COLLECTIF Romans d'une ville / Paris, rive chaude.
Paris, rive chaude.
Collectif/ Romans d'une ville.
Note : 3,5 / 5.
Après vous, Mesdames !
N'allez pas croire que parce que ce sont des femmes qui écrivent que les nouvelles sont moins noires ! C'est souvent le contraire et ce recueil le prouve encore une fois, si c'était nécessaire. Par ordre alphabétique, Hélène G. Couturier, Sylvie Granotier, Anne Matalon, Nadine Monfils, Chantal Pelletier et Dominique Sylvain trempent leur plume dans l'encre noire. A part un petit déjeuner à Penmarc'h avec Nadine Monfils, je n'en connais aucune.
« La grosse » ouvre ce livre. Claire était une enfant normale, enfin presque....Lisa est obèse, très obèse. Claire aurait pu être heureuse, si ses parents avaient été normaux. Lisa elle refuse le bonheur, enfin elle le dit ou le revendique.Un jour dans la vie d'une jeune fille qui a fugué, la liberté c'est bientôt, le sentiment de liberté plutôt, le jour de ses dix-huit ans. En attendant, il faut vivre, trouver de l'argent pour manger, manger et encore manger. Un destin noyé dans un Paris glauque, et comme elle dit elle même :
-Elle sait se rendre transparente comme de l'eau claire.
La vie c'est de la crotte, c'est ce que se dit Maryse dans « Scato Blues ». Il faut dire que de balayer les rues du 8eme arrondissement de Paris, ce n'est pas toujours une sinécure, les petits chiens à leurs mémères lèvent la jambe comme leurs congénères des autres arrondissements moins huppés. Mais la vie vaut-elle une déjection animale sur un trottoir...... A moins qu'un autre motif!
Un taulard qui sort de prison, c'est une proie idéale pour une femme qui a de la suite dans les idées, surtout qu'un gros magot est caché quelque part et que seul cet homme connait son emplacement!
Mais pour Aldo, une femme qu'il ne connait que par correspondance et qui se montre trop attentionnée, n'est-ce pas louche? Que son ex-compagne revienne à la charge, là c'est logique, mais qu'en plus il faille se retrouver dans le lit que la nouvelle locataire de son ancien appartement....
On comprend d'où vient l'expression « Les bijoux de famille », mais « Le prince charmant », il le mérite, le titre de sa nouvelle.
« Le prix de l'innocence », c'est une histoire de cousins et cousines, de copains et de copines, de Daniel à Juliette et de Marion à Martial! Malheureusement la vie n'est pas un long fleuve tranquille! Une histoire qui commence sur le ton de la plaisanterie, mais qui se termine mal.
« Les monte-en-l'air sont fatigués » nous promène dans Paris, avec Modigliani, Wateau, Caravage, Turner, une très belle histoire haute en couleurs bien sûr! De la rue Boissy d'Anglas à la rue de Bagnolet en passant par la Nation et l'avenue du Trône, ballade dans ma jeunesse !
Le feu d'artifice final avec « L'homme à tout faire » conte macabre, immoral, mais jubilatoire et tout ce qu'il y a d'écologique! Robert, Marcelline et Ernest, quel trio! Pauvre Robert, homme à tout faire est une appellation dangereuse et qui peut prêter à confusion!
Une grosse, qui cache sa détresse, une dame sans problème apparent et son toutou, une capitaine de police, un photographe un peu mage, un dénommé Daniel Martin qui n'est pas un âne mais pas loin! Pris pour un autre, il épousera sa cousine Marion! Un bricoleur qui rêve de s'envoyer en l'air, la réparation est au cinquième étage, pour la bagatelle c'est le septième ciel! Et cela n'a rien de commun!
J'ai moins aimé « Scato Blues » qui est trop « conventionnelle » à mon goût, se rapprochant trop du roman policier classique, ainsi que « Le prix de l'innocence »trop « léger » mais ne boudons pas notre plaisir.
Extraits :
- Désormais, personne ne lui manque. Oiseaux de mer survolant les décharges, elle sait prendre le monde par ses égouts.
- Et c'est pour cela que le mot « altercation » est peu adapté à l'affaire qui nous occupe. Alors on va creuser plus profond.
-Un désir exempte de toute considération sociale : c'est de l'amour.
C'était à Paris un 14 juillet, chaleur à crever, mes examens foirés et à part ça quoi de neuf ?
- Le Turner est là. Petit. Venise! De fines architectures dans la brume.
- Elle me regarde comme si j'étais la tour Eiffel. Doit être en manque ! Ça va être torride tout à l'heure !
- Il n'était pas encore parti à cause d'un client qui avait avalé l'eau de javel. Paraît qu'il avait pris ça pour du muscadet !
Éditions : Autrement/ Romans d'une ville. (2000)