GLENMOR / La férule
La férule.
GLENMOR.
Note: 4 / 5.
L'après Mai.
Aussi étrange que cela puisse paraître, c'est le premier livre de Glenmor que je lis. Chantre de la Bretagne, chanteur engagé, c'est la face la plus connue de cet artiste complet, il a pourtant écrit plusieurs romans que je découvre maintenant.
Suite à des vacances en famille à Nizon, le narrateur revoit sa vie : la Bretagne de sa jeunesse, son amour de l'époque, son départ pour le service militaire, et son installation définitive dans la capitale.
Rentrant à Paris, il retrouve Colette Grandpierre, sa maîtresse. Leurs relations sont pour Tremeur une joie et une énigme, jusqu'au jour où elle lui propose de l'accompagner, elle et deux jeunes patineuses à Lausanne pour une compétition. Il fait donc la connaissance de Brigitte, jeune fille de 18 ans, avec qui il semble vivre un amour fou en ce printemps 1968. Elle abandonne le patinage et se sent libérée de toute tutelle, le mois de mai 1968 aidant. Mais certaines convenances et la différence d'âge ne vont pas sans poser de problèmes à la mère de Brigitte, qui ne voit pas cette relation d'un bon oeil, femme divorcée et très à l'aise financièrement. Et soudain le passé ressurgit !
Tremeur Rozig, homme arrivé dans la vie, possédant une Mercedes, ce qui pour ses parents commerçants, retraités de Nizon est un signe évident de réussite. Sa liaison amoureuse avec Colette est pleine de hauts et de bas ; de folles étreintes en absences prolongées qui lui font douter de sa fidélité.
La venue dans sa vie de Brigitte semble lui donner une stabilité nouvelle, en ce printemps 1968 où tous les espoirs et toutes les libertés sont permis.
L'écriture m'a surpris, très précise et apaisée, bien loin de la violence de certaines de ses chansons. J'avais des sentiments très mitigés pendant la lecture de ce livre, très bien écrit, parlant d'un monde : une certaine bourgeoisie parisienne, ce qui me surprend de la part de l'auteur. Mais au final, j'ai bien apprécié.
J'ai beaucoup aimé une forme d'auto-dérision quand Glenmor fait dire à son héros :
-Après deux jours de fortes libations dans les tavernes de Pont-Aven et surtout à l'hôtel de la Poste en compagnie d'un Glenmor braillard et vociférant, d'un Huart aux sereines alcoolémies, d'un Grall teigneux et maigrichon, je décidais d'écourter mon séjour et de reprendre le collier-.
On sent du vécu dans cette phrase, Pont-Aven étant un haut lieu de la vie de Xavier Grall.
Une petite remarque vacharde quand même :
-A réentendre aujourd'hui leurs déclarations péremptoires d'alors, on peut se demander comment un aréopage de pareils imbéciles a pu tenir le pouvoir pendant vingt ans. Il est vrai qu'un "peuple de veaux" se mène à l'aiguillon et, pour le manier, il suffit de s'adjoindre des maîtres de chiourme-.
Extraits :
-Rare ceux qui, en ces temps scientistes et technocratiques, acceptent un demain qu'ils n'ont prévu, ni programmé.
-J'eus cependant une belle récompense en découvrant la nostalgie. Les souvenirs revinrent à flot au gré de mes pas.
-Il est donné à tout un chacun, au moins une fois ou deux dans sa vie, de voir un être venu de je ne sais quel autre monde échouer sur les rives du sien.
- Les dix-huit ans de la belle remettaient les pendules à l'heure, la mienne hélas était à l'heure de l'automne.
-Tous les personnages de la tragédie étaient en place et, si certains ne tenaient pas encore la scène, ils attendaient dans la coulisse.
-Quand nous entrâmes dans la "Gloire de Mai", comme le dira plus tard Xavier Grall, il faisait beau.
-Pour la première fois de ma vie je réalisais qu'au lieu de voyager à mon habitude, je m'exilais.
Editions : Coop Breizh.
Je remercie chaleureusement "Glenmor An Distro"
pour l'aide qu'ils m'ont apporté. Et je vous invite à visiter leur site consacré à Glenmor.