TURSTEN Helene / Le diable de verre
Le diable de verre.
Helene TURSTEN.
Note : 4,5 / 5.
Sainte famille.
Second roman que je lis de cette romancière suédoise après «Un torse dans les rochers» qui fut finaliste du grand prix du roman policier de la SNCF.
Nous retrouvons donc Irène Huss avec quelques cadavres sur les bras. Trois exactement et de la même famille!
Un homme marche dans la nuit, il se sait en danger, les mots famille et vengeance défilent dans sa tête. Un directeur d'école s'inquiète qu'un de ses professeurs soit absent, on le découvre assassiné. Et ses parents également à quelques kilomètres de distance! Des pentagrammes tracés avec le sang des victimes évoquent la piste des « Satanistes » car une église a été brulée peu de temps auparavant et il semblerait que les hommes de cette famille enquêtaient via internet sur cette mouvance. Or les ordinateurs ont été très soigneusement vidés pour un but bien précis! Les anciens de la police se souviennent du « meurtre pourpre » crime particulièrement odieux jamais résolu. Faut-il chercher dans les zones d'ombre de la famille, les problèmes psychiques de la mère et des enfants ou dans le monde scolaire et religieux? Des bruits de détournements de fonds de la part de la comptable au niveau de vie très élevé circuleraient, mais tuer trois personnes pour cela, c'est très cher payé! Il reste la piste de Londres, Irene se rend en Angleterre pour rencontrer la survivante Rebecka mais malgré l'aide de la police, la rencontre n'est pas des plus simple car celle-ci paraît surprotégée! Et Irene est agressée de nuit : les responsables sont connus des service de police, leurs surnoms, «Le fossoyeur» et « Le boucher ». Difficile de parler de simple tentative de vol à l'arrachée...
Et pendant ce temps là, dans la Suède éternelle et profonde, la drogue fait son bonhomme de chemin, avec son cortège de meurtres et de guerre des gangs....Bien loin de l'image d'Épinal véhiculée par ce pays.
Irène et sa famille : Krister son mari chef cuisinier (très bon plan pour une épouse toujours par monts et par vaux ), les jumelles Jenny et Katarina et le chien Sammy, semblent une exception dans la littérature
actuel. Pas de policier alcoolique ni drogué, pas de ripoux : la police suédoise est au dessus de tout soupçon.
La famille Schyttelius : Jacob le fils tué le premier, Sten le père et Elsa la mère qui ont suivi ne sont pas visiblement morts par erreur, qui pouvait bien leur en vouloir à ce point et pour quels motifs ?
Rebecka la fille qui vit à Londres court-elle un danger? En tout état de cause elle parait effrayée. Le monde des pasteurs n'est pas non plus exempt de reproches : Urban Berg, les Måårdh (Louise et son époux Bengt) et Eva. Sous des apparences de respectabilité se dissimulent quelques rancœurs tenaces. Qui seront affichées au grand jour par Kurt Höök le journaliste dont la Une ne passera pas inaperçue! Dieu a dit " aide toi et le ciel t'aidera", mais c'était il y a longtemps! A Londres, en plus du policier qui l'aide dans son travail Irene découvre le monde de Rebecka et ses ambiguïtés. Christian Lefèvre sosie de John Lennon, français qui travaille lui aussi dans l'informatique, et qui l'avait accompagné en Suède, employeur ou amant? Ou le Docteur Fischer, personnage étrange, psychiatre de renom aimant les femmes beaucoup plus jeunes que lui!
J'aime beaucoup les romans qui font découvrir un pays d'une manière peu courante comme ici. L'auteur au passage nous fait découvrir une facette de l'éducation suédoise, celle confiée à l'église qui, ici est une
entité en elle même un business comme un autre. Comme dans « Un torse dans les rochers » le roman se déroule dans deux pays différents, ici la Suède et l'Angleterre.
Une très bonne intrigue, une histoire plutôt glauque pour un très bon moment de lecture.
Quelques lignes pleine d'humour quand l'inspecteur de Scoland Yard Glen
Thomsen et Andrew St Clair, écossais pur malte (enfin presque) évoque le rôle de l'Angleterre dans l'histoire de leur pays!
Extraits :
- Oui, un loup solitaire, c'était encore le terme qu'il décrivait le mieux.
- Nous avons un tableau pour déterminer quel pasteur est de garde, puisque nous n'avons qu'un pasteur dans chaque paroisse.
- Les maisons des pasteurs servaient aussi de maisons pour les fidèles. C'est pourquoi on les construisait si grande.
- Qui pouvait souhaiter l'anéantissement de la famille Schyttelius? Et pourquoi ? Rébecka Schyttelius était-elle aussi en danger ?
- Les trois membres de la famille qu'elle avait vue dans la réalité était mort, la tête explosée.
- Irène n'avait jamais imaginé l'église comme un employeur avec un fort impact économique, mais visiblement c'était le cas. Stern Schyttelius avait été le directeur et le responsable de cette paroisse ou de cette communauté, peu importe les termes.
- Jacob avait épousé sa mère en plus jeune.
- Les questions religieuses n'étaient vraiment pas son fort, mais dans l'enquête qu'elle menait elle s'était sentie à plusieurs reprises trop ignorante. La famille Huss était à l'image de la plupart des familles en Suède, à savoir qu'ils allaient l'église pour un baptême, un mariage ou un enterrement, sinon jamais.
-Le fumet de « La tentation de Jansson », le gratin d'anchois épicé s'échappait du four. C'était le plat préféré d'Irene pour les grandes occasions comme Noël et Pâques.
Éditions : Michel Lafon (2010)
Titre original :Glasdjävulen (2002)