DURRENMATT Friedrich / Le juge et son bourreau
Le juge et son bourreau.
Friedrich DURRENMATT.
Note : 4,5 / 5.
Echec et mate.
J'avais beaucoup aimé "La promesse" le premier livre de cet auteur que je lisais, donc je recommence avec celui-ci. Qui date de 1952 et ne comprend que 124 pages.
Quand Alphonse Clénin voit un homme qui paraît endormi dans une Mercedes, il ne se doute pas qu'il vient de trouver le cadavre d'Ulrich Schmied, lieutenant de police à Berne!
Celui-ci a été abattu d'une balle dans la tête sur une route déserte.
Chose encore plus étrange, il était en smoking! Où allait-il?
Berlach, supérieur hiérarchique du mort, prend l'enquête en main, et se fait aider par Tschanz, un collègue du défunt. Le mort avait rendez-vous plusieurs soirs avec une personne nommée G.
Ce dénommé G, c'est Gastman, écrivain et aventurier, sa richesse lui permet de côtoyer les notables des environs, et d'être presque aux dessus des lois.
Il faut éviter de froisser la susceptibilité des notables qui, ce jour-là chez Gastman, écoutaient un concert de piano, en plus le policier n'était pas en mission et utilisait une fausse identité. Ces récitals de musique classique ne cachaient-ils pas autre chose dans ce petit village éloigné de tout?
Berlach est un vieux de la vieille, sa santé se dégrade, il faut dire qu'il ne se prive de rien. Vodkas, cigares et plaisirs de la table sont pour lui un art de vivre. Son espérance de vie, s'il accepte de se faire opérer, est au mieux d'un an. Il lui reste une dernière tâche à accomplir avant.
Son supérieur, Lutz, revenant d'un séjour aux Etats-Unis ne jure que par la police scientifique et surtout tente de calmer les plaintes venant des autorités. Tschanz, était l'adjoint de Schmied, Berlach veut son aide pour l'enquête, entre le jeune loup et le vieux renard, l'entente semble cordiale. Mais qui est réellement Gastman? Il semblerait qu'il y ait un contentieux et des souvenirs communs entre Berlach et lui, en plus sa vie est entourée de mystères.
Une écriture habile et une intrigue à suspens, l'envie et la jalousie, ou la vengeance, à moins que ce ne soit des affaires de très gros sous mêlées a des ventes de matières prohibées à un pays sur liste noire? Ou encore autres choses, Durrenmatt nous offre toutes les possibilités pour expliquer ce crime.
Un très bon roman et un auteur qui me plaît de plus en plus avec pour changer le Jura Suisse en toile de fond.
Extraits :
- Voilà ce que je veux dire, Lamboing, c'est le nom ignoré d'un village que personne ne connaît.
- Séparatiste jurassien, je suppose?
- Il vaut d'ailleurs mieux pour l'honneur de la Suisse que cet homme ait été un espion à la solde de l'étranger, plutôt qu'un oeil de la police d'état.
- Quelqu'un qui reste au dessus de tout soupçon, insista le magistrat.
- Les écrivains n'ont jamais aimé la police, c'est un fait.
- En outre, à mon âge, malade comme je le suis, je ne souhaite plus que le repos. On ne m'y reprendra plus à lutter contre le cours des choses.
- Il voulait le confondre, mais uniquement à titre personnel, et c'est cette faute-là qu'il a payé de sa vie.
- Et maintenant qu'il était là, gisant dans la grisaille, anonyme et fini, il ne restait plus au vieux commissaire qu'à tirer le rideau.
Éditions : Le livre de poche/ Biblio.
Titre original: Der richter and Sein Henker (Allemand).
Autre chronique de cet auteur :
La promesse