BONNET Georges / Un jour nous partirons
Un jour nous partirons.
Georges BONNET.
Note : 5 /5.
De jadis à aujourd'hui.
Je ne connais pas du tout cet auteur, mais un recueil de nouvelles a toujours un attrait particulier pour découvrir un écrivain. Il a fait ses débuts de romancier à 81 ans !
« Alors je serai poète » qui ouvre cet ouvrage est un petit texte très court de trois pages, plein de poésie et d'espoir. Un bon début qui laisse augurer plein de merveilles.
« Je n'aurais pas aimé qu'il me dise merci ». Un homme et son ami sont à la fête foraine, il sent qu'on lui vole son portefeuille. Il se retourne vivement et frappe, ancien champion de boxe, il a encore le poing très sûr. Mais son côté bon samaritain se réveille......
« Un dimanche perdu ». Un enfant prend son vélo, son équipement de football, puis il part jouer un match dans un village voisin. Village distant de 18 km, les collines font mal aux jambes, les routes peu entretenues entraînent des crevaisons. Le terrain est un pré, les poteaux sont tout de guingois. Et il faut revenir, les jambes lourdes. Ce jeune garçon a maintenant 93 ans, il raconte un dimanche à la campagne à son petit-fils. À la télévision, des pseudo-supporters sortent d'un stade....
Quand elle était enfant, sa mère reprochait à Stéphanie de trop aimer Amandine. Le temps a passé, Stéphanie aime toujours Amandine, l'une a vieilli, mais l'autre pas.
« Un sourire pourrait tout effacer ». La nouvelle qui clôt ce recueil est une très belle histoire. Un couple âgé sans enfants, le temps passe, l'homme petit à petit décline. Sa femme le veille, s'en occupe sachant que la mort avance inéluctablement. Un texte plein de pudeur et de tendresse, le récit d'une fin de vie.
Des personnages de tous les âges de la vie, des gens simples, des récits ordinaires. Des nouvelles comme je les aime. La personne la moins ordinaire de ce livre, c'est en définitif l'auteur.
Une femme marche chez elle, lentement avec gravité, elle contemple son décor familier. Chaque objet lui rappelle une vie d'avant. À petits pas, sur la terrasse, elle s'installe sur une chaise et attend.....
Compagnon a pour seule compagne la solitude, vieux garçon parfois il se laisse aller à boire. C'est un homme simple, sans envie, mais la vieillesse et la maladie semblent là.
On a tous un jour ou l'autre collectionné les images fournies dans certaines tablettes de chocolat par exemple. Un enfant cherche désespérément la figurine de Ladoumègue. Il devient la risée de la classe. Que de souvenirs dans ce court texte. Acheter du chocolat à l'épicerie du coin et l'ouvrir impatiemment !
Du sport encore, arbitre le dimanche et croque-mort en semaine, ou alors pilier de rugby et borgne, c'est la vie, mais c'est aussi la mort. La mort on la retrouve, dans « La justice du cimetière », car dans les cimetières, certaines tombes sont somptueuses et d'autres misérables. Dans la nouvelle qui donne son titre au recueil, un homme et une femme sont dans une gare, ils attendent un train...
J'ai éprouvé beaucoup de joie à lire ce recueil : l'écriture qui semble ordinaire, mais fouillée, y est pour beaucoup. Cet auteur nous parle d'une époque où la vie était simple. Le temps de surconsommation n'avait pas encore frappé. Ce petit garçon allant jouer au football en est l'illustration. Compagnon, dans son existence monotone et solitaire, est un sage. C'est sa vie, il ne faut pas envier celle des autres.
Extraits :
- Des fenêtres s'allument. Des maisons prennent place dans l'eau.
- Des rites doivent être suivis. Des lenteurs sont de mise. Il convient de progresser avec prudence.
- Des supporters dévoués avaient gratté les bouses laissées par les vaches durant la semaine.
- Elle est riche, mais il ne l'envie pas. Elle est à sa place, lui est à la sienne, comme l'a voulu le destin.
- Sa tête est habitée de ténèbres.
-Elle s'enthousiasmait : - prenez donc « Pêcheurs d'Islande » vous verrez c'est merveilleux.
- Une grosse femme, sur son seuil, ne ressemblant pas à sa maison.
- Elle était pâle et ses yeux brillaient intensément.
Je l'ai trouvé très belle.
- Je n'y pense pas, c'est toujours le même train que j'attends.
- Celui qui a partagé sa vie, et cet autre qui continue de vivre près d'elle, ne font qu'un.
Elle l'accepte tel qu'il est.
- Elle reste à ses côtés, lui parle de faits anodins.
Elle ne joue plus avec certains souvenirs.
- La maison possède six fenêtres, mais celle qui donne sur le jardin est la seule à pouvoir provoquer le rêve.
- Il y a encore des petits gestes qui empêchent de mourir.
Éditions : Le temps qu'il fait. (2008)