SILVAIN Pierre / Julien Letrouvé, colporteur.
Julien Letrouvé colporteur.
Pierre SILVAIN
Note : 3 /5.
Livres & secrets.
Roman sélectionné pour le prix « Cezam ».
Je ne connais pas du tout cet écrivain, pourtant prolifique, à la bibliographie bien remplie.
Nous sommes en 1792 et nous faisons la connaissance de Julien, alors qu'il va chez l'imprimeur Garnier pour acheter des livres, qu'il colporte dans l'Est de la France.Julien Letrouvé, comme son nom l'indique, est un enfant abandonné. Il est recueilli dans un village et est élevé en compagnie des femmes dans l'écreigne, endroit strictement interdit aux hommes. Une des femmes va lui faire découvrir la lecture. Nous le suivons dans son enfance campagnarde, garder les cochons et autres activités. Il se rappelle de quelques visiteurs, le collecteur de la dîme par exemple, et la ruse des villageois pour cacher leurs quelques biens.Le montreur de marmotte qui donnera à Julien l'envie de devenir colporteur, une vie simple en somme . En grandissant les femmes le chassent du cocon où il avait vécu jusqu' à présent. Il entre dans le monde dur des hommes.Commence alors une vie de marche et de solitude, des déplacements de ville en ville par n'importe quel temps, les veillées dans les fermes retirées. Le fêtes, les foires et les marchés vendant ses livres, symbole de la Révolution en marche. Mais hors de France, l'ennemi s'organise, la coalition prépare la guerre.Il est présent à Valmy, où l'auteur nous parle du côté peu glorieux de la guerre, la dysenterie qui frappe les armées prussiennes, les désertions nombreuses et de sa rencontre avec Voss. Ils partent ensemble, sympathisent et le prussien lui racontera le secret qui hante sa vie.
Julien est un homme qui lui aussi cache quelque chose. Il cherche également quelqu'un, une femme qui aurait un savoir que lui n'a pas.Voss, le soldat déserteur, deviendra le compagnon de route de Julien. En proie à d'horribles cauchemars, il avoue avoir assassiné un homme durant son passage dans l'armée.Homme érudit , il dit avoir fréquenté Voltaire et l'empereur Frédéric Le Grand. Il lit et pense parfois en français.
Un livre, court et bien écrit. Mais je suis un peu resté sur ma faim, et je ne pense pas en garder longtemps le souvenir. Je n'ai pas réellement compris la finalité de ce récit. La première partie traitant de l'enfance de Julien m'a beaucoup plus intéressé que la suite. Il est conseillé d'avoir un dictionnaire à portée de main.J'ai un sentiment mitigé à la fin de cette lecture, me demandant si je n'ai pas loupé quelque chose?
Extraits :
- C'était, ce n'était que le colporteur.
- Mais on n'en était pas encore arrivé aux jours maudits que les angoisses de M. Garnier anticipaient.
- D'un écureuil, l'enfant avait la rousseur foncée que le moindre rai de soleil dans le feuillage faisait flamber.
- Les mots aux mots s'ajoutant prenaient sens, il avait délaissé l'amusement puéril, une lumière, une pluie d'or allaient descendre sur lui, la fulgurance d'une révélation l'éblouir. Il écoutait.
- C'était cela, il ne pouvait s'empêcher de devenir un homme. Et il savait que l'étant devenu les femmes ne le prendraient plus dans l'écreigne. Il avait quinze ans.
- Il contracte à son tour, plus noblement qualifié de maladie des Prussiens « La courante ».
- Il venait de prendre conscience d'une chose qui le stupéfia : depuis un moment il ne pensait plus qu'en français.
- « J'ai eu peur, tu étais parti si loin dans les mots, mais tu es revenu ».
- La voix se tut, le soldat referma le livre, le replaça dans sa boite.
- Il parla de sa dernière nuit dans la compagnie des femmes.
- Elle était jeune, déjà fanée, le corps perdu dans des laines grises d'aïeule.
Éditions :Verdier.
L'avis de Sylire, ici