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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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26 avril 2010

SERRANO Jean-Louis / Le bateau sur la falaise.

Le_bateau_sur_la_falaise
Le bateau sur la falaise.
Jean-Louis SERRANO.

Note : 4  / 5.
Ophélie......aussi !
Recueil de onze nouvelles d'un auteur de ma génération que je découvre. Un tour du monde en bateau car le lecteur voyage de la Bretagne au Cap-Vert, et à Amsterdam sur les pas du Grand Jacques et des putains du port.
La nouvelle qui donne son titre à l'ouvrage est également une des plus longues et aussi un très beau texte. Un père, Jeannot, son jeune fils Petit Louis, Titou la grand-mère et Martine la nouvelle venue! Le père inquiet chronique, homme à tout faire, mais souvent à ne rien finir. Bricoleur aux idées délirantes, ayant des idées très arrêtées sur l'éducation de son fils, que l'on peut résumer en quelques mots, «  tout mais pas l'école » malgré de nombreuses visites de l'instituteur et de la gendarmerie. Son épouse est partie un jour lui laissant Petit Louis. La vie suit son cours, mais un jour Martine s'invite dans la vie familiale. Celle-ci qualifiée par l'auteur de «  calamité sur pattes » est pleine de bonnes intentions, de bonne volonté mais.....Une très belle histoire pleine d'humour et de tristesse. L'existence d'un homme un peu marginal essayant de vivre à son idée.
« Le sourire d'Ophélie » pourrait avoir comme sous-titre « L 'amour est aveugle ». Sorte de conte moderne à la fois cruel et désopilant qui se passe dans le midi au bord de la mer dans un petit port de pêche. Quelques commères, qui bien évidement, allient méchanceté et langue de vipère, cancanent et font la pluie (rarement) et le beau temps (souvent, on est dans le midi). Leur cible favorite, Ophélie - pour ne pas être trop méchant, disons qu'elle a un physique pour le moins ingrat (quelques descriptions de l'auteur sont savoureuses). Mais un bruit, une rumeur va naître, grandir et Ophélie va devenir l'objet de toutes les attentions masculines..... Une fin très morale pour une lecture qui m'a bien fait rire.
Les autres nouvelles sont plus courtes, parlent de pêcheurs, de bateaux et d'histoires de famille, comme dans « La Brouette de Jules », de naissance dans « L'épreuve » ce récit, à la chute très surprenante. Le dépaysement et la misère humaine sont évoqués dans « Lola d'Amsterdam ». La haine et la mort sont les ingrédients de « La pêche au requin », évocation d'une rancune tenace. Un retour au pays qui n'est pas une réussite, car le monde change et parfois on magnifie des endroits que n'existent plus que dans nos souvenirs.
Quelques personnages savoureux, et des portraits qui peuvent sembler au vitriol, par exemple des Laurel et Hardy féminins. Émilie personnage secondaire est décrite comme suit :
- Émilie crachée, avec  sa trogne de raie frisée, son ridicule bonnet de dentelle blanche, ses gougouttes énormes et son ample jupe taillée dans un chapiteau de cirque.
Pour Ophélie (l'auteur est pourtant plein d'égards pour elle) :
- On ne recourait pas au vocabulaire floral pour qualifier la jeune fille. L'extrême minceur de ses membres et son teint de cendre évoquaient plutôt quelque saucisse oubliée dans un recoin de la charpente. Le temps qui passe sur elle la desséchait et la rendait insipide.
D'autres hommes ou femmes  passent au détour d'un récit, attendrissant comme Marcel, retraité, mais veuf, il aime la pêche et la mer, mais parfois il faut se méfier de l'attirance de celle-ci. Et que dire d'Antoine, le chef cuistot ou de Jules, marin du Pouldu, gens ordinaires, héros bien involontaires de toutes ces récits.
Deux histoires assez longues et quelques textes plus resserrés, et pourtant l'ensemble est très cohérent.Une lecture tout à la fois triste et jubilatoire et un humour dans l'écriture, en particulier dans la  description des personnages que personnellement j'adore.
Une découverte, il est rare que je me surprenne à rire en lisant et ici cela m'est arrivé plusieurs fois.
Extraits :
- Papa est indispensable à la population : un inquiet d'utilité publique. Il exécute ce que les autres ne savent pas faire.
- Papa dit qu'elle a juste assez de cœur pour elle seule, mais assez de fesse pour réjouir une caserne de pompiers.
- Épuisé, heureux, il allait s'endormir. Il n'avait plus envie de bouger.
- Et pourquoi tu te laves les mains alors que tu les as jamais retirées de tes poches pour prendre un outil, hé feignasse.
- Et moi, je suis de la race des saumons ? Je mourrai dans la source qui m'a vu naître.
- Ces pêches étaient périlleuses, on le savait. Souvent un matelot ne revenait pas et il se trouve toujours un homme pour le remplacer.
- On y distille un venin capable d'empoisonner l'air de Six-Fours à Bandol plus sûrement qu'une diarrhée nucléaire échappée d'un Tricastin incontinent.
- Il en va ainsi des grandes figures de notre temps : un jour au zénith, le lendemain aux oubliettes.
- Il a été sauvé par tous ces pastis qui lui ont tiédi les artères jusqu'à la fin de sa vie. Sans lui, les usines Ricard en seraient aujourd'hui à vendre de la lessive......
- Tiens, voilà la gigasse. Pour elle, il est plus facile de faire parler de son cul que de son intelligence.
Éditions : An Tu All ar Mor (2004)

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Commentaires
E
Bonjour Laurence.<br /> Je ne connais pas ce titre d'Anatole Le Braz qui est un grand nom de la littérature bretonne.<br /> Le seul que j'ai chroniqué est « Le gardien de phare », sombre histoire de vengeance.<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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L
Bonjour Yvon, Pas ( trop ) de rapport avec cette chronique littéraire par ailleurs intéressante puisque je ne connaissais pas ce livre, mais toujours à propos d e Bretagne, j'avais une question à te poser : il m'a été conseillé un roman : Anatole le Braz, la légende de la mort. As -tu entendu parler de ce livre ? l'as tu chroniqué ? <br /> <br /> PS : toujours rien à voir, mais je suis entièrement d'accord avec la dernière phrase de ta chronique ! -lol -
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E
Bonjour Gwenaëlle.<br /> Chez cet éditeur j'ai lu quelques romans de bonne qualité , en particulier un policier d'Isabelle Amonou et un livre très original d'Emmanuelle Sévère. Deux découvertes.<br /> A bientôt.<br /> Yvon
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G
Je sens que ça va me plaire... Ce serait aussi l'occasion de découvrir cette petite maison d'édition dont j'ai vu quelques ouvrages mais dont je n'ai rien lu...
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Littérature d'Irlande,de Bretagne et aussi d'ailleurs
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