COLLECTIF / Trésor de la nouvelle / La littérature Scandinave

Trésor
de la nouvelle / La littérature Scandinave.
Collectif
/ Dirigé par Régis BOYER. Volume 1.
Note
: 3, 5 / 5.
La
vie en bleu.
Ne
croyez pas que d'un seul coup je sois devenu un adepte d'un
sport-business dont on nous rabâche les oreilles.
Le titre de
ces chroniques vient du fait que les pages de ce livre sont bleu
clair et les caractères bleu foncé!
Ce premier tome concerne les
auteurs danois : Anders Bodelsen, Tove Ditlevsen, Poul Ørum, Leif
Panduro, Villy Sørensen et Poul Vad. Les auteurs islandais sont
Thórarinn Eldjárn, Gunnar Gunnarsson, Jón Óskar et Einar Kárason.
Il va de soi que je n'en connais aucun!
« Le
signal » est une histoire angoissante sur la solitude du
narrateur dans un immeuble moderne. Seuls des bruits divers lui
rappellent qu'il n'est pas coupé du monde.... Mais quand ces bruits
semblent provoqués, est-ce un appel?...
« Le
meilleur des mondes » nous raconte la vie d'Henrik Petersen,
danois moyen un peu rondouillard. Une enfance pas réellement
malheureuse non! Une sœur un peu chipie, un père fatigué, une mère
aux fourneaux et une institutrice à la vue basse.... Quelquefois il
voudrait bien que tout cela disparaisse en fumée ou autrement...
« Les
lettres disparues » est une nouvelle très étrange, où il est
question de facteur assassiné dans un monde où presque plus
personne n'écrit! Enfin où personne ne reçoit de courrier...Et
cela peut provoquer des récriminations surprenantes...
« Rester
interdit » nous raconte l'histoire d'un homme qui se sent
obligé par une promesse faite à la veuve d'un de ses amis, poète
du dimanche.
« Le
fils » est une nouvelle d'un écrivain islandais, mais écrite
en danois, c'est la seule dans ce cas de figure, et l'auteur l'a
lui-même traduite ensuite en islandais. Snjólfur fils n'a pas la
vie facile à la mort de son père. Un texte qui, malgré la
tristesse du propos, évite le côté pathétique de façade, pour
une belle leçon de vie. Très beau.
Les
deux dernières nouvelles du recueil, « Douceur de ses yeux »
et « Une affligeante histoire » sont très étranges et
m'ont laissé avec un sentiment peu mitigé. La première raconte la
vie d'un jeune homme à la fin de la guerre et sa rencontre avec une
femme qui lui laisse un souvenir impérissable.
Un
juge en grande tenue qui a le pouvoir de vie ou de mort, un enfant
hanté par un rat, un autre qui a des pouvoirs surnaturels, un
gardien de musée amateur de puzzles et d’œuvres d'art, sont les
acteurs danois de ces nouvelles.
Un
poète surpris par un succès pas très mérité, un homme vivant
avec le souvenir d'une femme entre-aperçu et un enfant vivant avec
son oncle et sa tante sont les personnages des histoires
islandaises.
J'aime
beaucoup cette collection, car pour chaque ouvrage il y a une
préface, ici en l’occurrence, une préface générale, plus deux
introductions écrites par les deux traducteurs, Marc Auchet et Régis
Boyer. Et en fin d'ouvrage, une notice sur les auteurs permet de les
situer dans le temps.
Un
recueil très intéressant, mais à première vue je n'ai pas trouvé
pour l'instant de différence notable entre l'écriture des auteurs
danois et islandais. Par contre, j'ai constaté que les nouvelles
islandais sont, du moins dans ce recueil, très tristes et basées
sur la mort, soit d'un ami, soit d'un membre d'une famille du
narrateur.
Extraits
:
-
Déjà, je trouve un rien bizarre qu'un nom danois et un nom suédois
se trouvent ainsi accolés. S'agit-il de bons amis qui habitent
ensemble ou d'un jeune couple qui ne croit pas au mariage ?
-
Il regarda tendrement le pauvre garçon qui se tenait prostré, et
qui faisait penser à un fouet qu'on utilise pour le carnaval et avec
lequel on a plus l'envie de jouer parce qu'on lui a enlevé toute sa
décoration.
-
Si tu veux rencontrer l'épouvante, il te suffit de rester allongé
seul dans le noir et de l'attendre.
-
Quand on le voyait, il n'y avait pas le moindre doute : c'était bien
un garçon typiquement danois.
-
De l'argent, pouah ! Ce n'est pas l'argent qui nous manque. Les
lettres ou la vie !
-
De temps à autre, des visiteurs entraient dans le musée par
mégarde.
-
…. et j'y prélevai un pied de femme, un pied merveilleux, très
cambré ; on aurait dit que ce pied contenait la femme toute entière.
-
Sa dernière volonté, selon elle, était de rendre public son œuvre
poétique.
-
Ils pouvaient passer des jours sans échanger plus que quelques mots.
C'est ainsi qu'ils se sentaient le mieux et encore le plus proches.
Ils n'avaient qu'à se regarder pour se comprendre.
-
En automne, je suis amoureux de toutes ces jolies filles, et de la
beauté en général. À vrai dire, toutes les filles sont belles.
-
Et pourtant, il ne parvenait pas à croire à la beauté de l'automne
car elle s'efface devant l'hiver et ses tempêtes, symbole de la
réalité en Islande.
Éditions
: Les Belles Lettres (2009).