BUAN Hugo / Hortensias Blues.
Hortensias Blues.
Hugo BUAN.
Note : 4 / 5.
L'hortensia, c'est pour offrir?
Premier roman de cet auteur Malouin, donc une découverte totale.
Nous sommes à Rennes, ou plutôt dans un quartier huppé de la capitale bretonne. Le commissaire Workan arrive sur les lieux d'un meurtre, une maison médicalisée « L'Albatros ». Un dentiste, Marotan y a été tué, l'instrument du crime : une canne de golf, mais chose étrange, un hortensia bleu est posé sur les fesses du mort! Commence alors ce qui ne semble qu'une enquête de routine : interrogatoire de la veuve qui révèle que feu son mari était un coureur de jupons et que parmi tous les maris trompés, peut-être que? Le personnel féminin ? Bref quelques pistes, mais rien de concret. Workan apprend un contentieux entre le mort et le psychiatre Michel Avril, est-ce suffisant ? En tout cas, il l'arrête!
Septembre semble un peu tôt pour une épidémie de grippe, mais de meurtres non. L'Ankou fait sa vendange. En effet Chabrier qui exerce dans le même immeuble, ami de golf du défunt dentiste, est également tué d'un put en pleine tête. Le club de golf se transforme en club des défunts! Le docteur Avril étant toujours en garde à vue, il semble qu'il faille chercher un autre coupable? Même méthode, même fleur, même assassin? Les recherches se poursuivent, mais dans plusieurs directions à la fois, les épouses sont interrogées révélant certains secrets, Chabrier ayant épousé la première épouse du dentiste assassiné! Certaines spécialistes de « l'Albatros » ayant eu des aventures avec Marotan! Les feuilles mortes et les cadavres se ramassent à la pelle, quelqu'un en veut (c'est un euphémisme) aux membres du cours médical masculin exerçant leurs talents dans cette maison médicalisée. L'enquête est de plus en plus ténébreuse et réserve encore pleins de surprises, car le mode opératoire change, les crimes se délocalisent, se mettent au vert! Et comme Workan est daltonien, il voit rouge!
Le commissaire Lucien Workan, Toulousain de coeur et Polonais d'origine, une affaire familiale l'a fait muter il y a quelques années à Rennes. Chose qu'il ne regrette pas. Honnêtement j'ai du mal à avoir de la sympathie pour le personnage, son comportement comme avec le docteur Avril est vraiment malsain. Il peut également être méprisant pour ne pas dire odieux avec ses subalternes ou les personnes mêlées de près ou de loin aux crimes. Bref un homme blessé par ses propres problèmes familiaux, il vit en effet séparé de son épouse et de sa fille, et il le supporte très mal. Personnage intègre, ses rapports avec sa hiérarchie sont pour le moins conflictuels, surtout quand les victimes appartiennent à la bourgeoisie rennaise. Par contre je me dis qu'un homme aimant l'andouille de Guémené ne peut pas être tout à fait sans qualités!
Leila et Lerouyer, ses deux adjoints, sont tellement différents que chacune de leurs rencontres est sujet à des disputes diverses, ils sont pires que des collégiens infantiles! Bref, les vannes et vacheries de toutes sortes volent bas.
Le roman se déroule sur une dizaine de jours, donc pas de temps mort (mais des morts oui!) ni dans l'enquête, ni dans l'écriture de bonne qualité, mais souvent très imagée avec un humour caustique, en particulier dans les accrochages entre les enquêteurs. Une bonne histoire, mais des personnages pas très attachants car vraiment trop futiles dans leurs relations et leurs comportements.
Ayant travaillé dix ans à Rennes, j'ai eu beaucoup de plaisir à essayer de revoir les lieux où se déroule ce roman.
Un petit mot sur la présentation de ce livre, qui je trouve, est très réussie. Le style et la taille des lettres (j'ai failli dire « la police »!) rendent la lecture aisée et la présentation des pages est très aérée, ce qui ajoute au plaisir de la lecture. Cela mérite d'être souligné et l'éditeur d'en être remercié.
Extraits:
- Il avait vu pas mal de crimes, d'embrouilles, mais celui-ci le laissait perplexe.
- Il aimait ce peintre anglo-irlandais (Francis Bacon), dont les portraits exprimaient la douleur et le déchirement.
- En fait le divisionnaire n'aimait que Pont-Aven et Gauguin, parce que ce n'était pas loin de chez lui.
- Vous allez voir, Leila et Frémont, tous les deux enfermés dans un bureau avec le fichier du dentiste, ça va réveiller les volcans d'Auvergne.
- Vous ne pouvez pas imaginer pour quelles broutilles on peut tuer, docteur.
- C'est exact, j'ai beaucoup d'humour, je suis le fils spirituel de Vladimir Poutine et de Margaret Thatcher.
- Il l'emmerdait grave, le dévitaliseur de canine, une vrai kalachnikov entre les jambes.
- Ça s'est terminé en véritable boxon. Moi j'te dis....à côté, Yalta c'était une réunion Tupperware.
- D'abord elle est baraquée vaut voir comme...on dirait une Walkyrie de Wagner.
-Il fallait un prénom celtique ou gaélique pour échapper à l'extermination en Armorique.
Éditions : Pascal Galodé éditeurs. (2008).