FAILLER Jean / Le gros lot.
Le gros lot.
Jean FAILLER.
Note : 4/ 5.
Joie et tristesse.
Recueil de neuf nouvelles datant de 1996. Jean Failler est surtout connu pour sa série policière ayant pour héroïne Mary Lester. Je pense que ce livre est son seul recueil de nouvelles.
"Le gros lot", c'est souvent un grand bonheur, mais peut-être aussi la cause de bien des malheurs. Un homme va se suicider, se pendre, il laisse une lettre pour expliquer les derniers mois de son existence, un ticket de pronostic de football qui a ruiné sa vie et brisé sa famille. L'argent ne fait pas le bonheur, dit-on, mais la perte d'un rêve est une source de déception parfois très cruelle.
Un petit commerçant est aux prises avec le fisc. C'est le pot de terre contre le pot de fer, me direz-vous. Eh bien pas forcément, lisez la nouvelle "L'encadreur" et malgré que l'histoire ne soit pas très morale, elle prouve "qu'à malin malin et demi". L'inspecteur au final ne pouvait plus encadrer l'artisan!
"Le chat de Madame Gaspard" est une histoire que j'adore, d'accord le chat de Madame Gaspard meurt, même deux fois, Madame supporte la première fois, mais pas la seconde. Pauvre Monsieur Gaspard, perdre en si peu de temps son épouse et son chat!
Un fonctionnaire des impôts qui veut tuer le médecin qu'il consulte pour une question de pourboires! Quelle nouvelle!Une histoire cochonne pour faire bonne mesure, où un jeune quartier-maître de l'école des mousses se trouve pratiquement obligé d'acheter une douzaine de préservatifs. La jeune pharmacienne est gênée, lui aussi, mais le vieux pharmacien et les clients sont goguenards! Faites les courses pour les autres! Moralité, cochon qui s'en dédit!
Un petit curé de campagne est hébergé pour la nuit par un curé de la ville de Quimper. Lui venant d'un pauvre village de Cap Caval dont les habitants ont la réputation d'être des naufrageurs, sa vie est faite de privation, la faim est souvent son lot quotidien. Alors qu'en ville, ce n'est que luxuriance et faste, bonne chère, bon vin et même une louche en argent pour servir la soupe. Mais la servante du curé quelques jours plus tard constate que cette louche a disparu. Ce petit curé ne peut qu'être le coupable? C'est sûr?
Un dimanche matin, suite à un repas plus qu'arrosé la veille, vous parlez et vous vous fâchez avec un étourneau et vous lui tirez dessus. Expliquer cela devant un tribunal, vous allez vous faire traiter de tous les noms d'oiseaux possibles et imaginables.
Évitez braves gens de vous moquer d'un colosse qui paraît inoffensif, certaines blagues peuvent très mal tourner.
Un soir de Noël, un vieil homme veuf n'a plus que son vieux chien comme compagnon.Un chauffeur pressé d'aller acheter son champagne pour le réveillon, le renverse et tue son chien. Et vous voulez encore croire au père Noël! A moins que Dame Conscience vienne se rappeler au bon souvenir du chauffard.
Beaucoup d'un humour très pince sans rire dans "La louche", un humour à la guignol, quand l'encadreur berne l'inspecteur des impôts. Mais beaucoup de tristesse aussi dans "Le revenant' et surtout dans "Noël en GTI".
Une belle écriture, limpide, un très agréable moment de lecture qui nous pose quelques questions sur notre comportement quotidien, où un fait insignifiant peut prendre une tournure inattendue et parfois tragique.
Extraits :
- Le superflu! C'est un mot qui n'a pas cours dans le quartier.
- Mon prochain accrochage, il est là! Une poutre, une corde de nylon, et on se sépare définitivement, sans cris, sans fâcheries, sans préavis, sans indemnité.
- Le petit curé eut une pensée rancunière pour Marie-Jeanne, sa carabassen, à son air mal-en-groin, à sa voix stridente, à sa silhouette émaciée....
- Monsieur Gaspard avait le droit de regarder la télévision après le dîner et c'est Madame Gaspard qui choisissait le programme.
- En somme Antoine P. menait la vie dont monsieur rêvait secrètement.
- Pourquoi un merle n'admirerait-il pas une jolie femme?
- On nous refait le coup du Saint-Esprit, version porcine?
- Il était le gendarme et tous les autres des voleurs.
- Ah oui, docteur, c'est encore mes veines de varices qui me font du souci!
- Putain de clébard! Mon spoiler a pris un jeton.
- Et la voiture? s'enquit un monsieur qui devait faire partie de la Société Protectrice des Automobiles.
Éditions :
Coop-Breizh. Rééditions: Palémon (2008)
Je remercie Gildas Ricard qui m'a autorisé à me servir de cette photo :
Costume Glazic-Kemper.