O'BRIEN Flann / Une vie de chien
Une vie de chien.
Flann O'BRIEN.
Note :3,5/ 5.
Paddy, deux whiskys!
Livre datant de 1961 et bizarrement, c'est la première fois que je le lis.
En effet j'ai longtemps été persuadé que ce livre et "Le pleure-misère, ou la triste histoire d'une vie de chien" était un seul et même livre. Donc je vais essayer de rattraper mon erreur.
Deux frères orphelins, Manus et Finbar, sont recueillis par un oncle pas trop académique, buveur et anticléricale, truffé de rhumatismes, seuls la bière et le whiskey irlandais semblent atténuer ses douleurs. Les deux enfants grandissent dans cette famille hélas endeuillée par la mort de la tante. Comme elle aussi souffrait depuis des années et ne quittait guère sa chambre, elle est vite oubliée. Surtout qu'un vent de libéralisme souffle sur la maison. L'oncle a de mystérieuses occupations concernant le bien être de la gent féminine de l'époque. Le grand frère complote dans son coin des affaires on ne peut plus louches, pour ne pas dire plus. Et le petit frère contemple tout cela sans trop poser de questions, mais en rouspétant un peu quand sa chambre devient le débarras de son frère. Bref, dans cette Irlande très farfelue, tout semble être éternel. Mais un traitement prôné par le grand frère va briser cette routine. Pour l'oncle Collopy, il ne reste comme espoir qu'un voyage à Rome, une entrevue avec le pape et un miracle, ce qui pour lui est un comble! Les frères Manus, l'aîné, et Finbar, sont recueillis par un de leur oncle. Dans une ambiance pour le moins étrange, ils grandissent cahin-caha. Le grand est le catalyseur et le petit l'observateur ; à l'aîné, les combines qui devraient l'enrichir, les soirées aux pubs et les ivresses profondes. Sur Finbar, repose, avec l'aide d'Annie, la fille de Collopy, l'entretien de la maison et ses espoirs de revoir Pénélope, une de ses amies. L'oncle Collopy dont la distraction favorite est le bavardage avec son compère, mais néanmoins ennemi, le frère jésuite Fahrt. Leurs discussions sous-entendant un certain désaccord, masquent une grande amitié.
Moins bon que les autres livres de Flann O'Brien, certaines trouvailles sont amusantes comme donner des cours de funambulisme par correspondance. Mais certains dialogues sont très longs et n'apportent pas grand chose à l'histoire. Les querelles religieuses sur le rôle des Jésuites, entre l'oncle Collopy et le père Fahrt, qui ne sont pour eux que prétexte à boire, nous saoulent vite, mais sans le plaisir de boire. Une impression très mitigée, que l'on est loin de la verve du grand Flann O'Brien.
Une bizarrerie de ce livre, les enfants vont à l'école de la rue Synge, alors que normalement l'histoire se termine en 1910 ; donc l'Irlande était encore sous tutelle britannique, et Synge est mort depuis à peine un an!Extraits :
- Il croit que le lait est du poison, exactement comme vous, vous pensez qu'une goutte de bière, c'est du poison.
- Bien entendu ce récipient était opaque et par conséquent mystérieux ; on ne savait jamais quelle quantité de liquide il contenait, ni combien Mr.Collopy en avait bu.
- Vous avez bien dit "humbles" mon Père? Un Jésuite humble autant dire que c'est un chien sans queue ou une femme sans jupon.
- Ce ne serait pas la première fois que dans ce pays, quelqu'un irait en prison pour défendre un idéal.
- Tu es le plus ignoble et le plus malhonnête des beaux parleurs d'Irlande, ça c'est sûr.
- Dès qu'il fut sorti, je m'en allais moi aussi. Car j'avais rendez vous avec le Destin- et avec Pénélope.
- Car les Jésuites c'est quelquefois une police encore plus fortiche que les uniformes bleus.
- Sur l'étiquette, le terme "cuillère à s." voulait dire cuillère à sirop et non pas cuillère à soupe.
- "Le Pape": Comment se porte votre cher pays, notre Irlande bien aimée?"
"Collopy": Comme ci comme ça, très Saint Père. Les Anglais y sont toujours".
Éditions : NRF. Gallimard. (1972)
Titre original: The hard life.
J'ai mis la couverture d'une édition anglaise, car elle est plus amusante que celle de chez Gallimard.
Autres chroniques de cet auteur :
Le Pleure-Misère.
La kermesse irlandaise.
Dublinoiseries