HIGGINS Aidan / Ma chienne d'Irlande
Ma chienne d'Irlande.
Aidan HIGGINS
Note : 3,5 / 5.
Souvenirs, souvenirs!
Déjà le sous titre parle de lui même "Souvenirs d'une vie sous forme d'histoire racontée", la suite de ce livre est "Les années de chien".
Higgins est né en 1927. Ce livre parle de la jeunesse d'un enfant du comté de Kildare à son retour en Irlande des années plus tard.
La vie à la campagne avec ses frères et les voisins, les fils Keegan, qui aident aux travaux de la ferme. L'école, et la religion avec tous ses interdits. Les bêtises de gamins pleins de vie. La famille Higgins est plutôt aisée, les Keegan, non, mais pour l'amitié, pas de problèmes. Une mère érudite qui a lu Kate O'Brien, George Moore, Olivier Saint John Gogarty, Frank O'Connor et Brinsley MacNamarra pour les irlandais, Huxley, Stephan Sweig, Somersset Maugham etc.. Ce qui permet à l'auteur quelques réflexions acerbes sur les écrivains irlandais de l'époque.
Ce mélange, campagne irlandaise et culture familiale, donne un cachet particulier à une enfance, mi-sérieuse, mi-nomade, mais aussi une enfance avec les ségrégations protestants-catholiques. Puis vient le départ pour Killashee et la fin de l'enfance.
Alors comme tout irlandais de ces années-là, vient le temps de l'exil, à qui la seconde partie du livre est consacrée, l'Angleterre, mais Higgins ayant épousé une marionnettiste, le voyage durera des années, entre l'Afrique du Sud, l'Espagne et l'Allemagne.
La famille est tout un poème : Mumu, lectrice vorace ; Dado (le Dad) esprit un peu rebelle, refusant d'acheter sa licence pour conduire. Les frères, nommés dans le livre, le Dodo, le Dote, ne laissant pas leur part aux chiens pour aider aux bêtises.
Une bonne dose d'humour pour nous relater l'enfance dans cette famille dont on aurait bien aimé faire partie. Il suffit de regarder la photo de la couverture pour se douter que derrière une façade honorable, se cache une fantaisie débridée.
Le style d'écriture est ce que j'appellerai saccadée, pleine de très courts chapitres (44) sautant du coq à l'âne, des scènettes collées l'une après l'autre. Mais j'ai trouvé ce livre trop long et l'écriture d'Higgins n'est pas des plus faciles.
Extraits :
- La maison de campagne du Hollandais Vanhomrigh, intendant du général Ginkel du côté des vainqueurs à la bataille de la Boyne, une défaite qui coûta cher.
- Il était fatigué du chloroforme celtique et Dev (de Valera) ne l'intéressait pas du tout : "Le croisement d'un cadavre et d'un cormoran".
- Il est interdit à Molly Cushen, dont la jupe de gym est trop courte de sauter à la corde.
- Je m'étais cru intelligent, et je n'étais que malin. Mumu me jeta un regard tout à fait méprisant.
- "J'ai tenté ma chance avec le docteur Chance, dit le Browsy avec un lourd soupir. C'était pas un bon choix.
- Le portail hurlait de manière impérialiste : "Tirez-vous sales catholiques- ici vous êtes en terre protestante! Faites attention".
- Mumu, elle-même lectrice vorace, avait fait du Dote et de moi des dévoreurs de livres.
- Sur la berge de la Liffey, une main rebelle avait peint une inscription en lettres majuscules qui dégoulinaient "A Bas la classe dirigeante irlandaise, ces laquais et fesses-mathieux de l'impérialisme anglais!"
- Behan, évidemment, porta la notion de l'irlandais de service jusqu'à sa conclusion logique ; incohérence titubante et furieux jurons se terminant par des crises de vomissements.
- Les Irlandais vivaient de nouveau en Irlande, le flot migratoire avait cessé pour l'instant.
Éditions :Anatolia/ Le Rocher.
Titre original:Donkey's Years, Memories of a life as story told.