De VIGAN Delphine / No et moi.

No et moi.
Delphine de VIGAN.
Note : 3,5 / 5.
No future!
Un roman lu dans le cadre du "Goncourt des lycéens". J'entends déjà les mauvaises langues dire que j'ai largement passé l'âge, mais ce n'est pas grave.
Une jeune fille de 13 ans au QI impressionnant, lance au hasard (et pour ne pas perdre la face dans sa classe) à son professeur qu'elle va faire un exposé sur les SDF, en interviewant une jeune fille dans la misère.
Elle rencontre No à la gare d'Austerlitz et gagne petit à petit sa confiance. Elles vont boire ensemble, se confient l'une à l'autre. Nolwen est le fruit d'un viol collectif, sa mère Suzanne avait dix sept ans. Elle a vécu chez ses grands-parents, puis à l'âge de sept ans, à la mort de sa grand-mère, elle retourne vivre avec sa mère et l'homme avec qui elle vit. Sa mère la déteste toujours, mais son compagnon est gentil avec l'enfant. Un jour lassé, il partira, laissant Suzanne qui commencera à boire. Nolwen vivra de foyers en familles d'accueil. Puis ses nombreuses fugues l'amèneront dans la rue.
Lou a par comparaison une vie plus normale, elle fut même heureuse, malgré sa maturité intellectuelle, qui la mettait un peu en dehors des jeunes de son âge. Le bonheur aurait pu être parfait, si la mort d'une petite soeur n'avait plongé sa mère dans un état de grande dépression.
Elle part pendant plusieurs années suivre des études à Nantes, dans une école spécialisée pour enfants précoces. Elle revient à Paris, cette fois dans un cycle scolaire classique, tout en étant de plusieurs années la plus jeune de la classe. Elle est amoureuse de Lucas, mais s'investit énormément vis a vis de No. Elle obtient de ses parents que No vienne vivre avec eux. La joie de vivre revient chez les Bertignac, No trouve du travail.....
Lou Bertignac, surdouée pour les études, sous-douée dans la vie courante, capable de prouesses intellectuelles, mais incapable de lacer ses chaussures. Elle souffre de solitude, pensant que sa mère ne l'aime plus. Elle est la plus jeune de la classe et n'a pas les mêmes priorités que ses camarades. Inconsciemment elle pense que No va remplir ce vide. Nolwen, enfant pour le moins non désirée, est de par ses expériences vieillie avant l'âge. Elle semble haïr sa mère, mais au moins une fois, elle éprouvera le besoin de tenter de lui parler.
Lucas Muller vit pratiquement seul, père parti au Brésil, mère qui refait sa vie. Ses parents se manifestent par des chèques, un frigo rempli et une femme de ménage qu'ils payent pour passer quelques fois par semaine.
Trois solitudes d'adolescents, à des degrés divers et à un des moments cruciaux de leur vie.
L'écriture est très agréable, facile, un livre qui se lit avec plaisir. L'auteur enfin il me semble, décrit très bien le monde des sans-abris et leurs lois non écrites. Elle rend également bien le monde de Lou, famille bourgeoise anéantie par la mort d'un enfant. Un bon livre sans lacunes flagrantes, mais sans l'étincelle qui en aurait fait un grand livre.
Extraits:
- J'étais toute petite : j'avais des petites jambes, des petites mains, des petits yeux, des petits bras, j'étais une petite chose qui ne ressemblait à rien.
- Un dimanche matin, j'ai entendu le cri de maman, un cri que je n'oublierai pas.
- Dehors, elle n'est rien d'autre qu'une proie.
- Il y a cette ville invisible, au coeur même de la ville.
- Les chiens on peut les prendre chez soi, mais pas les SDF.
- La vie en mieux ou en catastrophe, ça dépend des fois.
- Contre ça, elle ne peut rien. Pas d'adresse, pas de boulot. Elle a abandonné.
- Elle revient de territoires invisibles, et pourtant si proches de nous.
- Alors, je chasse les mots loin de moi.
- C'est ça qu'il faut que tu comprennes, je serai jamais de ta famille.
- Le problème c'est qu'elle est unique, parce que je l'ai apprivoisée.
- J'aimerais faire vingt centimètres de plus et savoir me fâcher.
Éditions : J.C.Lattès