les commentaires, donc patience.<br /> A Sylire, après Carhaix, la suite à Poul Fetan n'a pas été triste non plus.....<br /> Bises à vous deux et je me mets au boulot!!!!!<br /> Mais j'ai trois jours à résumer!<br /> Yvon.
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S
Bonjour Yvon !<br /> Comme je te l'ai dit, j'avais bien aimé son premier livre, des nouvelles. Je tenterai certainement celui-ci.<br /> Bien remis ? (pour rebondir sur le com de Cuné).
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C
Mais, mais, mais.... Pas un mot sur ton week-end ? On veut tout savoir, nous :))
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